La question de la participation des femmes au développement semble être le gage d’un développement durable. Mais les barrières socio-culturelles qui empêchent son épanouissement semble étouffer cette course au développement. Des projets et appuis spécifiques pour les femmes devraient être initiés
Selon la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique, sans une participation effective des femmes, les pays en voie de développement ont peu de chances de parvenir à la réalisation des Objectifs pour le Développement Durable (ODD). Cependant, les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles relatifs au lancement de leurs activités économiques. Il s’agit principalement des obstacles d’ordre psychologique, socio-culturel, professionnel, infrastructurel, juridique et même des obstacles liés au niveau d’instruction des femmes.
Les services financiers d’épargne, le transfert de fonds, des crédits à des taux d’intérêts préférentiels pour les femmes peuvent être mis en place pour répondre au besoin en financement des microprojets des femmes.
Quand la vie ne procure pas d’autres choix
Fidélité Dusabe est une femme commerçante. Mais elle n’a exercé le commerce que depuis que son mari est décédé. Dorénavant veuve, Dusabe n’avait d’autres choix qu’apprendre à suer pour trouver comment faire vivre ses enfants ou se prostituer. « Je ne savais pas vraiment où mettre les pieds », témoigne-t-elle. Pendant ce temps, la famille de son mari se préparait à la faire marier à son beau-frère (le petit frère de son défunt mari), comme on le faisait autrefois dans la culture burundaise surtout qu’elle habitait dans une région où cette tradition est fréquente. Elle a refusé la proposition de la famille de son défunt mari et cette dernière l’a exclue.
« Quand mon mari est décédé, je voyais que le ciel me tombait dessus parce que jusqu’ici il m’était interdit d’exercer une quelconque profession. Mon mari me disait que je dois m’occuper de nos enfants et que c’est lui seul qui devait subvenir à nos besoins ». Elle explique qu’elle a fait face à tant de maux, mais ce qu’elle a regretté c’est que son mari ne lui a pas donné l’opportunité de créer une activité génératrice de revenu. « Je n’aurais pas souffert comme j’ai souffert », confie -t-elle les larmes aux yeux.
Aujourd’hui, Fidélité Dusabe est une commerçante prospère dans la ville de Bujumbura. Elle a élevé seule ses deux filles et elle est bien maintenant. Cependant, elle trouve que l’homme par contre ne constitue pas un obstacle à l’épanouissement de la femme mais plutôt un soutien incontournable. « Et quand je parle de l’homme, je parle par exemple du mari pour son épouse et du père pour sa fille », indique-t-elle.
Elles ont besoin d’un encadrement approprié
Les activités entrepreneuriales des femmes démarrent avec un capital très faible et la production généralement n’est pas spécifiée et se fait à domicile (écoulement local de la production) et de façon informelle. Le revenu sert plus à la survie de la famille qu’au financement de l’activité.
Pour Marie Yvette Ajeneza, expert en entrepreneuriat, les services financiers d’épargne, le transfert de fonds, les crédits à des taux d’intérêts préférentiels pour les femmes peuvent être mis en place pour répondre au besoin en financement des microprojets des femmes. Elle explique que les activités génératrices de revenus initiées par les populations en général et les femmes en particulier manquent d’un encadrement financier et logistique capable de les pérenniser.
Le gouvernement et ses partenaires bilatéraux et multilatéraux devraient engager des projets et desprogrammes visant le renforcement du pouvoir économique des femmes, l’éducation de la jeune fille et de la femme, explique-t-elle.