Quotidiennement, les ménages utilisent beaucoup de bois dans la cuisson des aliments. Ce qui a un impact négatif sur l’environnement à cause du déboisement accéléré. Pourtant, les foyers améliorés « Bika Igiti » sont susceptibles de réduire le taux de bois utilisé dans la cuisson des aliments. Malheureusement, ils ne sont pas vulgarisés
Dans le numéro 477 de Burundi Eco, nous avons parlé de Honey Trade Global (HTG), une entreprise basée à Kayanza œuvrant dans la production et la commercialisation du miel. A l’instar du secteur apicole, elle s’est lancée dans la protection de l’environnement, particulièrement les arbres. Dans la périphérie du centre urbain de Kayanza, sur la colline Rwintare, cette société dispose d’un atelier qui fabrique les foyers améliorés dits « Bika Igiti ». Ces derniers, selon Yves Niyongabo, directeur général de HTG, réduisent jusqu’à 45 % l’utilisation du bois dans la cuisson des aliments. Ils sont multifonctionnels car ils utilisent le bois sec ou le charbon.
Avec l’appui technique et financier de GIZ, c’est en 2018 que HTG a démarré la fabrication de «Bika Igiti» à base d’argile. Malheureusement, la population locale ne convoite pas ces foyers améliorés, parce qu’ils sont un peu cher par rapport aux foyers traditionnels auxquels elle est habituée. Ces derniers s’achètent à environ 1500 FBu par unité tandis que Bika Igiti coûte entre 3500 FBu et 4000FBu.
HTG ne dispose pas d’un marché permanent pour ses produits. Occasionnellement, elle profite des descentes des ONGs lorsqu’elles veulent distribuer les foyers améliorés « Bika Igiti » aux populations vivant dans leurs zones d’intervention. C’est le cas du PAM qui, en 2018, a distribué les foyers améliorés dans les camps de réfugiés se trouvant dans plusieurs provinces du Burundi comme Muyinga, Rutana, Ruyigi, Cankuzo, etc. Pour Niyongabo, cela fait du bien parce qu’à cette occasion son entreprise écoule un nombre important de foyers améliorés « Bika Igiti ». En retour, un gain financier s’ensuit pour couvrir les moyens investis et générer des bénéfices.
Pour y arriver, il faut engager des investissements remarquables
HTG réalise ce projet de fabrication des foyers améliorés grâce à 35 employés payés régulièrement. Elle dispose également d’un terrain acheté à cet effet où est construit un atelier de céramique.
Concilie Nsabimana est une employée de HTG parmi tant d’autres. Selon elle, à part la préservation de l’environnement, la fabrication des foyers améliorés « Bika Igiti » lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Elle a commencé ce travail en 2020 pour contribuer au développement de son foyer grâce au salaire qu’elle touche. Elle affirme aussi qu’elle utilise cette ustensile de cuisine à la maison en vue de minimiser la quantité de bois utilisée dans la cuisson des aliments.
Elias Miburo, un autre employé, s’en réjouit également. Quand il était sans emploi, affirme-t-il, rien n’allait chez lui. Mais actuellement, après deux ans de service, il s’offre ce dont il a besoin grâce à ce travail et ce dernier contribue à la scolarisation de ses enfants. Un autre avantage pour lui est qu’avec « Bika Igiti », même le charbon de bois acheté à 500 FBu suffit pour cuire les aliments contrairement aux autres formes de cuisson traditionnelles qui nécessitent beaucoup plus de charbons de bois.
Un travail à la chaîne !
Les hommes qui sont assez vigoureux s’occupent de l’extraction de l’argile. Les employés qui restent, y compris les femmes, s’occupent du déplacement de l’argile vers l’atelier où s’effectue la fabrication des foyers améliorés. Une fois que la quantité d’argile nécessaire est prête, les ouvriers se mettent à préparer cette matière première suivant les normes exigées. Ils n’oublient pas de la mélanger avec de la chamotte dans le but d’obtenir un produit solide. Après tout cela, ils entament la fabrication proprement dite du foyer amélioré « Bika Igiti ». Chaque jour, un ouvrier fabrique entre 30 et 40 foyers améliorés.
Après ce stade, les ouvriers font sécher ces ustensiles pendant trois jours pour finir par les poncer. Le ponçage est l’avant-dernière étape de ce processus. Enfin, ils les font cuire dans un four pendant trois jours en moyenne. Ce processus qui s’étend de l’extraction de l’argile jusqu’à la mise en four de «Bika Igiti» nécessite une période comprise entre une et deux semaines. Ainsi, les foyers améliorés deviennent prêts à être exploités dans les ménages.
Même si cette initiative présente des vertus favorables à l’environnement, Athanase Ciza, un des promoteurs de ce projet indique qu’il est très exigeant, car il demande beaucoup de moyens matériels et financiers. Or, il n’est pas très rentable. Il n’y a pas de clients potentiels. Il n’y a que des clients occasionnels. Là où le bât blesse c’est que la population locale ne donne pas beaucoup d’importance à ces ustensiles qui contribuent à la protection de l’environnement en préservant l’arbre.