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La diversification des exportations, un impératif pour redresser l’économie

Les échanges commerciaux entre le Burundi et le reste du monde sont dominés par les importations des produits et services. La valeur des exportations est très faible par rapport aux besoins en importation. Ce qui exerce une pression accrue sur le marché de change. Le portail d’informations commerciales du Burundi explore quelques pistes pour booster les exportations des produits domestiques   

D’après les données de  la Banque Mondiale, le  commerce extérieur représentait 42% du PIB du Burundi en 2019. L’or, le café et le thé représentent les principaux produits d’exportation. En 2019, l’or et les autres minerais ont rapporté près de 150 millions USD à l’économie nationale. A la même période, le pays a enregistré plus de 80 millions USD issues de l’exportation du café, du thé et de la farine de blé.

Par contre, le pays a dépensé 878 millions USD dans les importations. On a importé le pétrole raffiné pour 149 millions USD, le ciment pour 36 millions USD et les produits pharmaceutiques qui représentent 5% du total des importations pour44,5 millions USD. Paradoxalement, le pays importe également les produits agricoles qui se retrouvent sur le marché. A titre illustratif, le pays a importé les grains de riz pour 15,4 millions USD et le sucre d’une valeur de 30 millions USD. Le blé importé a coûté au pays  plus de 18 millions USD. D’après la Banque Mondiale, la balance commerciale du Burundi est structurellement négative, une tendance qui devrait se poursuivre dans les années à venir. Cette situation est principalement due aux importations de produits manufacturés et du pétrole, à la faiblesse du secteur manufacturier et à un manque de diversité dans le secteur tertiaire.

L’exportation est indispensable pour sortir le pays de la crise économique qui risque de perdurer avec la suspension des activités minières depuis bientôt trois mois.

Les cours de change s’envolent

Parallèlement, l’instabilité du marché de change ne favorise pas l’activité commerciale. Il importe de signaler que le dollar américain se négociait à 78,75 FBu en 1973. En vue de corriger les distorsions causées par le système de taux de change multiple, il fut instauré un marché aux enchères des devises. Les participants à ce marché sont la BRB qui vend et les banques commerciales et les bureaux de change qui achètent. Au démarrage de ce marché, le 4 juillet 2000, le taux de change est passé de 653,2 FBu à 753,7 FBu pour 1 USD. Depuis la mise en place de ce marché, le taux du BIF a fluctué s’établissant à 720,7 ; 830,4 ; 930, 8 et 1 082,6 pour 1 USD respectivement à fin 2000, 2001, 2002 & 2003.

Les importateurs des produits peinent à trouver les devises qui se raréfient sur le marché. Sur le marché noir, le billet vert frôle la barre de 3 000 FBu l’unité. Lors d’un dîner d’affaire organisé par l’Association des Commerçants du Burundi (ACOBU) en collaboration avec l’« East African Business Council » (EABC) dans la soirée de mercredi le 25 août 2021, Antoine Muzaneza, président de l’ACOBU et représentant de l’EABC au Burundi fait savoir que les commerçants qui s’approvisionnaient en Ouganda ou au Kenya ne s’y rendent plus actuellement suite au manque de devises. Sans toutefois s’appesantir sur les conséquences liées au manque de devises, le taux de change demeure un indicateur macroéconomique important qui renseigne sur la situation économique du pays. L’exportation est indispensable pour sortir le pays de cette crise économique qui risque de perdurer avec la suspension des activités minières depuis bientôt trois mois.

Comment tirer profit de l’intégration régionale ?

Le Burundi est membre de plusieurs organisations commerciales et blocs régionaux. Ce sont notamment, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est. Très récemment, le Burundi a ratifié l’accord portant mise en place de la Zone de Libre-Echange Continentale (ZLECAf).

D’après une étude réalisée sur les retombées économiques de la ZLECAf pour le Burundi,  la libéralisation des droits de douanes sur le commerce des marchandises va stimuler les exportations du Burundi vers de nouveaux marchés dont le Mali, le Mozambique, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire… En revanche, les résultats de l’étude susmentionnée prédisent une chute des exportations burundaises vers les pays de la sous-région. Cependant, le Burundi peut profiter de l’intégration de la RDC dans la CAE pour accroître les échanges commerciaux avec la région Est de ce pays. Les opérateurs  économiques doivent saisir la balle au bond pour créer des filiales en RDC afin de faciliter l’exportation des produits manufacturés (jus, eau minérale, boissons maltées, etc.) et des services (banques commerciales, imprimeries, services de vente en ligne, etc.) pour générer les devises.

Vers l’accroissement des recettes d’exportation

Pour le cas du Burundi, avec la mise en place de la ZLECAf, l’augmentation des exportations du secteur manufacturier sera très prononcée avec des meubles en bois, les articles ménagers en fer ou en acier et des produits animaliers tels que les abats comestibles congelés qui constitueront la plus forte hausse des exportations intra-africaines. D’autres produits potentiellement exportables sont les habits et accessoires de vêtements, les peintures, les équipements électriques, les poissons, les fruits. D’ici la fin de l’année prochaine, l’aéroport international Melchior Ndadaye aura des équipements pour faciliter l’exportation des produits périssables dont les fruits, les légumes et les poissons frais.

Le gouvernement vient de se doter  d’un portail d’Informations Commerciales du Burundi accessible via le site https://info.commerce.bi . Cette plateforme mise en place dans le cadre du programme MARKUP financé par l’Union Européenne et à l’assistance technique du Centre du Commerce International fournit des informations sur les procédures d’exportation de A à Z. Elle relate dans les moindres détails la manière dont on peut obtenir les documents exigés pour exporter les produits domestiques (l’attestation fiscale pour exportation, le certificat phytosanitaire, le certificat d’origine, la déclaration d’exportation) ainsi que l’enregistrement avant l’expédition des marchandises.

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