Site icon Burundi Eco

Donathe Nizigiyimana résiste malgré les lamentations de ses collègues masculins

Pionnière d’une centaine d’associations collinaires d’épargne et de crédit dans la commune Mpanda, province de Bubanza, certains hommes ne comprennent pas comment Donathe Nizigiyimana les dirige. Ils lui reprochent d’être femme et d’avoir un niveau bas d’études. Ce qui ne la décourage pas

Donathe Nizigiyimana, habitant la colline Bugenge de la commune Mpanda, province de Bubanza : « En plus d’être président d’une centaine d’associations collinaires d’épargne et de crédit, je suis un agent de santé communautaire ».

« Je suis présidente des associations villageoises d’épargne et de crédit basées sur 15 collines composant la commune Mpanda de la province de Bubanza », précise Donathe Nizigiyimana, une quadragénaire, mère de 5 enfants habitant la colline Bugenge de la commune Mpanda dans la province de Bubanza.

Selon elle, sur chaque colline, il existe 16 associations villageoises d’épargne et de crédit, soit 10 associations pour les femmes, 3 pour les hommes et 3 pour les jeunes. Au minimum, indique-t-elle, chaque association est composée par 25 personnes.

Mme Nizigiyimana fait remarquer qu’elle a commencé à participer à la création les associations collinaires d’épargne et de crédit en 2007. Cela grâce à des formations qu’elle a bénéficié de la part du programme dénommé « Gender Equality and Women’s Empowerment Programme, GEWEP III » de Care International Burundi. Un programme qui plaide pour l’égalité des genres et l’autonomisation de la femme.

« J’ai été élue présidente alors d’une centaine d’associations collinaires d’épargne et de crédit en 2019 », informe-t-elle avant de déplorer que parmi les défis rencontrés figurent les hommes qui la méprisent. Les raisons avancées par ces hommes sont qu’elle est une femme ayant un niveau bas d’études, soit le niveau 9ème du cycle inférieur.

Il en est de même des jeunes qui ne sont pas patients et veulent privilégier l’immédiateté dans la réalisation des projets.

Et de renchérir : « Cela ne me décourage pas, car pas mal d’habitants de la commune Mpanda ont placé leur confiance en moi. D’où je ne peux pas les décevoir ».

Cheffe après élection

Mme Nizigiyimana indique qu’elle est arrivée dans la place où elle se trouvent depuis bientôt plus de 4 ans après avoir été élue. « Les premières élections se sont déroulées sur la colline Bugenge. Il y avait 6 candidatures, soit 3 femmes et 3 hommes. Seules les 3 femmes ont été élues », informe-t-elle.

Au niveau de la zone Butanuka, poursuit Mme Nizigiyimana, nous étions 5 candidats, soit 4 femmes et 1 homme. « Ici aussi, les habitants de la zone ont placé la confiance en moi », explique-t-elle avant de signaler que les élections ont continué jusqu’au niveau de la commune.

Là, dit-elle, nous étions 6 candidats, soit 4 femmes et 2 hommes. On devrait élire 3 personnes, soit 2 femmes et 1 homme. « C’est parmi les 3 trois qu’on devrait choisir le président ou la présidente. Voilà comment j’étais élue », fait savoir Mme Nizigiyimana.

Allier le social et l’encadrement social

Mme Nizigiyimana précise qu’une fois élue, les gens de mauvaise foi ont voulu s’ingérer dans la gestion de son ménage. Ils se basaient sur un adage Kirundi qui dit que : « Nta nkokokazi ibika isake ihari » traduit en français par « Une femme ne peut pas prendre les responsabilités alors que son mari est là ».

« L’approbation de mon élection par mon époux incarnait la subordination ou le signe de soumission selon ces personnes », révèle-t-elle.

Petit à petit, poursuit-elle, j’ai rassuré mon mari qui, par après, m’a compris. « Maintenant je prends du temps pour prendre part aux travaux des associations, contribuer à l’éducation de mes enfants, aménager mes rizières… », martèle-t-elle avant de dévoiler que sa devise est « Ressembler les gens, prendre connaissance avec ceux-ci et fournir les efforts ensemble afin d’aboutir à un rendement meilleur ».

Et de conclure : « Je ne suis pas seulement présidente des associations d’épargne et de crédit. Je suis également secrétaire des agents de santé communautaire au centre de santé de Mpanda ».

Quitter la version mobile