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Filière lait : un secteur délaissé

La production du lait reste insuffisante malgré des projets de repeuplement du cheptel. Le secteur de l’élevage reste non subventionné alors qu’il est indissociable de l’agriculture. La restructuration de ce secteur et la mise en place d’une autorité de régulation du lait sont plus que nécessaires

Le Directeur Général de Modern Dairy Burundi propose la mise en place d’une autorité de régulation du lait.

 

La filière lait aura été parmi les points qui ont retenu l’attention lors du forum sur le secteur privé qui s’est tenu le 2 novembre 2022. Sur le plateau, un invité qui investit dans le secteur laitier répondant au nom de Juma Mohamed, directeur général de Modern Dairy Burundi connu sous la marque commerciale Natura. 

L’homme d’affaires explique d’abord que le secteur de l’élevage a été relégué aux oubliettes. Malgré qu’il soit indissociable de l’agriculture, le secteur de l’élevage n’est pas subventionné. «L’élevage et l’agriculture sont deux secteurs indissociables mais seul le secteur de l’agriculture est subventionné». Plus de 213 milliards de FBu par an sont décaissés pour la distribution des engrais alors que le secteur de l’élevage ne reçoit rien du gouvernement. 

La pérennisation des projets de repeuplement du cheptel qui ont été financés par l’lDA et exécutés par FIDA reste problématique. 

Selon lui, après avoir procédé au repeuplement du cheptel et à la construction des infrastructures de stockage du lait réfrigéré, la pérennisation des actions n’a pas suivi. La production laitière reste faible. Après avoir distribué 20 mille vaches, il n’y a pas eu de politique d’insémination artificielle et de politique d’alimentation du bétail. 

Ces 20 mille vaches n’ont pas eu de progéniture. « Aujourd’hui, le lait qu’on a est peut-être suffisant pour la consommation locale mais on ne peut l’exporter alors l’agroalimentaire demeure le secteur clé dans l’exportation ». 

Que faire ?

La restructuration du secteur de l’élevage à l’instar de celui de l’agriculture est un enjeu de taille. Il faudrait financer ce secteur, indique Juma Mohamed. Sur la part du budget alloué à l’agriculture, il faudrait réserver de 10 à 20 % pour financer le secteur de l’élevage. « Ce fonds servirait à financer l’insémination artificielle. A l’intérieur du pays, les paysans élèvent une vache plus de deux ans sans qu’elle puisse se reproduire. Il va finir par la vendre ».

Juma Mohamed propose de financer les mesures d’accompagnement qui devraient être prises après la clôture des projets de repeuplement du cheptel. Selon lui, il est nécessaire de refinancer le repeuplement du cheptel, mais en ciblant des bénéficiaires autres que les personnes à faible revenu. Des gens qui ont la capacité managériale de gérer une ferme. A ce moment-là on pourrait s’attendre à l’augmentation de la production laitière.

Une autorité de régulation du lait, plus que nécessaire

Le directeur général de Modern Dairy Burundi trouve qu’il faudrait mettre en place une autorité de régulation du lait. « Le lait soit un produit périssable. Il faut le réguler ». Il déplore que le Burundi est le seul pays de la sous-région où une autorité de régulation du lait n’existe pas. Au Rwanda, il y a le Rwanda Dairy Bord. De même au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie. 

L’Etat lui donne le pouvoir pourrait lui permettre de réguler et d’organiser la filière lait, notamment en ce qui est de l’insémination artificielle, de l’alimentation bétail, de la qualité du lait, du contrôle du lait qui entre au Burundi, de la politique de financement des industries laitières. En Tanzanie, l’Etat lui a donné le pouvoir de collecter ses taxes à travers différentes expertises entre autres l’octroi des licences d’importation, des autorisations aux maisons de vente de lait, dans l’inspection des locaux. 

Juma Mohamed recommande aux autorités burundaises d’effectuer des visites dans ces pays pour voir comment ces autorités sont organisées. 

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