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Elections du 5 juin 2025 : ce que chaque citoyen doit comprendre

Dès les premières lueurs de ce jeudi 5 juin, ils étaient des millions à se presser vers les bureaux de vote. Certains le faisaient avec enthousiasme, d’autres par devoir, parfois sans bien savoir ce qui se jouait vraiment. Pourtant, ce scrutin n’était pas comme les autres. En glissant leurs bulletins dans l’urnes, les Burundais ont participé à un changement en profondeur du visage administratif et politique du pays. Nouvelle carte, nouvelles règles, nouveaux repères : chacun a voté, mais nombreux ignorent encore ce qui a réellement changé.

 

A l’issue des élections de juin 2025, le pays ne sera plus découpé comme avant : moins de provinces, moins de communes, de nouvelles règles du jeu…

Jeudi le 5 juin 2025, plus de six millions de Burundais se sont rendus aux urnes, souvent dès l’aube, pour choisir leurs députés et leurs conseillers communaux. Beaucoup l’ont fait avec conviction, d’autres par habitude et certains sans toujours bien savoir ce qu’ils allaient vraiment décider. Pourtant, ce vote-là n’était pas comme les autres. Derrière ces bulletins glissés dans les urnes se cache un nouveau paysage politique et administratif, bien différent de celui que les Burundais ont connu jusqu’ici. Donc le pays a changé de visage

Avant même de parler des candidats ou des partis, il faut parler de la carte du Burundi. Car le pays ne se découpe plus de la même manière. Là où il y avait 18 provinces, il n’y en a plus que cinq : Bujumbura, Butanyerera, Gitega, Burunga et Buhumuza. C’est comme si on avait réorganisé les tiroirs d’une grande armoire : les vêtements sont les mêmes, mais les cases ont changé.

Le nombre de communes, lui aussi, a été réduit de manière radicale. On est passé de 119 à 42 communes. C’est un bouleversement. Moins de communes, cela signifie des responsabilités plus concentrées. Mais aussi, potentiellement, des populations plus éloignées de leurs autorités locales.

Cette réorganisation a un but : simplifier la gouvernance, mieux répartir les ressources. Mais pour le citoyen lambda, cela reste flou. Il continue d’aller chercher un document officiel dans les bureaux habituels. On se demande juste pourquoi l’administration a changé de nom.

Un Parlement à l’image du peuple, mais pas tout à fait

Les députés élus ce 5 juin sont au nombre de 100, auxquels s’ajoutent trois membres de l’ethnie Twa, nommés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour garantir leur représentation. C’est un geste fort, car cette communauté a longtemps été oubliée dans les affaires de l’Etat.

La répartition des députés entre les nouvelles provinces a été faite en fonction du nombre d’électeurs inscrits. Bujumbura et Butanyerera ont chacune 23 sièges, Gitega en a 21, Burunga 17 et Buhumuza 16. Cela veut dire que plus une province a d’habitants, plus elle aura de députés à l’Assemblée. En somme, plus une région est peuplée, plus sa voix pèse.

Malheureusement, ce sont des listes qui ont été élues, pas des individus (listes bloquées). Cela veut dire que vous n’avez pas voté pour untel ou unetelle, mais pour une équipe présentée par un parti ou une coalition à l’exception des candidats indépendants. Ces listes doivent respecter des règles très strictes : il faut qu’elles comportent à la fois des Hutus et des Tutsis, au moins 30 % de femmes et qu’elles respectent un équilibre géographique.

Et pour qu’une liste obtienne au moins un siège, elle doit recueillir 2 % des voix au niveau national. Pas facile pour les « petits partis ». Pour le candidat indépendant c’est pire. Pour avoir un siège, il doit recueillir au moins 40 % de voix dans la province où il s’est fait élire.

Et les conseillers communaux ?

Beaucoup de Burundais s’intéressent peu aux conseillers communaux. Et pourtant, ce sont eux qui s’occupent de la vie quotidienne : l’état des routes, l’accès à l’eau potable, la gestion des écoles, la sécurité dans les quartiers. Ils sont élus pour représenter chaque colline ou chaque quartier.

Selon le nouveau code électoral promulgué le 5 juin 2024, chaque commune du Burundi sera désormais administrée par un conseil communal composé d’au moins 25 membres, avec une exigence d’au moins 30 % de femmes parmi eux.  Cette disposition est énoncée à l’article 183 de la loi organique n° 1/12 du 5 juin 2024, qui modifie la loi organique n° 1/11 du 20 mai 2019 relative au code électoral.

Selon différents observateurs, ces élections ne sont pas une fin. Elles sont un début. Un rendez-vous entre le peuple et ses représentants. Reste à savoir si ces derniers écouteront vraiment les voix de ceux qui les ont portés là.

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