Réceptionnés par le gouvernement du Burundi en 2008, les locaux de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) nécessitent déjà une attention particulière. Malgré l’entretien réservé à ces infrastructures, la santé de ces infrastructures a besoin d’un suivi méticuleux. Reportage
Il est 10h40 quand nous arrivons devant les bâtiments de l’Ecole Normale supérieure du Burundi. Le soleil brille déjà dans le ciel. A l’entrée, le portail autrefois automatique ne fonctionne plus. En cette fin de matinée, les environs sont calmes et tout dénote un milieu académique. Certains étudiants terminent déjà leurs cours et rentrent chez eux. Les deux gardiens se trouvant dans la cabane échangent brillamment et guettent l’entrée des personnes étrangères dans ce milieu académique. Ces braves gens n’ont pas pu tenir face à la chaleur du soleil qui s’enfout du sort des humains.
Des infrastructures académiques « de référence » au Burundi
Devant nous s’étalent des bâtiments peints en blanc. Cet établissement qui s’étend sur une superficie de 10 hectares interpelle les passants par sa beauté architecturale et sa grandeur imposante. D’ailleurs, on découvre que l’Ecole Normale Supérieure veut augmenter sa capacité d’accueil. Tout passant s’aperçoit que des travaux de construction sont en cours. Un niveau de plus se dresse sur l’un des bâtiments.
Dans la cour intérieure, des étudiants se baladent et échangent à voix basse, en petits groupes. C’est l’heure de la pause avant de reprendre les cours. Un peu en retrait, la petite bibliothèque de l’ENS est ouverte. Vus de l’extérieur, la beauté des infrastructures de cette école ferait l’unanimité. Tout autour, une ceinture verte entoure le périmètre de ce superbe bâtiment. Tout ceci fait une parfaite harmonie entre les couleurs blanche et verte. Là, l’entretien est de rigueur. Dans les jardins, les herbes sont soigneusement coupées sous les arbustes fruitiers.
Une beauté trompe-œil
Contemplé de près, ce précieux bijou réceptionné en 2008 par le gouvernement Burundais de la part de la République Populaire de Chine n’est pas en bonne santé. Si les responsables font tout pour maintenir la bonne apparence de ces infrastructures académiques, leur dégradation rapide ne cesse de déranger les esprits. A l‘intérieur des bâtiments vieux seulement de 14 ans, les murs ont commencé à se fissurer. Des fissures, grandes et petites, apparaissent déjà à plusieurs endroits. Sur l’un des bâtiments intérieurs, une grosse fissure est visible au niveau de la fondation. D’autres murs sont littéralement fendus par d’étranges fissures qui s’aggravent au fur du temps.
Selon un ingénieur civil expérimenté interrogé, la fissuration des murs est due à la qualité des matériaux utilisés. Celui- ci souligne que les fissures au niveau de la fondation ou celles qui sont en vertical sont très mauvaises sur un bâtiment. « Quand une fissure apparait au niveau de la fondation dans le sens horizontal ou au niveau d’un mur dans le sens vertical, c’est dangereux », affirme-t-il. Selon ce technicien, cela signifie que la nature du terrain n’a pas été prise en compte lors du terrassement.
Y a-t-il risque de subir le même sort que pour les autres bâtiments publics?
Le manque d’entretien pour infrastructures publiques constitue une problématique réelle dans l’économie du pays. Ces œuvres utiles pour la fonction publique qui ont coûté des millions de dollars sont abandonnés à leur sort. Souvent, les bâtiments qui abritent différentes institutions de l’Etat sont dans un état piteux. Les campus de la seule université du pays ne revêtent plus l’image d’un milieu académique où les étudiants puisent le savoir dans le bien-être.
A la différence de plusieurs autres infrastructures scolaires du Burundi, les locaux de l’ENS bénéficient encore d’un entretien superficiel. Cependant, l’état de cette école dont la réhabilitation aurait coûté 10 millions de dollars devrait susciter l’attention des décideurs.