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Le financement du secteur agricole va decrescendo

Même si le secteur agricole représente 40% du PIB, son financement reste rudimentaire. Cela a été indiqué par les panélistes lors de la table ronde organisée par le réseau AgriProFocus et l’organisation Inter-Eglises de Coopération au Développement (ICCO).

Le secteur agricole est financé à un taux faible par rapport aux autres secteurs financés par la Banque de la République du Burundi (BRB), indique Pélagie Nyandwi, chargée du marché monétaire au sein de la BRB. Selon Marie Louise Kamikazi, représentante du Réseau des Institutions Microfinance (RIM), le taux du crédit global accordé aux agriculteurs est de 9%.

Photo de famille

Les causes de ce taux

Elle explique que ce non financement du secteur agricole est lié à quatre facteurs principaux dont la faible liquidité des institutions de microfinance, les coûts élevés des ressources et la capacité limitée de mobilisation des fonds pour faire face à des séquences saisonnières . Elle ajoute aussi que le secteur agricole est à risque et est sujet à de nombreux aléas climatiques.

25% du crédit agricole n’a pas été remboursé à la FENACOBU

Selon Innocent Barungura, directeur des opérations au sein de la FENACOBU (Fédération Nationale des Coopecs du Burundi), la part du crédit agricole de 2013 à 2017est passée de trois milliards cent millions de FBu à six milliards cinq millions de FBu. Et Barungura de s’inquiéter que 25% du crédit global contracté à la FENACOBU n’est pas actuellement remboursé. C’est un défi majeur pour la pérennisation des activités de cette institution financière.

Le FIDA au chevet des agriculteurs

Esperance Musirimu (paneliste de FIDA à cette table ronde):« Le financement du monde rural est un des outils efficaces pour l’élimination de la pauvreté».

Selon Esperance Musirimu qui a représenté le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) à cette table ronde, le financement du monde rural est un des outils efficaces pour l’élimination de la pauvreté. Malheureusement, il n’est pas financé au même titre que les autres secteurs. Selon elle, le FIDA finance beaucoup plus les coopératives de production du lait, du maïs, des haricots et du riz. Il s’occupe aussi des femmes et des populations pauvres. Il leur octroie aussi un crédit en nature (des vaches), martèle-t-elle.

Marie Louise Sabiyumva, directeur général de la CECM indique que son institution travaille avec les agriculteurs et les éleveurs. De 2014 à 2017, un crédit agricole d’un montant de 319 958 000 FBu a été accordé aux cultivateurs du sorgho pour la production et la commercialisation. Pour la culture du riz, c’est un montant de 4 100 914 500 FBu qui a été octroyé aux riziculteurs. A la CECM, les crédits solidaires s’octroient uniquement aux femmes. Sabiyumva fait remarquer que certaines d’entre elles s’en réjouissent. C’est grâce aux efforts consentis par la CECM qu’elles ont réussi car on fait un suivi strict depuis la phase de production jusqu’à celle de commercialisation.

Malgré les comportements fugaces des institutions de microfinance quant au financement du secteur agricole, l’agriculture joue un rôle important dans l’économie burundaise .Elle occupe environ 90% de la population active, représente 40% du PIB et fournit 95% de l’offre alimentaire. Cependant, on estime que 75% de la population est touchée par l’insécurité alimentaire et 58% des enfants burundais de moins de 5 ans souffrent de la malnutrition chronique. On estime aussi que 70% de la population burundaise vit avec un revenu inférieur à un dollar par jour.
Signalons que les panélistes précisent que le financement du secteur agricole est possible, mais difficile.

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