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Fixation des prix de certains produits vivriers : La loi de l’offre et de la demande avant tout

En guise « d’augmenter et valoriser la production agro pastorale », le gouvernement du Burundi via le ministère ayant l’agriculture dans ses attributions a fixé les prix de certaines denrées alimentaires. Pourtant, cette solution n’en a pas été une. Les prix fixés n’ont pas étés respectés. Selon l’économiste Léonidas Ndayizeye, pour ne pas freiner le libéralisme économique, seules l’offre et la demande devraient réguler les prix    

Depuis la fixation des prix par le gouvernement pour certains produits vivriers, les prix des denrées alimentaires de première nécessité sont instables sur le marché. Celles dont les prix ont été fixés ne font pas l’exception. Comme l’indiquent différents acheteurs rencontrés au marché de Cibitoke, la vie devient de plus en plus insupportable suite à une flambée exagérée des prix. Ces acheteurs trouvent que les vendeurs fixent les prix selon leur volonté et l’acheteur le paie cher.  Ils demandent au gouvernement de punir sévèrement les vendeurs qui ne respectent pas les prix fixés.

A leur tour, les vendeurs qui se sont exprimés ont montré que les prix des denrées alimentaires sur le marché dépendent de pas mal de facteurs. A part que le prix d’un produit sur le marché tient compte du prix d’achat chez le producteur, ces vendeurs déplorent qu’il y a beaucoup de dépenses tels que les frais de transport (amplifiés par la pénurie du carburant), les différentes taxes, etc. que le gouvernement n’a pas pris en considération en fixant les prix. Toutefois, ils demandent au gouvernement de donner la liberté de négociation des prix au vendeur et à l’acheteur selon leurs calculs.

Léonidas Ndayizeye, chercheur et enseignant à l’université du Burundi : « Toute mesure qui entraîne la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs est absolument défavorable à l’économie dans son ensemble ».

Qui en profite finalement?

Cette fixation des prix « tenant compte de l’effort fourni par l’agriculteur et de la rémunération y relative », selon le ministre Rurema, semble ne pas satisfaire les agriculteurs. Selon Jean Marie Niyongabo, représentant légal du Forum des Producteurs Agricoles du Burundi FOPABU, les énergies fournies par les agriculteurs n’ont pas été prises en compte lors de la fixation des prix de certains produits vivriers.

Selon lui, toutes les parties prenantes doivent être consultées pour trouver une solution adéquate à cette question. Les agriculteurs qui se sont entretenu avec nos confrères, ont fait savoir qu’avec toutes les exigences de l’agriculture (la cherté des semences, des fertilisants et de la main d’œuvre…), le changement climatique et l’irrégularité dans la distribution des fertilisants… il est difficile voire impossible de respecter tels que les prix fixés par le gouvernement. Selon Acia Irankunda, agricultrice et vice-présidente de l’association des vendeurs des pommes de terre au marché de Kayanza, quand la moisson n’est pas bonne, les prix des différents produits alimentaires montent et  baissent automatiquement au cas contraire.

Pour pallier à ces défis, ces agriculteurs estiment qu’au lieu de fixer uniquement les prix, le gouvernement devrait plutôt penser à acheter la récolte aux agriculteurs une fois en abondance. Il  pourrait constituer des stocks stratégiques pour les revendre lorsqu’il estime que la population en a le plus besoin.

Un frein au libéralisme économique

Selon Léonidas Ndayizeye, chercheur et enseignant à l’université du Burundi, économiquement, on déconseille les pouvoirs publics d’intervenir dans la fixation des prix, surtout lorsque les produits ne sont pas stratégiques. Pour lui, l’intervention des pouvoirs publics dans la fixation des prix constitue un frein au libéralisme économique. Selon cet économiste, le gouvernement peut fixer et soutenir un prix qui est soit supérieur, soit inférieur à celui qui serait fixé par le marché si l’Etat n’était pas intervenu. Dans tous les cas, il y a des conséquences. Pour le premier cas, la conséquence est que les producteurs sont favorisés au détriment des consommateurs. « Toute mesure qui entraîne à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs est absolument défavorable à l’économie dans son ensemble », conclut-il.

Rappelons que les produits concernés par cette fixation des prix étaient le maïs, la pomme de terre, le riz, le haricot, les oignons rouges et blancs.

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