Le Burundi offre un potentiel diversifié pour les investissements, notamment dans l’agriculture, les mines, le tourisme, les technologies de l’information et de la communication (TIC), etc. En outre, des incitations fiscales attractives sont disponibles. Ces perspectives ont été présentées par Dr Révérien Nizigiyimana, directeur général de l’Agence de Développement du Burundi (ADB), lors du Forum économique du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), tenu à Bujumbura le 28 octobre 2024.
Tout cela est motivé par la vision du Burundi : Pays Emergent en 2040 et Pays Développé en 2060. À l’horizon 2040, le secteur agroalimentaire du Burundi sera compétitif. Les microclimats du pays confèrent à sa production agricole une qualité exceptionnelle en termes de goût, de saveur et de valeur nutritive, rare dans le monde. Cela inclut le café, le thé, les fruits, les légumes, le sucre, les poissons et le palmier à huile.
Le Burundi bénéficie d’une pluviométrie régulière tout au long de l’année et de températures douces, avoisinant les 20°C, qui permettent de produire des fruits et légumes bios d’une qualité gustative incomparable.
Un secteur minier prometteur
En 2040, le secteur minier du Burundi devrait être exploité au bénéfice de la population. Le pays possède une grande variété de ressources minières, telles que le nickel, le cobalt, l’or, la cassitérite, le wolfram et l’étain. Le Burundi détient le deuxième plus grand stock de coltan de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la deuxième plus grande réserve mondiale de nickel, avec trois gisements contenant environ 260 millions de tonnes, soit 6 % des réserves mondiales.
Cependant, l’exploitation artisanale des ressources minières limite la production. La vision du pays est de développer ce secteur via des partenariats publics-privés (PPP) avec des contrats équilibrés garantissant un partage équitable des revenus.
Des opportunités dans l’industrie de transformation
Le secteur manufacturier du Burundi offre de nombreuses opportunités, car la majorité des biens de consommation sont importés. Les industries à développer ont trait à la transformation des produits agroalimentaires, la production des matériaux de construction, des fertilisants agricoles, ainsi que l’industrie textile et de la chaussure. Le développement d’une industrie pharmaceutique est également nécessaire, car très peu de médicaments sont produits localement. Le Burundi a aussi besoin d’une industrie de fabrication d’emballages biodégradables.
En outre, le pays doit encourager la transformation des déchets ménagers en énergie pour remplacer le charbon de bois dans la ville de Bujumbura, ainsi que leur recyclage en engrais phosphatés. La fabrication des produits dérivés du cuir (chaussures, ceintures, sacs) et des matériaux de construction, ainsi que le développement des équipements informatiques sont également des besoins pressants.
Un secteur des services en pleine expansion
D’ici 2040, le Burundi prévoit un secteur des services diversifié, performant et moderne. Dans les TIC, le pays a besoin de start-up spécialisée dans le numérique pour répondre aux besoins du gouvernement (digitalisation des services publics) et du secteur financier (FinTech). Un internet haut débit est essentiel tout comme l’amélioration des TIC dans les entreprises et les écoles. Les centres d’appel et les entreprises de télécommunication sont encore peu nombreux au Burundi et doivent être développés.
Dans le secteur financier, le Burundi a besoin de banques internationales et de services associés, ainsi que d’un fonds de garantie pour soutenir les projets d’investissement viables. Le développement des bureaux d’information sur le crédit et les assurances internationales est également souhaitable.
Un potentiel touristique immense
Le Burundi possède des paysages variés et magnifiques. Le pays compte plus de 200 sites touristiques, dont 123 sont reconnus. Parmi les principales attractions figure le lac Tanganyika, la plus grande réserve d’eau douce au monde et le deuxième lac le plus profond de la planète « terre ». Ses côtes, encore peu exploitées, ont un potentiel touristique énorme. Des croisières, des restaurants flottants et des sports nautiques pourraient y être développés.
Le pays possède également des forêts et des parcs naturels. La forêt de la Kibira, un sanctuaire pour les singes et les chimpanzés et le parc de la Ruvubu, qui abrite plus de 1500 buffles constituent des attractions de premier plan. Le parc de la Rusizi est réputé pour ses crocodiles, ses hippopotames et ses oiseaux migrateurs. Les chutes de Karera et les sources thermales de Mugara sont également des sites naturels remarquables. Le Burundi est par ailleurs riche en danses culturelles, dont le célèbre tambour, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2014.
Un secteur énergétique à développer
En 2023, la capacité énergétique potentielle du Burundi était estimée à 1700 MW, mais seules 107,132 MW étaient effectivement exploitées, bien que le pays ait besoin de 1000 MW supplémentaires.
Les centrales hydroélectriques produisent 64,132 MW, les centrales solaires 7,5 MW et les centrales thermiques 35 MW, soit un déficit de 892,868 MW. Les projets en cours devraient combler cette lacune d’ici décembre 2030.
Des incitations attractives pour les investisseurs
Le code des investissements du Burundi prévoit des exonérations des droits de mutation en cas d’acquisition de biens immobiliers. Il prévoit également des exonérations de TVA et de droits de douane sur les matériaux de construction et les équipements pour les projets d’investissement. Le taux de l’impôt sur les sociétés est de 30 %, mais des réductions progressives sont accordées pendant les premières années d’activité.
Malgré son potentiel, le Burundi fait face à plusieurs défis. Le climat des affaires souffre de la rareté de l’énergie, des coupures fréquentes d’électricité, de l’indisponibilité des devises, des pénuries de carburant, de la concurrence déloyale, de la corruption, des problèmes de transport, etc.