La santé financière des entreprises à participation publique reste préoccupante. L’année dernière, le Chef de l’Etat a rappelé à l’ordre les dirigeants défaillants de certaines sociétés à participation publique. Il a menacé de licencier tous les membres de leurs personnels. En temps normal, les fonds injectés dans ces entreprises proviennent des contribuables. En d’autres termes, une mauvaise gestion des entreprises publiques entrave l’économie du pays. Le pays devra compter sur la mobilisation des ressources internes (les taxes et les impôts) alors qu’il devra se rabattre sur les retours sur investissement pour mettre en œuvre les projets de développement.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Dans son message à la Nation, le chef de l’Etat s’en est pris aux fonctionnaires corrompus. «Les fonctionnaires de l’Etat ne comprennent pas ce que c’est que travailler pour le pays. Au lieu de se mettre au service de la population, ils sont injustes envers elle, lui demandent des pots-de-vin et cherchent même à s’approprier des richesses du pays», dénonce le locataire de Ntare House. Et, de surcroît conclut-il, ces mêmes personnes se plaignent que le salaire est bas tout en ignorant que l’ouvrier doit mériter son salaire.
La société civile et les syndicalistes arguent que la faible performance des entreprises publiques est le résultat du népotisme endémique qui s’observe dans les entreprises publiques. Au lieu de privilégier la compétence, le recrutement se fait sur base d’appartenance à l’une ou l’autre composante de la population. Par conséquent, les charges de l’entreprise augmentent alors que les recettes stagnent. Leur bilan est toujours négatif.
En septembre dernier, la Primature a réuni tous les dirigeants des entreprises publiques. Dans l’urgence, les gestionnaires devraient dresser un état des lieux de l’état financier de chaque entreprise et établir un plan de redressement pour celles qui éprouvent des difficultés financières. Pour ce qui est des causes de cette mauvaise gestion des entreprises publiques, les responsables de ces sociétés et le gouvernement se rejettent la responsabilité. Le gouvernement accuse les gestionnaires de ces entreprises de servir leurs propres intérêts au détriment de ceux de l’Etat alors que ces derniers chargent l’Etat qui demeure le créancier majoritaire.
L’Office National des Télécommunications (ONATEL) figurait sur la liste des sociétés à privatiser, à côté d’Air Burundi, des Verreries du Burundi (VERRUNDI) et d’une partie des titres de l’Etat dans la Régie des Productions Pédagogiques (RPP). Cependant le processus n’a pas abouti. L’Association des Employeurs du Burundi (AEB) dans son document de plaidoyer auprès des politiques déplore la lenteur de ce processus de privatisation malgré ses atouts. Le document évoque le blocage de certains acteurs qui veulent à tout prix préserver leurs intérêts, des immixtions des autorités politiques dans le fonctionnement du Comité Interministériel de Privatisation (CIP) ainsi que l’attitude de certains chefs d’entreprises qui ne veulent pas quitter leur fauteuil, etc. Pour rappel, les sociétés Air Burundi et Verrundi ne sont plus opérationnelles. La première s’est métamorphosée en Burundi Airlines, une compagnie aérienne qui n’a jusqu’à présent aucun avion et la seconde a fait faillite dans le courant des évènements de la crise de 1993.
Le plan de redressement de l’Onatel est un vaste programme constitué de trois grands projets, à savoir: l’extension et la modernisation du réseau mobile, l’extension du réseau fixe et l’installation du Wifi public. L’extension et la modernisation de l’Onamob concerne le remplacement de toutes les antennes par d’autres antennes de troisième et quatrième génération (3G et 4G). Avec ce projet, le nombre d’antennes passe de 51 à 150. L’accroissement du nombre d’antennes permettra l’amélioration de la qualité des appels téléphoniques.
Ainsi, le gouvernement a reçu un prêt de 30 millions USD de la part d’Exim-bank pour que l’Onatel puisse évoluer au même titre que les autres compagnies de télécoms. La durée de remboursement de la dette est de 10 ans et la période de grâce est de trois ans. Paradoxalement, la crise financière ne fait que s’amplifier.