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Evaluation du Plan National de Développement 2018-2027 : Après 5 ans, un résultat mitigé

Le Plan National  de Développement (PND) adopté en 2018 connu des difficultés  qui l’empêche d’atteindre ses objectifs. A part  son échec dans de divers secteurs, l’Olucome  fustige aussi sa conception  et formule des recommandations   

Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (Olucome) : «Le plan national de développement 2018- 2027 n’avait pas d’indicateurs de référence pour identifier les niveaux atteints. De plus, les objectifs d’investissement sont restés faibles ».

«Le plan national de développement  2018- 2027 n’avait pas d’indicateurs de référence pour identifier  les niveaux atteints. De plus, les objectifs d’investissement sont  restés faibles » , a indiqué Gabriel Rufyiri , président de  l’Observatoire  de Lutte contre  la Corruption  et les Malversations Economiques(Olucome)  lors  de la présentation du rapport  alternatif  sur la mise en  œuvre du Plan National  de Développement (PND)  depuis  2018 jusqu’en 2022 à  l’ hôtel Source du Nil. Pour lui, ce plan, comme d’autres plans  et visions antérieures, s’est heurté au manque de financement et de bonne gouvernance  politique, économique et sociale. Le patron de l’Olucome salue  l’initiative  du gouvernement de réviser ce plan  pour y insérer  ces indicateurs  et l’adapter à la réalité du moment.

Pour Emmanuel Niyungeko, professeur  à l’Université du Burundi dans la faculté des Sciences Economiques  qui a présenté ce rapport, les indices du  développement  prévus dans les différents secteurs    ont chuté au lieu d’augmenter. A titre d’exemple« le taux de croissance économique était de 5,3% en 2018. Il était prévu qu’en 2027  ce taux serait  égal à 10,7 %,  pourtant ce taux a chuté jusqu’à 3,6 %  en 2022 », explique l’expert en macro-économie

Un faible taux de croissance économique

Le Plan National de Développement 2018- 2027 prévoit   l’augmentation du PIB par habitant  jusqu’à 810 dollars   contre 245,8 dollars  en 2023.  Mais, la tendance est tout autre.  Le taux d’inflation n’a cessé d’augmenter  allant de 7,5% en 2020 jusqu’à 27,1 % en 2023. Le taux  de la malnutrition  chez les enfants  de moins de 5 ans    est passée de 5,1 en 2017 à 6,3 % en 2022, car   plus de 50%  de la population   burundaise ont   été  touchées par  une insécurité  alimentaire  chronique  la même année ,d’après les données de cet expert  .

Pour rappel, l’objectif à long terme de ce Plan National de Développement  vise à rétablir les équilibres structurels de l’économie burundaise à travers le renforcement de l’autosuffisance alimentaire et la diversification des exportations à travers la promotion des entreprises agro-industrielles, commerciales et extractives;  le développement du secteur de l’énergie et du secteur de l’artisanat.  Dans sa conception, il avait également pour objectif   la construction et l’entretien des infrastructures d’appui à la croissance et l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, notamment l’éducation, la santé et la protection sociale.

Un budget pour  un investissement  minimal.

Plus  de 50 % du montant du budget général de l’Etat  est consacré à la consommation, Ce qui limite  les investissements pour booster la production. D’où un faible  taux de croissance économique. L’expert   recommande  l’augmentation des fonds alloués  aux investissements dans les secteurs  porteurs de croissance  comme l’agriculture, l’industrie, le commerce et l’artisanat.

Réagissant  sur un taux de financement  de 8,3 % prévu dans  l’agriculture  pour l’année budgétaire 2023- 2024, Léandre  Ndayizeye qui a représenté la COSYBU a  souligné le rôle important  de ce secteur  avant d’indiquer que  ce taux reste encore faible  et empêche d’ atteindre l’objectif du plan national de développement qui prévoit un taux de 10 % à l’horizon de 2027. Plus de 90% de la population burundaise vit de l’agriculture mais, il reste encore  une agriculture de  subsistance. La société civile  estime  également  que l’agriculture Burundaise se heurte  à la  mauvaise gestion des terres.

En ce  qui concerne l’éducation, un autre pilier du développement, ce secteur a  aussi connu des hauts et des bas. La qualité de l’éducation a évolué en dents de scie au cours des 5 derniers années. Le taux  de redoublement et  d’abondons scolaires  a continué à augmenter malgré les améliorations du système éducatif.

Des recommandations 

  Pour Gabriel Rufyiri, rien ne  peut être fonctionnel  sans  la  consolidation de la bonne gouvernance et l’éradication de la corruption et des malversations économiques et financières sous toutes leurs formes et à tous les niveaux. «Cela est une affaire  de tout le monde  que ce soit les institutions étatiques, la société civile  et toute personne à titre individuel», fait-il savoir.

Il signale  également le besoin d’une stabilité politique pour atteindre les objectifs du Plan National de Développement 2018-2027 et ceux des autres plans à long terme. Il rappelle que depuis l’indépendance du Burundi, le pays a adopté plusieurs plans et visions  qui n’ont pas réussi faute de l’instabilité politique.

Mais également, la mise en œuvre du Plan National de Développement nécessite l’adoption des stratégies visant l’accroissement du rendement dans   les secteurs prioritaires, une mise en œuvre et une amélioration des lois et des politiques favorisant le développement.

  Parmi  les autres recommandations formulées par les participants, figurent la mise en place  d’un mécanisme de suivi des projets  de développement , l’amélioration  d’un mécanisme d’investissement par la promotion  et la mise en place des  projets innovants , l’adaptation des politiques et des stratégies  visant la régulation de la monnaie Burundaise  et la diminution du taux d’inflation.

Une sensibilisation à la consommation locale et  une promotion des cultures d’exportations, notamment le café, le thé et d’autres cultures industrielles pourraient améliorer le secteur agricole. Des innovations  doivent  également être effectuées dans le secteur du commerce.   Ce secteur a besoin  d’infrastructures de qualité et d’un capital humain efficace. De plus, le renforcement du cadre juridico-organisationnel et institutionnel pour la maîtrise de la croissance démographique facilitera le développement du pays.

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