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L’entretien des mémoires parallèles perpétue les conflits

Dans la chronique de cette semaine sur la lutte contre les messages de haine, on vous partage comment la prolifération des messages de la haine empêchent que les mémoires parallèles convergent un jour, les conséquences de ces mémoires parallèles et comment les déconstruire    

Lors d’un conflit, différentes parties s’opposent. Après le conflit, les mémoires se déchirent. Une pluralité de mémoires naissent en effet du vécu de chacun, de sa personnalité, du contexte, etc. Prendre en compte cette problématique est fondamental dans les contextes d’après-guerre

« La prolifération des messages de haine empêchent les mémoires parallèles de se converger un jour »

Pr Evariste Ngayimpenda, historien : « Quand on entretient des mémoires parallèles, on éloigne cette opportunité de convergence des mémoires et on perpétue le conflit. Ainsi, crée le lit pour des conflits ultérieurs et on hypothèque par la suite les chances de développement d’une nation ».

« Deux lignes parallèles ne se rencontrent jamais », a-t-on appris en mathématiques. Les mémoires parallèles sont aussi l’euphémisme des mémoires conflictuelles. Evariste Ngayimpenda, historien, explique que chaque communauté entretient une mémoire de ce qu’elle a vécu ou de ce qu’elle a enduré et généralement une mémoire des peines qu’elle a subi. Et cette communauté considère qu’elle les a subis du fait de l’autre groupe. 

Il ajoute que deux mémoires antagonistes ne peuvent être entretenues lorsqu’on ne se livre pas à une campagne de stigmatisation, de diabolisation, de développement de la haine envers un autre groupe que vous considérez qu’il est à l’origine de ce qui vous est arrivée. « Cela est entretenu par la prolifération des messages de haines. Et c’est la meilleure façon d’empêcher que les deux mémoires convergent un jour », indique l’historien. 

Un risque de perpétuation du conflit

Quand on parle d’une nation, on parle de destin commun, de gestion commune et concertée de tout ce que vous avez vécu aussi bien des moments d’abaissement que des moments de gloire. Or, quand on entretient des mémoires parallèles, on éloigne cette opportunité de convergence des mémoires et on perpétue le conflit. Ainsi, on crée le lit pour des conflits ultérieurs et on hypothèque par la suite les chances de développement d’une nation », indique Pr Ngayimpenda. Il ajoute que plus ces mémoires s’éloignent, plus elles s’affrontent, plus vous amenuisez les chances de bâtir une nation.

La gestion de la cité dans tous les pays du monde appartient à l’Etat. Pour le Pr Ngayimpenda, il appartient donc à l’Etat de cimenter le destin commun. Et, par rapport à cela, il explique que l’Etat possède l’institution scolaire. « Le concept d’éducation nationale signifie que les générations passent plus ou moins à travers le même moule, à travers des valeurs universelles. C’est un moule où on apprend à se comporter comme un citoyen.

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