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Education inclusive : Le Lycée Notre Dame de la Sagesse se débrouille comme il peut

Depuis l’adoption du programme d’éducation inclusive en 2012, le Lycée Notre Dame de la Sagesse de Gitega a été choisi comme école pilote pour permettre aux enfants en situation d’handicap de bénéficier d’une formation classique au niveau du cycle fondamental. Dix ans après, le programme est certes en marche, mais l’établissement est toujours à la quête des meilleures conditions d’apprentissage pour ces élèves spéciaux

144 vivant avec un handicap fréquentent le Lycée Notre Dame de la Sagesse.

 

Nous débarquons un certain avant-midi au Lycée Notre Dame de la Sagesse de Gitega. C’est la période des examens et les élèves sont remarquables de part et d’autres de l’établissement. Certains viennent de terminer les examens de ce jour, d’autres révisent ceux du lendemain.  Mais une chose attire l’attention : la présence des élèves qui se déplacent sur chaises roulantes, ceux qui se communiquent en langue de signes, les albinos et les autres élèves présentant d’autres formes d’handicap physique. A première vue, ce n’est pas difficile de deviner que cet établissement est différent des autres.

A cette école, les élèves dits « normaux » tutoient et apprennent au quotidien avec les malvoyants, les sourds-muets, les albinos et ceux souffrant d’une infirmité motrice cérébrale (IMC). Sur l’effectif total de 708 élèves que comptent le lycée pour l’année scolaire 2023-2024, 144 vivent avec un handicap quelconque. Parmi ces derniers, on comptera : 3 albinos, 35 aveugles, 13 IMC, 41 sourds-muets, 52 présentant d’autres formes d’handicap physique.

Une école qui nécessite un traitement spécifique

La gestion de ces élèves spécifiques est une grande responsabilité qui incombe à l’établissement. Comme l’indique le directeur de cette école, il n’y a pas de distinction dans le traitement entre son école et les autres établissements malgré qu’elle a une mission particulière. « Nous pensons que cette école a une vocation particulière et, par conséquent, les autorités éducatives doivent le reconnaître. Que cette reconnaissance s’exprime à travers la manière dont les enseignants sont traités et les moyens financiers qui sont accordés à l’école », explique Abbé Simon Nzigirabarya, directeur du Lycée Notre Dame de la Sagesse.

L’autre difficulté éprouvée par l’école réside au niveau des infrastructures. Abriter ces enfants exige des infrastructures adéquates par rapport à chaque type d’handicap : les sanitaires, les bancs pupitres, le matériel didactique comme les brailles … « Les infrastructures dont nous disposons ont besoin d’être adaptés à la situation de l’enfant handicapé. C’est pourquoi nous ne cessons pas d’interpeller le gouvernement et ses partenaires pour que chacun en ce qui le concerne puisse faire ce qui est dans ses capacités pour améliorer la situation de ces enfants », lance-t-il.

L’école est dans le besoin d’un personnel compétent

Les enfants vivant avec un handicap ont besoin d’un personnel qualifié, mais aussi ayant des compétences particulières. « Nous avons un personnel compétent très minime par rapport aux besoins. Je vous donnerais l’exemple de la classe de 8ème qui n’a pas d’interprète traducteur qui s’occupe particulièrement de cette classe », annonce-t-il.

Le directeur explique que même ceux qui sont compétents, ils ont besoin d’être perfectionnés en cours d’emploi pour évoluer avec le temps. « L’éducation inclusive évolue au jour au jour et on ne devrait pas rester dans des pensées antérieures. On doit évoluer avec la compréhension du handicap. Et je trouve que l’école manque ce perfectionnement en cours d’emploi », martèle le directeur.

C’est fait avec amour, mais c’est une tâche de plus

Dans cet établissement, la solidarité est la valeur qui fait la vie des élèves. Ceux qui vivent avec un handicap doivent dépendre des autres élèves pour faire la toilette, chercher de l’eau pour se laver, faire la lessive, prendre des notes… « Chaque élève qui est dans l’incapacité de faire quelque chose a son camarade pour l’aider. Cela se fait naturellement et avec amour et nous nous organisons pour que ces élèves ne manquent de rien », raconte Annie Princia Niyoncuti, vice-doyen de l’école. Une tâche qui devrait être accompli par un personnel dédié s’il y en avait.

La plupart de ces élèves qui vivent avec un handicap à cet établissement affirment que vivre avec les autres élèves n’est pas difficile même s’il y a quelques-uns qui ne compatissent pas avec eux. Malgré les difficultés rencontrées, ces élèves ont le droit de rêver, mais surtout d’espérer un avenir meilleur.

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