Il s’observe, depuis ces derniers jours, un commerce important autour de l’ancien marché central de Bujumbura: des légumes, des fruits, des fripes… y sont vendus. Toutefois, le commerce à cet endroit reste interdit par la mairie, mais les vendeurs persistent et résistent à la traque permanente de la police
La route grouille de monde. Des commerçants, sous les parasoleils jaunes de Lumicash s’observent. Des passants se croisent, se faufilent, se bousculent. Difficile de se frayer un passage. Bon nombre de véhicules empruntent cette voie.
Il est 17h. Nous sommes sur la route séparant l’ancien marché central de Bujumbura, l’Office National des Télécommunications (ONATEL) et la Régie Nationale des Postes (RNP). Une route qui relie les deux parkings de bus desservant le Sud et le Nord de la capitale économique. Deux rangées s’observent le long de cette route. Un commerce s’est organisé tout autour. Il s’y observe des stands de légumes, de fruits… Ce commerce est exercé surtout par les femmes. Sur cette même route, tout près des murs du marché en décombres, on aperçoit d’autres stands de chaussures, de fripes…Les vendeurs crient pour appeler les passants : « igihumbi gusa » (seulement 1000 FBu), « uwuzimira arazimbwa » (celui qui se trompe de chemin achète cher). Et les gens se ruent pour acheter.
Un commerce est organisé aux alentours de l’ex-marché central de Bujumbura alors qu’il est interdit depuis juin 2013.
Un bon endroit pour écouler leurs produits
Pour les vendeurs, les alentours de l’ex-marché central constituent un endroit propice pour écouler leurs produits. Sandrine est l’une des femmes qui exercent ce petit commerce. Ce jour-là, elle vendait des aubergines et des citrons. « Vous voyez, tout le monde qui rentre le soir passe ici pour aller prendre le bus. Et nous, nous en profitons pour vendre ». Elle explique qu’elle peut écouler ses légumes en moins de deux heures. « Je viens souvent vers 16h ou 17h et je rentre au plus tard 20h », confie-t-elle.
Les acheteurs jubilent. « Quand je passe ici, j’achète les provisions pour le lendemain. Cela m’avantage parce que si c’est le domestique qui achète, il soutire quelques sous », annonce une femme rencontrée en train d’acheter les lengalenga.
Toutefois, le commerce est prohibé à cet endroit. Et les vendeurs et vendeuses sont au courant de cela. «Nous savons que nous travaillons dans l’illégalité. Mais qu’est-ce que vous voulez que nous fassions ? On nous dit d’aller occuper les stands du marché, mais nous n’avons pas l’argent pour louer ces stands», hurle une femme postée à côté de Sandrine. Ces vendeurs et surtout les vendeuses sont tous les jours dans le collimateur de la police.
Ils ne sont pas traités de la même façon
Même si tous ceux qui exercent le petit commerce à cet endroit opèrent dans l’illégalité, il y en a parmi eux qui dénoncent l’attitude des policiers. « Regardez, ils nous pourchassent alors que les autres travaillent sans soucis. Pourquoi nous, on ne nous laisse pas travailler », lance une femme avec un panier de fruits sur sa tête fuyant la police. Ils accusent les policiers d’être corrompus. A part certaines des vendeuses de fruits et légumes qui bénéficient de l’indulgence de la part des policiers, même les commerçants des chaussures, des sacs et des fripes ne sont pas inquiétés par la présence des policiers. On a cherché à savoir pourquoi, ils ne sont pas pourchassés eux aussi, mais ils ont gardé leur langue.Le commerce ambulant est prohibé à n’importe quel endroit de la capitale. Les vendeurs ambulants doivent s’installer dans les marchés.
Comme rappel, les vendeurs ambulants du centre-ville de Bujumbura ont été traqués lundi le 13 juin 2016 sous l’ordre de la mairie de Bujumbura. Et depuis lors, les policiers et les vendeurs ambulants se livrent au jeu du chat et de la souris.