La fabrication des beignets devient de plus en plus un business florissant pour beaucoup de citadins. Ce travail jadis exercé par un petit nombre, est maintenant une aubaine pour les jeunes entrepreneurs. Il suffit de voir chaque matin les vélos, motos ou voitures qui pullulent dans différents quartiers de Bujumbura pour se demander dans quelle mesure cette activité serait rentable
Christophe Niyonzima est un fabricant de beignets dans le quartier de Gikungu depuis 2010. Il nous révèle ses astuces fétiches pour que ses beignets soient les plus préférés. « J’utilise la farine Ingoma en provenance de la société Minolacs de Muramvya depuis que je me suis lancé dans ce business », confie-t-il. Pour lui, cette farine est concentrée par rapport à celle d’Azania. Comme huile, Niyonzima utilise « Cooki », car le goût de cette huile est impeccable, selon ses clients. « Chaque fois que je livre les beignets, j’échange avec mes clients pour connaitre leurs avis. Ce qui me permet de faire des améliorations pour satisfaire la demande », nous indique Niyonzima.
Actuellement, avec le prix du pain qui devient un peu exorbitant par rapport au pouvoir d’achat des ménages, les parents préfèrent beaucoup plus les beignets pour le petit déjeuner de leurs enfants.
L’organisation du travail doit être primordiale
Niyonzima se lève toujours très tôt le matin. « Dès l’aube, moi et mon compagnon sommes debout pour le travail, car nous devons livrer les beignets au plus tard neuf heures du matin », raconte-t-il. Le temps que le foyer soit prêt et que l’huile chauffe, ces jeunes hommes sont occupés à mettre la main à la pâte. A côté de la farine, ils ajoutent le sucre local ainsi que le sucre vanille et la levure de type « chapa mandazi ». Ce processus dure une demi-heure avant que les premiers beignets soient mis dans la marmite. « Nous pouvons cuire une soixantaine de beignets à la fois. Donc étant à deux, plus de 120 beignets sont fabriqués en une demie heure », indique Niyonzima. Ils peuvent utiliser la même huile que deux fois et ça ne change rien de la saveur de leurs beignets car, si on l’utilise plusieurs fois, le goût risque d’être plus grillé que fluide. « Nous utilisons 10 litres d’huile pour 50 kg de farine par jour, mais nous pouvons augmenter la quantité selon la demande », fait-il savoir.
La forte concurrence, une épine dans le pied des fabricants de beignets
Niyonzima affirme que maintenant beaucoup de personnes s’intéressent au commerce des beignets. Ce qui l’a poussé à diminuer la production par manque de débouchés. « En 2010 quand je me suis lancé dans ce business, j’étais le seul fabriquant de beignets dans mon quartier et j’approvisionnais presque toutes les boutiques du quartier et même les alimentations du centre-ville », indique-t-il avant d’ajouter que pendant ce temps il arrivait à écouler aisément plus de 2.000 beignets par jour. Avec la diminution de la production, même les moyens de locomotion sont devenus rudimentaires. « Quand le commerce de beignets était encore prospère, je pouvais louer un taxi pour des livraisons au centre-ville. Maintenant, puisqu’on ne traverse pas les ponts avec un vélo, je me contente de ravitailler mes clients du quartier uniquement », martèle Niyonzima. Il déplore également une concurrence parfois déloyale. Les nouveaux fabricants usent de la malhonnêteté en se faisant passer pour lui, car il est très connu et apprécié. Le nombre de boutiques dans lesquelles il livrait ses beignets a diminué presque de moitié.
Les boutiquiers profitent aussi du commerce des beignets
Le prix d’un beignet varie de 100 FBu à 200 FBu selon le format. Dans un sachet de beignets à 100 FBu, les fabricants mettent 12 pièces. Ce qui permet au boutiquier de générer un bénéfice de 200 FBu par sachet de 1.000 FBu. « Actuellement avec le prix du pain qui devient un peu exorbitant par rapport au pouvoir d’achat des ménages, les parents préfèrent beaucoup plus les beignets pour le petit déjeuner de leurs enfants. Donc on écoule les beignets en un peu de temps », fait savoir Bernard Bukuru, un boutiquier du quartier Bwiza. Selon lui, une commande dépasse rarement trois jours sur les étagères. « Chaque jour, je dois commander au moins une dizaine de sachets et des fois une douzaine » témoigne-t-il.
Même si ce commerce est prisé, les conditions de fabrication des beignets pour certains ne sont pas très connues. Les dates de péremption ou les ingrédients utilisés sont rarement révélés. D’où la nécessité pour les fabricants de fournir les informations nécessaires afin de rassurer les consommateurs.