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Feuille de route pour un entrepreneur

L’entrepreneuriat est à la fois un art et une technique. Les jeunes entrepreneurs nécessitent un accompagnement pour démarrer une activité entrepreneuriale. De la recherche d’une idée d’entreprise à la création d’une entreprise, Burundi Eco vous propose un protocole pour lancer une activité génératrice de revenus

Dans les pays développés, le secteur privé est pourvoyeur d’emplois par rapport au secteur public. Par contre, le Burundi connait une faible croissance faible caractérisée par une pauvreté généralisée avec un taux de chômage élevé qui touche particulièrement les jeunes. Une des façons pour s’en sortir est de devenir entrepreneur pour les jeunes, explique M. Richard Sinzinkayo, chargé de projet, de la diversité culturelle et de la cohésion sociale chez REJA (Réseau des organisations des Jeunes en Action pour la paix, la réconciliation et le développement). Pour développer ce secteur, on doit nécessairement passer par l’entrepreneuriat. Et il est généralement conseillé d’entreprendre quand on est encore jeune, insiste Sinzinkayo.

Richard Sinzinkayo, chargé de projet chez REJA : « Il est généralement conseillé d’entreprendre quand on est encore jeune»

A la recherche d’une idée entrepreneuriale

Il n’y a pas de baguette magique pour entreprendre. Il suffit d’avoir de la passion et surtout d’investir dans les secteurs qui vous intéressent. « L’entrepreneur apparait généralement curieux de ce qui l’entoure. Il observe les objets et repense leur utilisation. Il observe les gens et enregistre leurs comportements, leurs habitudes », suggèrent Georges Hénault et Claude ALbagli dans leur livre intutilé « Création d’entreprises en Afrique »

Les mêmes auteurs poursuivent en disant que les idées d’un entrepreneur visent à répondre aux besoins qu’il a nettement identifiés. «Un bon entrepreneur jette le regard sur son environnement immédiat. Ce qui lui permet de repérer les besoins insatisfaits, les objets qui pourraient être repensés, améliorés ou d’autres qui pourraient être mieux adaptés», révèlent Georges et son Coauteur Le cas des agences de transport est plus parlant. Le secteur du transport existe depuis longtemps au Burundi, mais l’arrivée des agences Memento et Volcano a révolutionné le secteur des transports en commun.

L’ouvrage sur la création d’entreprise indique que la meilleure source d’inspiration, de créativité, c’est vous. Arrêtez l’auto-censure et exploitez votre originalité. Il faut éviter à tout prix le sentiment : je ne suis pas à la hauteur. « Vous avez une façon particulière de voir les choses, pourquoi ne pourrait-elle pas servir à développer une idée d’entreprise. Un rêve ou une activité de loisir est souvent à l’origine de bonnes affaires »,lit-on dans l’ouvrage ci-haut cité.

La contribution des centres d’incubation à l’entrepreneuriat

Comme vous allez le découvrir à travers ce numéro, les centres d’incubation aident les jeunes entrepreneurs à décoller. Ces centres se multiplient pour appuyer les jeunes entrepreneurs en matière de renforcement des capacités et d’accès au financement. Burundi Business Incubator (BBIN) a déjà accompagné pas mal de jeunes dans la création d’entreprises à travers son concours Shika. Il en est de même pour le REJA qui accompagne les jeunes entrepreneurs dans la rentabilisation de leurs entreprises. Les jeunes qui veulent mûrir leurs idées peuvent approcher différents centres. Un nouveau centre d’incubation en agribusiness se profile à l’horizon. Elle sera connue sous le nom de Youth Agribusiness Incubator YAIN en sigle. Il prévoit notamment la création d’un centre d’innovation en agro-industrie et la mise en place d’un modèle de financement des start-ups des jeunes.

L’accès au financement

Le système bancaire actuel ne favorise pas les jeunes. Pour accéder aux crédits, les banques exigent des garanties. Or, les jeunes n’ont pas de biens à hypothéquer. Pour contourner cette contrainte, la meilleure façon consiste à former des groupements de solidarité. L’approche Village Savings and Loans Association qui se traduit en français par Association Villageoise d’Epargne et de Crédit est un excellent outil financier de promotion des communautés surtout en milieu rural. REJA encadre les jeunes sur les collines avec cette approche. « Nous incitons les jeunes à se regrouper en de petites associations. Et ils cotisent dans une caisse commune dont le montant est remis à tour de rôle à chacun d’entre eux », explique Sinzinkayo.

Plusieurs organisations  œuvrant dans le développement du pays vulgarisent cette approche qui connait dessuccèssurtout dans les provinces du nord du pays. Elle fonctionne à l’image des tontines à la seule différence que les membres de l’association évoluent vers la création des entreprises en bonne et due forme.

Quid de la réglementation en vigueur ?

Les entrepreneurs fustigent les tracasseries administratives faites à l’égard de leurs entreprises. Par ailleurs, l’entrepreneur ne va pas demeurer éternellement dans l’informel. Il doit migrer vers le secteur formel. Pour ce faire, il doit élaborer un cadre légal lui permettant de s’acquitter convenablement de ses devoirs civiques (paiement d’impôts et taxes, déclarations, paiement de droits de douanes, etc).

Une série de documents est exigée pour intégrer une entreprise dans le secteur formel. Il s’agit entre autres du Numéro d’Identification Fiscale (NIF), du Registre de Commerce (RC), des autorisations d’ouverture, etc. L’administration publique et fiscale se partagent la tâche dans cette affaire.

Pour faire enregistrer son entreprise, l’Agence de Promotion des Investissements (API) a mis à la disposition des investisseurs un guichet unique pour la création d’entreprises. En une seule journée, l’entrepreneur rentre avec son NIF et son RC. Les autres documents sont délivrés au niveau de l’administration locale par les administrateurs communaux en collaboration avec els chefs de quartiers et ou de zones.

Les obstacles à l’entrepreneuriat des jeunes

Sinzinkayo indique que le premier défi auquel fait face le jeune entrepreneur est lié à l’accès au crédit. Viennent ensuite la méconnaissance du marché et l’identification des besoins de la communauté. Quoi qu’il y ait de bons résultats chez les jeunes qui osent entreprendre, d’autres jeunes hésitent et attendent toujours d’être embauchés quelque part.  Sinzinkayo appelle les jeunes à militer pour leur autonomie financière. L’entrepreneuriat regorge d’énormespotentialités pour réaliser ce rêve, conclut-il.

Les spécialistes estiment que pour entreprendre, il ne faut pas commencer par de grandes sociétés bien faites. L’expérience a montré que les entreprises qui prospèrent sont celles qui naissent à partir de rien et qui voient leurs chiffres d’affaires augmenter en flèche d’années en années.

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