Site icon Burundi Eco

Le développement va de pair avec la maîtrise de la croissance démographique

Le Burundi fait partie des pays qui font face à une démographie galopante. Au moment où la population burundaise avoisine actuellement 12 millions d’habitants, elle pourrait se retrouver entre 18 millions et 22 millions d’habitants d’ici 2050, selon les estimations de l’ISTEEBU. Pour le Pr Léonce Ndikumana, le développement va de pair avec la maitrise de la croissance démographique. « On ne peut pas obliger aux femmes d’avoir deux enfants » 

La gestion de la démographie galopante est une préoccupation des décideurs politiques. Selon les données de l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) de 2016, la population du Burundi estimée à 2,9 millions en 1962 est passée mi-2015 à 10,933 millions d’habitants et à 11,215 millions d’habitants mi-2016. Selon toujours l’ISTEEBU, plus de 90% de cette population vivent en milieu rural.  La densité de la population burundaise qui est la 3ème densité la plus élevée d’Afrique après celle du Rwanda et de l’ile Maurice, est était de 403 habitants au km² en 2016 soit près du quadruple de celle de 1962 qui était de 113 habitants au km². Pour l’ISTEEBU, si la population burundaise a été multipliée par 4, la population rurale l’aurait été par 3,5 et la population urbaine par 236.

Prof Léonce Ndikumana : « Avec le développement économique, le changement des mentalités, l’éducation des femmes, l’emploi des femmes, le taux de fécondité va commencer à diminuer ».

Un des piliers de la vision « Burundi 2025 »

La maîtrise de la croissance démographique constitue un défi majeur que la vision «Burundi 2025» se propose de relever. La vision «Burundi 2025» proposait de mettre en place des politiques appropriées pour réduire, à terme, la croissance démographique et en même temps promouvoir l’urbanisation, permettant ainsi de déplacer une grande partie des jeunes des campagnes vers les villes afin de libérer les terres agricoles. Des actions d’accompagnement auraient été entreprises pour préparer ces jeunes à exercer des métiers non agricoles en ville, notamment par le biais du système de formation technique et professionnelle. Relever ce défi permettra d’une part la maîtrise de la croissance démographique, la production des surplus agricoles susceptibles d’être transformés et de fournir des revenus monétaires aux paysans tout en contribuant à la lutte contre la pauvreté.

La croissance rapide de la population du Burundi est la conséquence du maintien sur une période exceptionnellement longue d’une fécondité élevée et de la baisse de la mortalité. Selon les Nations Unies, la fécondité a atteint son paroxysme (7,6 enfants par femme) à la fin des années 1980 et entamé ensuite une diminution lente conduisant à une moyenne de 6,1 enfants par femme pour la période 2010-2015. La fécondité est donc restée supérieure à 7 enfants par femme jusqu’à la fin des années 1990 et à 6 enfants par femme jusqu’à tout récemment. Ces données classent le Burundi parmi les sept pays du monde, tous situés en Afrique subsaharienne, ayant au début des années 2010 plus de 6 enfants par femme et dont la transition de la fécondité est très lente ou à peine amorcée.

« Ce n’est pas quelque chose qu’on change par la législation »

Selon Pr Léonce Ndikumana, c’est normal que la pression démographique augmente dans les pays en voie de développement. Selon lui, avec l’amélioration de la santé de la population, le taux de mortalité diminue pendant que le taux de fécondité est encore élevé. Pour Prof Ndikumana, c’est le développement qui entraîne la réduction de la fertilité. Quand les femmes ont du boulot, lorsqu’elles doivent se présenter aux bureaux pour travailler, aller en missions, elles décident de limiter les naissances. « Ce n’est pas quelque chose qu’on change par la législation. On ne peut pas obliger aux femmes d’avoir deux enfants », fait-il savoir.

« Avec le développement économique, le changement des mentalités, l’éducation des femmes, l’emploi des femmes, le taux de fécondité va commencer à diminuer non pas parce que les femmes n’aiment pas les enfants, mais parce que le coût de l’enfant est élevé », explique-t-il. Et d’ajouter : « Si vous êtes aux USA, le coût de l’enfant est plus élevé par rapport au coût de l’enfant au Burundi. Le ménage aux USA va réfléchir s’il va avoir un troisième enfant parce qu’il n’y a pas de bonnes, de grooms, de chauffeurs », fait-il savoir. Pour cela, il n’y aura pas de sensibilisation à limiter les naissances. Vous devez vous même prendre la décision de limiter les naissances parce que les enfants deviennent une charge, insiste Pr Léonce Ndikumana.

Les données de l’ISTEEBU montrent que l’espérance de vie à la naissance au Burundi est passée de 42 ans au début des années 1960 à 58 ans en 2016.

Quitter la version mobile