Le Burundi s’engage de plus en plus à développer l’énergie nucléaire pour combler son déficit énergétique. Des mémorandums d’entente entre le Burundi et les sociétés russes ont été signés. Toutefois, le pays devra aussi faire attention aux conséquences qui pourraient survenir sur l’écologie
En marge de la visite du chef de l’Etat Burundais Evariste Ndayishimiye en Russie, le Ministre des Affaires Etrangères Albert Shingiro a signé avec le Directeur Général de la Corporation d’Etat de l’énergie atomique (ROSATOM) un accord de coopération entre le Burundi et la Russie dans le domaine de l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques.
Du nucléaire pour résorber le déficit énergétique
Le Burundi envisage de recourir à l’énergie nucléaire pour combler son déficit énergétique. La capacité électrique installée au Burundi s’élève à 115 MW avec un taux d’électrification national qui oscille entre 12% et 15%, selon le ministère en charge de l’énergie. Cela est ainsi au moment où le pays aura besoin d’au moins 400 MW pour son industrialisation et 412 MW pour le secteur des mines, selon les prévisions du Plan National de Développement 2018-2027. Encore plus, l’exploitation des mines et la construction du chemin de fer nécessiteront un besoin énergétique de 1000 MW.
Pour atteindre ces objectifs, le Burundi a envisagé il y a de cela quelques années le recours à l’énergie nucléaire. En mars 2009, l’Assemblée Nationale a voté à l’unanimité le projet de loi portant adhésion par la République du Burundi au Statut de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique « AIEA ». Cette dernière aide à former les cadres des Etats membres de l’AIEA en ce qui concerne le traitement et l’évaluation de la situation de la radiation sur le territoire national afin de protéger la population. L’AIEA organise des contrôles dans chaque pays membre afin d’éviter des accidents.
En avril 2015, le gouvernement a signé une Convention de 3 ans avec la société Morgan Mining SURL pour effectuer des recherches afin d’établir l’existence des gisements exploitables de la Colombo-tantalite et ses éléments associées (Cassitérite et Wolframite) et de l’Uranium dama le périmètre de Kibuye-Inakizuru.
Le 23 juin 2022, les députés ont adopté le projet de loi relatif à l’utilisation pacifique, à la sûreté de l’énergie nucléaire et aux rayonnements ionisants. Invité à la plénière de l’analyse de ce projet de loi, Ir Ibrahim Uwizeye, ministre en charge de l’énergie a expliqué que le nucléaire permettra de combler le déficit énergétique et d’accroître le secteur industriel.
Le mémorandum d’entente signé récemment en Russie a été adopté par le conseil des ministres du 3 février 2021. Il s’agissait de construire une centrale nucléaire capable de résorber le déficit énergétique du Burundi. La signature de ce mémorandum d’entente permettra d’amorcer le partage des informations pertinentes entre le Burundi et ROSATOM. Ce mémorandum d’entente permettra par la suite la négociation d’un accord intergouvernemental entre la Fédération de Russie et le Gouvernement du Burundi pour commencer les études de mise en œuvre de ce projet.
Faire face aux catastrophes à tout prix
Si le gouvernement compte sur le nucléaire pour résorber le déficit énergétique, il devrait veiller aux conséquences de l’exploitation des centrales nucléaires. L’uranium étant une substance radioactive, ses réactions chimiques peuvent provoquer des problèmes de santé à la population environnante. Exposé pendant une longue période à des radionucléides d’uranium, il y a des risques de développer un cancer.
Lors de l’extraction de l’uranium, les mineurs peuvent être exposés aux rayonnements et inhaler les poussières. Le traitement du minerai sur place exige une série d’opérations chimiques très polluantes pour l’environnement.
Il faut aussi chercher à éviter des catastrophes nucléaires qui pourraient s’inviter au pays du lait et du miel. Les centrales nucléaires peuvent connaître des accidents graves causant ainsi des conséquences lourdes pour la population et l’environnement. La catastrophe de Fukushima au Japon (2011) laisse toujours des traces. La ville reste déserte de la population, la radioactivité reste très élevée.
Répondant aux inquiétudes des députés en juin 2022, Ibrahim Uwizeye, ministre en charge de l’énergie tranquillisa : « Il existe actuellement des réacteurs nucléaires (Small modula reactor) de dernière génération avec 50 MW avec le risque zéro ». Selon le ministre Uwizeye, avec ce genre de réacteur, le bénéfice l’emporte largement sur le risque tout en notant que le risque n’est jamais nul même pour les centrales hydroélectriques.