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 Floride Ngendakuriyo, la médiatrice polyvalente

Floride Ngendakuriyo combine depuis les années 2000 la gestion des conflits dans les ménages, l’éducation sexuelle et les travaux ménagers. Les travaux qu’elle mène sont entre autres trancher les litiges, rechercher les maris qui abandonnent leurs ménages pour aller former d’autres ailleurs, sensibiliser les jeunes sur la santé sexuelle et reproductive, entretenir les champs de riz, faire la cuisine…

Floride Ngendakuriyo, une femme médiatrice : « Notre rôle est de trancher les litiges et dresser de transmettre les à la hiérarchie supérieure ».

 

« Les périodes de crise qu’a traversé notre pays m’ont donné l’occasion de bénéficier des formations en rapport avec l’aide de ceux qui ont subi les violences basées sur le genre, ceux qui ont déprimés… », déclare Floride Ngendakuriyo âgée de 45 enfants, mère de 7 enfants habitant la colline Gahwazi I, commune Mpanda dans la province de Bubanza.

Ainsi, depuis 2014, elle a été nommée cheffe des 4 médiatrices (Abakanguriramahoro) élues dans la commune de Mpanda. « Notre rôle est de régler les litiges et transmettre les rapports à la hiérarchie supérieure », indique Mme Ngendakuriyo.

La période de la moisson, la plus dangereuse

Mme Ngendakuriyo reconnait la période de récolte comme une période de multiplicité des conflits liés surtout aux violences conjugales dans les ménages.

Pour elle, les femmes cultivent, sèment et récoltent des productions, mais n’en consomment pas. Leurs conjoints prennent la production et la vende au marché. « Ils passent leur temps en consommant la sueur de leurs épouses dans les bistrots et des fois ils prennent des concubines », déplore Mme Ngendakuriyo.

Elle avoue que des hommes quittent leurs femmes légales pour aller former des ménages ailleurs là où on ne les connait pas. Dans ce cas, nous les médiateurs, nous faisons des enquêtes. « Une fois déniché là où il est installé, nous avisons les ayants droits. En cas d’urgence, même la police intervient », informe-t-elle avant de regretter que lorsqu’ils portent de tels cas devant la justice, des fois les concernés sont vite libérés sans être sanctionnés. Ce qui fait qu’en retour, les médiatrices peuvent subir des menaces.

Mme Ngendakuriyo indique que même les femmes peuvent contribuer dans la rupture des relations conjugales. « Cela faisait un bon bout de temps que nous étions en train de mettre hors d’état de nuire un groupe de femmes dans la commune de Gihanga, province de Bubanza qui s’était donner l’objectif de détruire les familles », martèle-t-elle.

Formation des associations pour s’autosuffire

Mme Ngendakuriyo fait savoir que l’origine de pas mal de violences que les femmes subissent est le manque d’autonomie qui fait qu’elles quémandent même un savon de 200 FBu.

C’est pourquoi, confirme Mme Ngendakuriyo, j’ai créé 11 associations féminines dans la commune de Mpanda regroupant entre 10 et 15 femmes chacune. Celles-ci ont commencé à créer des tontines et s’octroyer des crédits mutuellement. « Puis elles ont débuté immédiatement à faire le commerce en groupe de l’huile de palme, du riz, du maïs et des noix de palmier à huile », annonce-t-elle.

Mme Ngendakuriyo avise que ces femmes ont franchi un pas maintenant. « Certaines d’entre elles pratiquent l’élevage des porcs, du petit bétail et des volailles », informe-t-elle.

Par ailleurs, renchérit Mme Ngendakuriyo, actuellement il existe des femmes membres des associations qui travaillent en solo et d’autres en groupes. Elles arrivent à un stade où elles demandent des crédits dans les microfinances comme CECM et Eden microfinance. L’association, à son tour, les avalisent, notifie-t-elle.

Mme Ngendakuriyo signale enfin que les mamans médiatrices forment des filles médiatrices qui vont les remplacer pendant la retraite. Elle s’inquiète en outre qu’il existe encore des femmes qui n’osent pas dénoncer les violences qu’elles subissent. Au cours de cette année 2023, conclut-elle, nous avons seulement accueilli 10 femmes qui sont venues demander secours aux médiatrices.

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