La concurrence extérieure et la difficulté d’accéder aux marchés locaux et internationaux sont, entre autres, les défis auxquels font face les industries naissantes au Burundi. Cela a été évoqué par les jeunes entrepreneurs rencontrés lors des expositions organisées dans le cadre de la 6ème édition du Salon Industriel, qui se tient à l’hôtel Source du Nil de Bujumbura du 4 au 7 septembre 2024. Le ministère en charge de l’industrie appelle les industriels burundais à collaborer afin de minimiser les importations.
Environ 60 industriels participent aux expositions qui se déroulent du 4 au 7 septembre 2024 à l’hôtel Source du Nil de Bujumbura. Ces activités sont organisées dans le cadre de la 6e édition du Salon Industriel. Le thème choisi pour l’édition 2024 est : “Une industrie verte et exportatrice : un engagement social et une opportunité pour des emplois décents pour les jeunes et les femmes au Burundi”.
Les jeunes entrepreneurs présents ont évoqué que la concurrence extérieure est l’un des grands défis qui hantent ce secteur au Burundi. Parmi eux, Fabrice, un artiste qui fabrique et vend différents produits au Musée vivant de Bujumbura, a souligné que la plupart des Burundais ont du mal à acheter les produits fabriqués localement. « Ce que nous produisons est de qualité supérieure ou égale à ceux en provenance des pays voisins, malheureusement, ils ne sont pas préférés par nos concitoyens », a-t-il expliqué.
Bella Ahezagiye, partage ce sentiment. « Les Burundais te diront toujours que tes produits sont chers, mais n’hésiteront pas à acheter un produit similaire à double prix, pourvu qu’il soit importé », a-t-elle ajouté. Elle déplore que ce manque de solidarité pousse même les rares jeunes qui osent entreprendre à travailler à perte.
Un accès au marché international toujours difficile
Comme le racontent ces jeunes entrepreneurs, les foires, qui sont leurs uniques occasions de faire connaître leurs produits au niveau local, ne sont pas fréquentes. « De telles occasions sont rares, pourtant, elles nous permettent de nous rassembler avec d’autres entrepreneurs œuvrant dans les mêmes domaines que nous et d’échanger des expériences », explique Fabrice.
Il précise qu’ils peinent toujours à accéder aux marchés internationaux. Il suggère de donner la chance aux entreprises naissantes de vendre leurs produits dans les foires organisées à l’étranger. « Faute de moyens financiers pour participer physiquement, nous sommes parfois obligés d’envoyer nos produits lorsque des foires internationales sont organisées. Mais comme vous le savez, personne ne vend mieux un produit que son fabricant », ajoute-t-il.
Et si on valorisait le Made in Burundi ?
Lors de son allocution à la deuxième journée, marquant le lancement officiel des activités, M. Juvénal Sakubu, président de l’Association des Industriels du Burundi, a exhorté le gouvernement à privilégier les entreprises nationales dans le cadre de la promotion du “Made in Burundi”.
« Je ne vois pas pourquoi une entreprise opérant ici au Burundi importerait des étiquettes ou des couvercles, par exemple, alors qu’il existe des entreprises burundaises qui les fabriquent », fait savoir Mme Christine Niragira, secrétaire permanente au ministère en charge de l’Industrie. Elle a suggéré aux industriels de travailler en synergie afin qu’aucune entreprise n’importe un produit disponible localement. Selon elle, cela permettrait de faire face à la concurrence extérieure et de minimiser les importations, réduisant ainsi la sortie de devises.
Ce Salon Industriel a été organisé par l’Association des Industriels du Burundi (AIB), en partenariat avec le ministère en charge de l’Industrie, la Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB), l’Agence de Développement du Burundi (ADB) et Trade Mark Africa. Il a été sponsorisé par diverses entreprises telles que Hope Design, Brarudi, Rudi Paints, Savonor, etc.