Lors des célébrations de la Journée internationale du travail organisées à Bujumbura le 1er mai 2025, le président Evariste Ndayishimiye a surpris l’auditoire par un discours virulent à l’encontre du Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité (BBN). Il l’a accusé de graves manquements dans l’exécution de ses tâches jusqu’à lui attribuer une « médaille de la honte », un acte symbolique rare, mais fort de sens.
Le président de la République Evariste Ndayishimiye n’a pas mâché ses mots. Selon lui, certaines pratiques au sein du Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité BBN relèvent du chantage pur et simple. (Photo : Ntare House)
« Le BBN était présent dans le défilé et paraissait réjoui, mais ailleurs, d’autres citoyens pleuraient à cause des désagréments leur causés par de cette institution », a-t-il lancé devant les travailleurs réunis au stade Intwari dans la ville de Bujumbura. Il a ensuite évoqué le cas précis d’un jeune entrepreneur burundais ayant vu ses produits refusés par le BBN au motif qu’ils ne remplissaient pas les standards requis. « Imaginez, ce jeune a eu une initiative louable : il a apporté ses produits au BBN pour analyse. On lui a refusé la certification. Mais plus tard, il est allé au Canada et il a obtenu un certificat qui atteste que ses produits sont excellents. » Fustigeant l’attitude du BBN, le président a exprimé son indignation : « Aujourd’hui, le jeune entrepreneur exporte vers le Canada et les Etats-Unis, au moment où BBN, ici chez nous, continue à bloquer son dossier. Est-ce que BBN a plus d’expertise que les Canadiens ? Pourquoi cela ? Sans doute à cause de la corruption. »
Le président Ndayishimiye n’a pas mâché ses mots. Selon lui, certaines pratiques au sein du BBN relèvent du chantage pur et simple. « Ils attendaient que ce jeune entrepreneur leur donne des pots-de-vin, en vain. Pourtant, ses produits ont été certifiés ailleurs. Ici, on lui dit qu’ils ne sont pas de qualité. Ce n’est pas seulement incompréhensible, c’est honteux. »
BBN toujours dans le viseur du Président de la République
Poursuivant sur le même ton, le président Ndayishimiye a élargi sa dénonciation à d’autres cas de favoritisme au sein du BBN. Il a évoqué la situation d’un commerçant lésé dans l’importation des marchandises en raison d’une concurrence protégée par des connivences internes. « Un commerçant a importé des produits, puis on a refusé à un autre d’introduire les mêmes articles, sous prétexte qu’ils ne répondent pas aux critères requis. Pourtant, après enquête personnelle, il a été démontré que les deux lots étaient identiques. Que cache cette incohérence si ce n’est encore une fois la corruption ? », se demande le président de la République
Evoquant la gravité de ces comportements, il a martelé : « Des commerçants soudoient des agents du BBN pour être les seuls à vendre un produit donné. Cela fait reculer l’économie, détruit la concurrence et étouffe l’innovation. »
BBN porte la médaille de la honte !
Devant tous les salariés présents au stade, dont les employés du BBN, le président a lancé une salve directe : « Vous étiez là dans le défilé. Vous étiez bien habillés, fiers même. Mais moi, je vous le dis, vous portez la médaille de la honte. Vous avez trahi votre mission. Au lieu d’accompagner les entrepreneurs, vous les sabotez. » Il a ensuite appelé à une réforme urgente des pratiques internes du BBN : « Commencez à travailler 16 heures par jour ! Et lorsqu’un citoyen vous apporte un produit pour analyse, vous devez lui donner une réponse dans un délai maximum de trois jours. C’est ça, servir le pays. »
Cette allocution sans filtre, applaudi par l’assistance, s’inscrit dans une série d’interventions de plus en plus fréquentes du chef de l’Etat contre les dérives administratives et la corruption. Il confirme aussi la volonté d’instaurer une culture de redevabilité dans les services publics. Si les responsables du BBN ne se sont pas encore exprimés publiquement après cette déclaration, c’est que l’impact de ces paroles est déjà notable. Dans les milieux d’affaires comme sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens saluent ce coup de poing présidentiel contre une bureaucratie jugée paralysante.