Les outils numériques sont désormais incontournables pour favoriser les liens commerciaux en Afrique. Toutefois, des défis subsistent, tels que la lenteur des connexions Internet, des cadres réglementaires médiocres, des problèmes de convertibilité des devises et une volatilité économique importante. Ces points ont été abordés lors d’un atelier de sensibilisation sur l’exportation vers la ZLECAF à l’aide d’outils numériques, organisé pour 50 PME par l’EABC les 5 et 6 septembre 2024 à Bujumbura
« J’ai passé des commandes par téléphone, malheureusement, la qualité des produits reçus n’était pas celle attendue », regrette Séraphine Ndayirorere, membre de l’Association des Femmes Entrepreneurs du Burundi (AFAB).
Dans le même ordre d’idées, Egide Niyonsaba, conseiller des PME au Centre d’Etude de Gestion des Affaires (CEGAF), explique que les défis du commerce en ligne sont liés aux problèmes d’entrepôts, à l’instabilité des coûts des produits, aux procédures douanières peu claires et au recours aux commissionnaires. Ce qui impacte les coûts.
A ces défis s’ajoutent ceux liés aux normes et à l’étiquetage, à la certification des produits, aux barrières non tarifaires…
L’inévitable digitalisation commerciale
Selon Amélie Ningaza, directrice du conseil d’administration du Conseil des Affaires de la Communauté Est-Africaine (East African Business Council : EABC), l’adoption élevée du commerce électronique a facilité les affaires dans la région de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE). Cela a notamment créé un environnement propice à la croissance des Petits et Moyennes Entreprises (PME), essentielles au développement économique régional par leur rôle dans la production, la création d’emplois et les exportations.
« La vente via des plateformes en ligne a réduit le besoin de locaux physiques et de licences connexes, diminuant ainsi les coûts d’exploitation tels que le loyer et les salaires », précise-t-elle. Elle ajoute que de nombreuses opportunités ont été créées grâce aux emplois en ligne, favorisant une culture du télétravail, surtout chez les jeunes.
Mme Ningaza souligne également que ces développements ont été renforcés par des technologies de transfert d’argent mobile très efficaces. Ces technologies ont facilité le règlement des paiements pour les transactions. L’interopérabilité bancaire mobile, c’est-à-dire le transfert d’argent inter-réseaux, devrait apporter plus d’efficacité au système. Les applications de prêt mobile, offrant des prêts à partir de seulement 10 USD ont fourni des solutions de crédit abordables aux petits commerçants non bancarisés.
Economiquement, l’émergence de la numérisation a eu un effet positif en créant des emplois dans des domaines tels que le développement de logiciels, les services Internet, les fournisseurs de données, ainsi que les techniciens de logiciels et de matériel. D’autres postes de soutien, tels que les livreurs ont également été créés.
Malgré ces avantages, Mme Ningaza regrette que les cadres réglementaires médiocres pour le commerce électronique, les problèmes de convertibilité des devises et la volatilité empêchent les PME de tirer pleinement parti des outils numériques pour le commerce transfrontalier.
Encourager les PME à adopter les technologies pour réduire les coûts de production
Hon. Jean Samandari, secrétaire général de l’Association des commerçants du Burundi (ACOBU) rappelle que la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAF) englobe 55 pays avec une population projetée de 1,7 milliard d’habitants d’ici 2030 et contribue à un PIB combiné de 3,4 billions de dollars.
« Les gouvernements doivent améliorer les infrastructures et encourager les PME à adopter la technologie pour réduire leurs coûts », exhorte-t-il tout en soulignant que l’Afrique ne représente qu’environ 2 % du commerce mondial, et que seulement 17 % des exportations africaines sont intracontinentales.
Pour lui, la ZLECAF vise à augmenter considérablement ces chiffres. Il a appelé le gouvernement à finaliser les accords en suspens de la ZLECAF sur le règlement des différends, les offres tarifaires, les règles d’origine, les services et les droits de propriété intellectuelle.
Jacques Rusengo, directeur général du commerce au ministère du Commerce, des Transports, de l’Industrie et du Tourisme a déclaré l’importance d’éduquer les jeunes et les femmes sur les opportunités offertes par les accords commerciaux.
« Ceux-ci représentent plus de 60 % de la population burundaise. Il est crucial de les sensibiliser aux opportunités offertes par les accords commerciaux », a-t-il affirmé avant d’insister sur la nécessité de supprimer les barrières non tarifaires (BNT) pour stimuler le commerce. Il a également noté la nécessité d’une forte volonté politique pour harmoniser les politiques et les cadres juridiques afin de faciliter le commerce transfrontalier.