L’anacardier est l’une des espèces d’arbres cultivés en zone tropicale. Il est d’une importance capitale pour la diversification des revenus des ménages et des sources des devises pour le pays. Bien que cette culture soit pratiquée en Afrique depuis des années, le Burundi fait de novice dans le développement de cette nouvelle culture d’exportation.
Le renforcement des cultures d’exportation figure parmi les priorités du gouvernement via le ministère en charge de l’agriculture. Sur son compte Twitter, le porte-parole du Président de la République, Jean Claude Karerwa Ndenzako affirme que la production a sensiblement augmenté. Il rapporte que le chef de l’Etat invite les diplomates burundais à chercher des débouchés pour les produits locaux. Faute de quoi ils doivent retourner au pays. Le chef de l’Etat a tenu ses propos lors la Retraite de mise en œuvre du Document d’Orientation de la Politique Environnementale, Agricole et d’Elevage tenue à Bugarama mardi le 15 décembre 2020.
Le pays affiche une balance commerciale déficitaire. D’après l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les importations ont coûté 887 millions USD au moment où les exportations n’ont généré que 180 millions USD en 2019. Les autorités mobilisent les moyens pour promouvoir et diversifier les cultures d’exportation. Ainsi, certaines cultures telles que le macadamia, la noix de cajou, le patchouli, … sont en cours d’expérimentation. Dans ce numéro, nous revenons sur la filière cajou très développée dans la sous-région, notamment en Tanzanie.
La noix de cajou constitue un potentiel économique pour le Burundi. Si cette filière se développe, elle rapportera pas mal de devises dans les caisses de l’Etat et le citoyen lambda en profitera.
La culture de cajou au stade embryonnaire
En janvier 2020, le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a lancé la culture de l’anacardier en tant qu’une nouvelle plante industrielle au Burundi. « L’anacardier n’est pas nouveau au Burundi. A l’époque, il était parfois planté dans les enceintes des paroisses catholiques. Mais, actuellement, avec la politique de promotion des nouvelles cultures d’exportation, le ministère en charge de l’agriculture a l’ambition de vulgariser et de promouvoir cette culture industrielle », fait savoir Médard Ndayikengurukiye, directeur de la promotion des filières agricoles et des produits forestiers non ligneux au sein du ministère ayant l’agriculture dans ses attributions.
Il ajoute que les pépinières de cette plante ont été aménagées en collaboration avec certaines coopératives d’agriculteurs. Pour ce faire, on va entamer la plantation de 30 000 arbres sur une superficie de 300 hectares. « Une fois vulgarisée, dans des prochaines années, les agriculteurs burundais tireront profit de cette nouvelle culture d’exportation sans oublier que le Burundi en tirera les devises », précise M. Ndayikengurukiye.
Où cultive-t-on l’anacardier ?
D’après le centre de recherche agronomique pour de développement Cirad, l’anacardier est une plante tropicale qui résiste aussi bien aux fortes chaleurs qu’aux basses températures. Raison pour laquelle il est généralement pratiqué dans les basses altitudes. L’anacardier s’adapte également dans des régions ayant une pluviométrie comprise entre 800 et 1800 mm (saison pluvieuse de 5 à 7 mois). L’arbre est très tolérant à la sécheresse et, pour une meilleure floraison, il a besoin d’une saison sèche de 4 à 7 mois avec une température annuelle comprise entre 21° C et 28° C. L’anacardier s’adapte mieux dans les milieux chauds. Ce qui fait que l’Imbo est l’une des régions du Burundi les mieux placées pour le développement de cette plante.
Concernant les sols adaptés, l’anacardier peut pousser dans une large gamme de sols, y compris les sols de savane infertiles et très peu profonds. Dans les régions très chaudes, il a besoin de sols bien drainés et profonds pour survivre. Il préfère des sols meubles et profonds, mais il supporte même les sols pauvres. Le sol doit être sableux ou bien drainé. L’anacardier aime aussi les sols légers non asphyxiques et profonds. Il peut être associé à des cultures pendant 4 années sans difficultés. L’anacardier est un arbre rustique, mais à croissance rapide, c’est-à-dire que si on le met dans de mauvaises conditions pédologiques, il peut se débrouiller avec ce qu’il a et si on le met dans de bonnes conditions pédologiques, il croît rapidement. Et, en conséquence, il deviendra un arbre très ramifié avec un faîte dense et descendant jusqu’au sol. Il peut même mesurer plus de 10 m de haut. Sa durée de vie est d’une dizaine d’années.
La noix de cajou est très sollicitée dans les pays développés. Ce qui signifie que le marché de ce produit est assez dynamique.
L’apport de la noix de cajou aux pays africains producteurs
D’après le journal Consoglobe, la production de noix de cajou dans le monde est d’environ 2,2 millions de tonnes par an, et la part de l’Afrique est très considérable. Bien qu’elle ne soit pas connue au Burundi, la noix de cajou est perçue comme une spécialité africaine. Dans les années 1970, la production mondiale de noix de cajou était dominée par l’Afrique. A titre d’illustration, l’Afrique représentait 78%, l’Asie 15% et le Brésil 7%. Au contraire, pour la période 2000-2002, la production africaine a fortement chuté jusqu’à 15% de la production mondiale. Alors que l’Asie et le Brésil ont représenté respectivement 55% et 15%. Cela s’explique par les différentes instabilités qu’a connues l’Afrique pendant cette période. Elles sont entre autres les risques d’instabilité politique, économique, financière, sociale ainsi que des mauvaises performances des opérateurs économiques. Malgré cela, la donne a changé au fur des années.
En 2019, l’Afrique a contribué pour près de 60% à l’offre mondiale, mais la grande quantité était exportée à l’état brut à cause d’une insuffisance de la technologie d’un meilleur décorticage. L’Afrique de l’Ouest fournit à elle seule près de 51% de l’approvisionnement mondial. La Côte d’Ivoire vient en tête avec 24% de la production mondiale. Les principaux pays africains producteurs de «l’or gris» sont entre autres la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Mozambique et la Sierra Leone. Ce n’est pas seulement en Afrique occidentale, même à l’Est du continent cette culture s’adapte bien. Par exemple, la filière noix de cajou est l’un des principaux contributeurs au PIB pour la Tanzanie. En plus, elle génère pour ce pays plus de 10% des recettes d’exportation.
Consommation de l’« or gris » à l’échelle mondiale
Le Centre du commerce international (ITC) montre que la valeur totale des importations de l’« or gris » sans coques au niveau mondial a atteint en 2010 la valeur de 1,97 milliards USD avec un taux de croissance de 11% entre 2006 et 2010 et un taux de croissance annuelle en valeur de 15% entre 2009 et 2010. Les dix principaux importateurs représentent 78,2% des achats extérieurs de noix de cajou. Les marchés traditionnels de la noix de cajou restent les Etats-Unis d’Amérique (35,9%), les Pays-Bas (12,5%), l’Allemagne (7,6%), l’Australie (4,5%) et le Royaume-Uni (4,1%). Les marchés émergents de ce secteur sont constitués de l’Italie, de la Russie, et du Japon qui représentent respectivement 33%, 32%, et 22% de taux de croissance entre 2009 et 2010. A cela s’ajoutent la Chine, la France, le Canada, les Emirats Arabes Unis, etc.
Par ailleurs, la noix de cajou est souvent vendue décortiquée, à cause de l’huile corrosive contenue entre ses deux coquilles. C’est l’un des fruits à écale et oléagineux les moins riches en lipides. Habituellement, elle est rôtie dans l’huile et additionnée ou non de sel. En plus d’être dotée de vitamines et de minéraux intéressants, elle contient des principes actifs qui lui confèrent des bénéfices pour la santé. La noix de cajou est désormais répandue dans plusieurs coins du monde et est devenue un aliment essentiel.
L’anacardier du nom scientifique « Anacardium occidentale » est un arbre d’origine sud-américaine (le Brésil et le Mexique notamment), mais qui est répandu dans tous les coins du monde, notamment en Asie de l’Est et également en Afrique (en Tanzanie par exemple). Il est généralement cultivé pour son fruit, la pomme de cajou, et celle-là forme à son extrémité la noix de cajou. Ladite noix est en forme de rein composée d’une coque à deux parois avec un endocarpe mince, un mésocarpe toxique, un épicarpe dur et un noyau comestible entouré d’une mince testa. La noix de cajou contient une amande qui, une fois décortiquée, grillée et salée constitue un produit d’exportation.
La pomme de cajou peut être consommée crue, cuite ou en sous forme de jus. Elle a un goût sucré et sa couleur varie du jaune au rouge. A maturité, le fruit ne se fend pas, mais une fois qu’il est assez développé, son réceptacle gonfle et devient un faux-fruit comestible charnu, juteux, en forme de poire ou de pomme, dite pomme de cajou. La production et la qualité des noix de cajou sont meilleures si la période de floraison et de maturation des fruits survient pendant la saison sèche.
Source : Global Cashew Council