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Avec leur formation, ils sont capables d’ entreprendre

Entreprendre ne demande pas nécessairement beaucoup de moyens, mais avec les capacités techniques et managériales, on peut démarrer ses activités si petites soient-elles. Ceci ressort d’un entretien avec Pierre Claver Nduwumwami, directeur de Burundi Business Incubator (BBIN) sur l’avenir des recalés de l’école fondamentale.

 

Burundi Eco : Que pensez-vous de la Culture d’entrepreneurial  chez les recalés des écoles  fondamentales ?

 

Pierre Claver Nduwumwami : J’imagine que pour le gouvernement l’objectif était de donner des outils à ces jeunes qui n’ont pas eu la chance de poursuivre l’enseignement formel, qu’ils ne partent pas sans outils qui peuvent les rendre autonomes, de susciter l’esprit entrepreneurial chez les jeunes. Est-ce que l’objectif a été atteint ? Ces jeunes sont-ils outillés  pour devenir entrepreneurs ? Je doute très fort parce que pour être entrepreneur, il ne suffit pas de suivre un module sur la culture entrepreneuriale. C’est beaucoup plus que ça. Cela demande un environnement favorable.

 

Oui c’est une bonne chose que ces jeunes soient au moins sensibilisés sur le fait qu’ils peuvent monter leurs propres activités si petites soient-elles, mais cela ne suffit pas.

 

B.E : Sont-ils capables de démarrer leurs propres activités ?

 

P.C.N : On ne demande pas à ces jeunes qui viennent de terminer l’école fondamentale de démarrer une entreprise formelle tout de suite. Ce qui est nécessaire c’est déjà de se dire, je ne suis plus à l’école pour suivre une formation formelle ni même technique mais je ne suis pas handicapé, je sais lire et écrire, je sais compter, j’ai appris tant de choses et j’ai des bras pour faire quelque chose. Bref ces jeunes sont capable car ils jouissent des capacités physiques mais aussi le mentales. Avec cette base, il y a un tas de choses à faire. Un élevage de lapins, de chèvres. On peut même cultiver son jardin de tomates, d’aubergines, etc. Donc il ne faut pas penser tout de suite à démarrer avec de grandes entreprises comme le COTEBU. Il faut juste mettre en tête qu’il y a des besoins dans la communauté qu’on peut satisfaire avec ce qu’on sait faire. Même s’il y a ce que je ne sais pas faire je peux apprendre à le faire. On ne leur demande pas de créer une entreprise, mais d’initier des activités génératrices de revenus. Et ils peuvent le faire individuellement ou collectivement.

 

Il faut les encourager dans cette optique parce que ce ne sont pas des bons à rien pour n’avoir pas pu continuer l’école, mais il faut leur trouver un cadre de renforcement des capacités. C’est dans ce sens que le gouvernement devrait agir et ne pas les laisser à eux-mêmes.

 

B .E : Est-ce qu’ils ne sont pas trop jeunes pour se lancer dans les affaires?

 

P.M.C. : Bien que l’âge soit un des facteurs, il n’est pas le seul. A la limite, plus on est jeunes, plus on est créatif et c’est un bon point pour l’entrepreneuriat. Ce n’est pas à 40 ou 50 ans qu’on va penser à démarrer son activité. Aussi avoir moins de 15 ans c’est peut-être trop jeune, mais à partir de 15 ans c’est un âge idéal pour vraiment penser à ce qu’on peut faire dans l’avenir, car c’est à cet âge là qu’on se permet de prendre des risques. C’est un facteur favorable parce qu’à cet âge on a la capacité d’apprendre

 

B.E : vont–ils trouver  facilement des moyens ?

 

P.C.N : Les obstacles sur le chemin de l’entrepreneuriat ne sont pas liés uniquement au capital ou à l’accès au financement. C’est un obstacle parmi tant d’autres. Mais le défi pourrait être le manque de compétence compétences techniques et managériales. Si je ne sais pas faire du vélo, fabriquer le pain, cultiver les tomates, utiliser la machine à coudre, ce n’est pas le financement qui constitue un obstacle. Mais il faut que ces jeunes réfléchissent aussi sur les débouchés de leurs produits. Il faut savoir s’il y a des besoins à satisfaire que les gens sont capables de payer ce qu’on offre. L’accès au financement est un obstacle, mais c’est le moindre. A titre d’exemple, acheter un lapin ou une chèvre ne demande que peu de moyens. Les parents qui ont financé les écoles ne peuvent pas manquer de moyens pour financer leurs enfants avec 5000 ou 10 000 FBu pour le démarrage de leurs petites activités qui peuvent générer un peu de revenus pour ces enfants qui viennent de terminer l’école fondamentale.

 

B.E : Qu’envisage le BBIN pour accompagner ces jeunes ?

 

Le BBIN reste une structure d’accompagnement. C’est notre mission. Nous avons des experts dans l’accompagnement des projets. Mais comme structure, le BBIN est une adresse pour ces jeunes qui ont envie de démarrer une activité ou n’ont même pas d’idées sur quoi faire bien que le service ne soit pas gratuit. Ces experts doivent être payés, et il y a d’autres coûts à supporter. Je conseillerai aux organisations qui veulent contribuer au développement de ce pays, d’approcher le BBIN pour aller ensemble sur terrain et identifier les besoins de ces jeunes. Comme on le fait pour le PRODEFI et le PNUD ce serait une bonne chose que le gouvernement encourage la multiplication de ce genre de structure parce que c’est à ce niveau là que les jeunes vont apprendre comment travailler, comment approcher le marché et comment limiter les pertes.

 

B.E :Un dernier mot ?

 

P.C.N : Le gouvernement devrait encourager les structures comme le BBIN, faire en sorte qu’ils soient nombreux afin qu’ils travaillent main dans la main pour promouvoir l’entrepreunariat. Il faut aussi créer un environnement favorable pour les affaires et sensibiliser de tous les agents de l’Etat afin qu’ils facilitent l’entrepreneur dans ses activités. Que chacun pense à la promotion de ces hommes d’affaires en herbe qui contribuent au renflouement du trésor public. Que le gouvernement et les ONG pensent à investir dans l’encadrement de ces jeunes qui viennent de terminer l’école fondamentale. Enfin, pour ces jeunes, il faut qu’ils saisissent cette opportunité qui s’offre à eux pour se lancer.

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