Les conditions de détention des mineurs au Burundi se sont améliorées. Cependant, la nécessité de se mettre à quatre pour préparer leur resocialisation s’impose
Le régime de détention des mineurs en conflit avec la loi doit être orienté vers la resocialisation avec une large place accordée à l’éducation
La prison, en tant qu’univers global et hostile, n’est pas le lieu de vie le plus accueillant que l’on pourrait imaginer pour des mineurs délinquants dont les parcours de vie, bien souvent semés d’embûches, ne les ont pas épargnés. Le Burundi est un peu avancé par rapport à cette question car il respecte les normes internationales qui prônent la séparation des mineurs des adultes. Aujourd’hui, on dispose de trois centres de détention des mineurs en conflits avec la loi à savoir : Ruyigi, Rumonge et un quartier pour filles mineures dans la prison femme de Ngozi.
Mais dans ces centres, leur prise en chargeur psychologique en vue de les préparer à une réintégration certaine n’est pas suffisante. La plupart des mineurs détenus sont obligés d’abandonner l’école après leur libération parce qu’il n’y a pas d’école dans ces centres. Des défis majeurs à surmonter.
L’éducation n’y est pas dispensée
A côté d’autres obligations mises à la charge de l’administration pénitentiaire, garantir à tous les mineurs détenus le respect des droits fondamentaux reconnus à l’enfant est primordial. Cela étant, dans les trois centres ci-haut cités, il n’y a pas d’écoles. Le droit à l’éducation est ainsi bafoué (Cfr les articles 28 et 29 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) et l’article 26 de la déclaration universelle des droits de l’homme). Si les mots d’ordre du droit pénal des mineurs sont éducation et répression, ceux du droit pénitentiaire du mineur, qui inclut par nature la répression, sont protection et éducation.
David Ninganza, directeur du centre de protection de l’enfant à la Solidarité de la Jeunesse chrétienne pour la Paix et l’Enfance (SOJPAE) tire la sonne une sonnette d’alarme : « La majorité de ces enfants étaient à l’école fondamentale ou post-fondamentale.
C’est-à-dire qu’il fallait implanter les écoles comme dans d’autres centres à l’instar de ceux des réfugiés pour que ces enfants, une fois libérés, bénéficient d’une éducation comme tous les autres enfants ». Ce défenseur des droits de l’enfant justifie cela par le fait qu’après leur libération, la plupart de ces mineurs ont déjà dépassé l’âge de retourner à l’école, du moins dans la classe où ils étaient.
Le régime de détention est orienté vers la resocialisation avec une large place accordée à l’éducation. « En principe, la réintégration complète suppose que l’enfant retourne à l’école avec un âge encore passable », lance Ninganza.
« Nous comptons collaborer avec le ministère de l’éducation pour qu’on puisse voir comment intégrer le système éducatif dans ces centres », rassure Gervais Hajayandi, directeur général des affaires pénitentiaires (DGAP).
Un besoin pressant d’une assistance psychologique
Eloignés de leurs provinces d’origine et privés d’affection parentale, ces mineurs qui vivent dans des centres de rééducation dépriment. Ces enfants vivent loin de leurs familles. Ils reçoivent difficilement des visites de leurs proches. « Il faut que dans ces centres soient affectés des psychologues, des assistants sociaux spécialisés dans l’encadrement des enfants », prône David Ninganza. Un avis partagé par le directeur général des affaires pénitentiaires. Cependant, ce dernier annonce que ce personnel qualifié ne tenant pas compte de la logique, mais de la philosophie de ces centres est insuffisant. Cela fait qu’après avoir purgé leurs peines, l’idée de se remettre dans le droit chemin est loin de la réalité. « La réinsertion se prépare avant la libération », explique NinganzaAu-delà de ces centres de rééducation, il y a la préparation du milieu d’origine. David Ninganza nous en explique : « Ces enfants nécessitent une réintégration socio-familiale mais cette réintégration se prépare avant la libération. L’enfant a commis un forfait au sein de la communauté. Il a des comptes à rendre. Il faut que le terrain soit préparé pour que l’enfant ne soit pas victime de sa libération. Il y a des enfants qui préfèrent rester à la prison parce qu’ils craignent pour leur nouvelle vie ».
Cependant, il y a un ouf de soulagement depuis que certaines organisations telles que Terre des Hommes, fondation Stamm… dispensent des programmes de formation dans ces centres. Odile Nduwingoma, chargée du programme «Protection» de la fondation Stamm parle d’un bilan positif, mais ajoute que des efforts restent à consentir.
« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde », disait Nelson Mandela. Ces mineurs sont eux aussi l’avenir du pays et assurer leur éducation est dans l’intérêt de toute la nation. Et C’est en leur offrant une nouvelle possibilité d’être utile pour eux-mêmes et pour la société que le passé ne sera qu’un mauvais souvenir pour eux. Parce que comme le disait toujours Mandela : « C’est en revenant à un endroit où rien n’a bougé qu’on réalise le mieux à quel point on a changé ».