L’entrée de la République Démocratique du Congo (RDC) dans la Communauté Est Africaine (CEA) sera bénéfique pour Etats membres de la communauté. Cela pour la circulation des biens et des personnes. Une fois que le port de Bujumbura deviendra un transit, le trafic sera important au niveau de ce port. Ce qui occasionnera des entrées de devises pour le pays et l’accélération de l’activité économique pour les opérateurs économiques burundais
Félix Tshisekedi, président de la RDC a exprimé son souhait d’adhésion de son pays à la CEA dans une lettre adressée au président de la communauté. C’était le 8 juin 2019.
Selon la Banque Mondiale (BM), la RDC possède d’immenses ressources naturelles et une population de près de 80 millions d’habitants, dont moins de 40 % vivent en milieu urbain.
Avec ses 80 millions d’hectares de terres arables et plus de 1 100 minéraux et métaux précieux répertoriés, la RDC pourrait devenir l’un des pays les plus riches du continent africain et l’un de ses moteurs de croissance. Cela si elle parvenait à surmonter son instabilité politique et à améliorer sa gouvernance.
Le port de Bujumbura déssert una grande partie de l’Est de la RDC
Cependant, en 2012, la population de la RDC vivait en situation d’extrême pauvreté (77 %), avec moins de 1,9 dollar par jour. Selon les dernières prévisions de la BM, le taux d’extrême pauvreté serait d’environ 73 % en 2018. Ce qui place la RDC parmi les pays d’Afrique subsaharienne baignant dans une forte pauvreté.
Trop de barrières non tarifaires côté RDC
« L’adhésion de la RDC dans la CEA sera un grand atout pour les Etats membres », témoigne Mireine Havyarimana, coordinatrice des projets au sein de l’Association des Transporteurs Internationaux du Burundi (ATIB). Pour elle, la RDC est champion des barrières non tarifaires. Par exemple, affirme-t-elle, un bateau non immatriculé au Congo ne peut pas faire directement plusieurs liaisons entre les ports du congo (impossible de passer du port de Kalémie au port de Kalundi pour un bateau non immatriculé au Congo). Ce qui n’est pas le cas pour les ports de la Tanzanie (un bateau immatriculé au Burundi peut circuler facilement du port de Kasanga au port de Kigoma).
« De plus, les frais d’accostage très élevés, soit 500 USD par bateau. Au Burundi, ces frais sont fixés à 200 USD par bateau », indique Mlle Havyarimana. En RDC, on paie également les frais radiophoniques fixés semestriellement à 200 USD.
Au niveau de la voie routière, martèle-t-elle, les camions subissent beaucoup de contrôles sans oublier la vétusté des routes. Ce qui occasionne des retards.
Mlle Havyarimana rappelle que les habitants des pays n’appartenant pas à la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) paient des visas d’entrée en RDC. Les pays membres de cette orgaisation régionale étant le Burundi, la RDC et le Rwanda. « L’entrée de la RDC dans la CEA permettra la libre circulation non seulement des habitants du Burundi et du Rwanda, mais aussi ceux du Kenya, de l’Ouganda, de la Tanzanie et du Sud Soudan », renchérit-elle.
Port de Bujumbura, un point stratégique
Le port de Bujumbura est le premier port du lac Tanganyika. Cela devant celui de Kalémie en RDC, de Kigoma en Tanzanie et de Mpulungu en Zambie.
Il se situe au croisement des corridors de transport Central et Nord (depuis les ports de Mombassa et Dar Es Salam jusqu’en RDC) et Nord et Sud (actuellement via le port de Mpulungu en Zambie et dans l’avenir jusqu’en Afrique du Sud).
« Sa position stratégique lui permettra de jouer un rôle de transit. Au lieu d’aller à Dar es Salam ou à Mombassa, les opérateurs économiques de la RDC vont s’approvisionner via le port de Bujumbura », précise la coordinatrice des projets à l’ATIB.
Plan du port de Bujumbura (Situation actuelle)
Selon elle, le pays va bénéficier de la manutention et des autres frais y relatifs. « L’activité des opérateurs économiques va s’accroître et beaucoup d’emplois seront créés », se réjouit-elle.
Trafic intense entre la RDC et le Burundi
Habituellement, le trafic entre le Burundi et la RDC (surtout l’Est de la RDC) se fait au niveau du port de Bujumbura, du port de Rumonge et à la frontière de Gatumba.
D’après les données du Bulletin du 2ème semestre 2018 publiées par l’Office Burundais des Recettes (OBR), au cours du second semestre 2018, les importations en provenance des pays membres de la CEPGL représentaient 1,1 % de la valeur totale des importations. Les importations à partir de la RDC pendant la période concernée s’élèvaient à 53,0 %.
Par rapport à 2017, les importations en provenance des pays membres de la CEPGL ont connu une variation positive de 1,0 %. Les produits importés de la RDC ont augmenté de 359,9 %.
Quant aux exportations, les pays membres de la CEPGL consomment 11% des exportations du Burundi. Au cours du second semestre 2018, les exportations vers les pays membres de la CEPGL se chiffraient à 13 271,2 millions de BIF, soit 11,5 % du total des exportations. Elles sont dominées à 93,8% par celles à destination de la RDC. Comparativement à la même période de 2017, les exportations vers les pays de la CEPGL ont diminué de 26,3%.
L’entrée de la RDC dans la CEA augmentera le mouvement des biens et des personnes entre la RDC et le Burundi. Le transport lacustre (lac Tanganyika) est le mieux placé pour assurer le développement d’une grande quantité de marchandises et de beaucoup de personnes. Ce qui implique que le port de Bujumbura est actuellement en modernisation.