La vie de certains habitants de la capitale économique est loin d’être facile. Une hausse persistante des prix des aliments de première nécessité contribue grandement aux difficultés qui meublent leur quotidien. Interrogés par un reporter du Journal Burundi Eco, certains commerçants appellent le gouvernement à se concentrer davantage sur des stratégies destinées à redynamiser le secteur de l’agriculture, car la majorité de la population burundaise en dépend. Reportage
Nous sommes mercredi le 2 octobre 2024. Il est 11h 55 minutes et le soleil brille intensément dans le ciel bleu. Un reporter du journal Burundi Eco se rend au marché de Ngagara II, communément appelé Cotebu pour collecter des informations sur les prix des denrées alimentaires.
Nous entrons dans le marché en passant par l’avenue de l’OUA. A gauche et à droite, nous apercevons différents types de marchandises, notamment celles emballées dans des bouteilles en plastique comme Tangawizi, Malt, Energy, Aquavie, Mirinda, etc. Certains commerçants sont présents, mais manquent de clients. Nous avançons un peu pour atteindre la zone où divers produits alimentaires sont proposés à la vente. D’après les informations recueillies sur place, les prix des biens de consommation varient souvent, augmentant parfois et baissant à d’autres moments.
Une consommatrice rencontrée à ce marché nous confie avec regret qu’actuellement le coût de la vie ne cesse d’augmenter. « Nous ne connaissons pas la véritable cause de cette cherté de la vie, mais nous pensons que la pénurie de carburant et la celle des devises figurent parmi les causes de la flambée des prix des produits de première nécessité », révèle-t-elle. Parallèlement, une autre vendeuse de produits de première nécessité nous fait savoir que la clientèle diminue chaque jour en raison de l’augmentation des prix des denrées alimentaires.
Appel à des mesures gouvernementales visant à soutenir l’agriculture et le commerce
« Nous demandons aux responsables et au gouvernement, tant dans le secteur commercial que dans tout autre domaine de la vie nationale de veiller à la disponibilité des devises », demande Emile Ngendakumana, un commerçant des denrées alimentaires au marché de Cotebu.
Pour lui, il est crucial que les autorités soutiennent les agriculteurs en leur fournissant des formations sur les pratiques agricoles modernes. De plus, il est essentiel de leur garantir un approvisionnement en engrais dans des délais appropriés, ainsi que d’autres ressources susceptibles de les aider à améliorer leur rendement.
La hausse des prix réduit la clientèle
Ngendakumana livre son analyse sur l’augmentation exponentielle des prix des denrées alimentaires. Selon lui, cette situation résulte de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la région traverse une période de disette où les récoltes de denrées alimentaires de première nécessité sont actuellement inexistantes. Les habitants comptent sur les stocks de la dernière récolte datée de juin. Ce qui contribue à la montée des prix. Le nombre des clients est limité, car cette période coïncide avec le début de l’année scolaire, une période où les familles concentrent leurs ressources sur l’achat du matériel scolaire, détournant ainsi une partie de leurs budgets destinés à l’approvisionnement en denrées alimentaires. De plus, c’est le commencement de la saison culturale 2025 A qui marque le début des semis de maïs, de haricots, de manioc, etc.
Au cours des dernières années, cette période coïncidait avec la hausse des prix des produits alimentaires. Toutefois, cette année, cette augmentation est jugée particulièrement excessive. Ngendakumana conclut que tous ces facteurs sont interdépendants et contribuent à la flambée des prix des aliments produits localement.
Impact de la dévaluation du Franc burundais sur les prix des produits importés
Concernant les produits importés, la dévaluation du Franc burundais et la cherté des devises impactent significativement leurs prix. Pour les importateurs, la pénurie des devises pose un véritable problème. Parfois, ceux qui importent de petites quantités fixent eux-mêmes les prix afin de générer des bénéfices.
La cherté des devises par rapport à notre monnaie nationale entraîne une augmentation des prix des produits importés. Ainsi, ces derniers mois, un produit qui coûtait 50 000 FBu, peut aujourd’hui revenir à 80 000 FBu ou 90 000 FBu. C’est le cas des produits alimentaires comme l’huile de tournesol, Golden et les mayonnaises, entre autres, indique le commerçant Ngendakumana.
Les conséquences se font sentir tant du côté des commerçants que des clients
Du côté des commerçants, on observe une diminution du nombre de clients en raison de la faiblesse de leur pouvoir d’achat. Parmi notre clientèle, on trouve des intellectuels qui peinent parfois à acquérir tout ce dont ils ont besoin, les poussant à abandonner l’achat de certains produits. Cette réaction est compréhensible, car le coût de la vie ne se limite pas aux denrées alimentaires de première nécessité, il englobe également les dépenses liées aux loyers, aux déplacements, à la scolarité des enfants, etc. Nos clients sont véritablement confrontés à diverses difficultés, car même si les prix des marchandises augmentent, leurs salaires demeurent bas, souligne un commerçant.
Ainsi, une personne issue d’un foyer à plusieurs membres se voit contrainte de modifier son régime alimentaire en privilégiant la quantité au détriment de la qualité. Je tiens également à souligner qu’il existe d’autres catégories de personnes à revenus très faibles qui peuvent même passer une journée sans rien manger.
Comparaison des prix de certaines denrées alimentaires du mois d’août 2024 et ceux du 02 octobre 2024
Articles | Prix Avril 2024 par Kg en FBu | Prix du 2 août 2024 par Kg en FBu |
Riz Tanzanien | 6 000 | 6 500 |
Riz moins cher (produit localement) | 4 000 | 4 200 |
Haricots jaunes | 5 000 | 6 000 |
Haricots de type Kinure | 3 200 | 3 500 |
Haricots de type Kirundo | 2 600 | 3 000 |
Oignons blancs | 2 000 | 1 500 |
Oignons rouges | 2 000 | 2 000 |
Pommes de terre | 2 000 | 2 100 |
Banane verte | 1 200 | 1 400 |
Petits pois frais | 7 000 | 8 000 |
Haricots frais | 7 000 | 6 000 |
Viande de bœuf sans os | 22 000 | 26 000 |
Viande de bœuf avec os | 20 000 | 22 000 |
Tomates | 3 000 | 2 000 |
Huile de palme | 8 000 (1.5L) | 7 000 ( 1.5) |
Huile de palme raffinée | 18 000 ( 1.5L) | 17 000 ( 1.5) |
Produit halieutiques ( ndagalas) | entre 100 000 et 130 000 | entre 50 000 et 70 000 |