Une fois jetés dans la nature, les équipements électroniques font partie des grands pollueurs. Même si les déchets pareils sont innombrables, le Burundi est toujours au stade embryonnaire en matière de leur recyclage. Pour sauvegarder l’environnement, la gestion rigoureuse de tels déchets est nécessaire bien qu’elle soit complexe
« Tous les deux ans, je m’offre au moins un nouveau téléphone portable à côté de mon laptop et de mon téléviseur que je manipule quotidiennement. Quand un de mes appareils devient obsolète ou irréparable, je m’en débarrasse et je le jette souvent dans une poubelle », confie un habitant de la ville de Bujumbura (Buyenzi). A l’heure du numérique, le monde devient de plus en plus connecté. La Technologie oblige ! L’usage des TIC est impératif. Les ménages comme les bureaux regorgent d’équipements électriques et électroniques indispensables dans la vie quotidienne, qu’on utilise pour travailler ou pour se détendre entre autres les ordinateurs et les postes téléviseurs. Ces appareils sont très prisés et sont en abondance au Burundi, particulièrement dans les villes. Malgré leur importance, ces équipements ont effectivement une durée de vie limitée. Mais la question qui se pose est de savoir où les objets électroniques finissent en fin vie.
Une fois abandonnés par leurs propriétaires, les équipements électriques et électroniques deviennent des déchets dangereux et sont très nuisibles à l’environnement et à la santé humaine quand ils sont gérés dans des conditions inappropriées. Selon une association burundaise œuvrant dans la collecte des déchets électroniques, Great Lakes Initiative for Communities Empowerment (GLICE), chaque année, 50 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) toxiques pour la santé humaine sont générés dans le monde et seuls 20% de ces déchets sont correctement collectés et recyclés. Au Burundi, 293,05 tonnes de DEEE ont été collectés depuis 2015, dont 65 tonnes en 2019.
Les équipements électroniques ont une durée de vie limitée. Quand ils deviennent obsolètes, ils nécessitent une gestion particulière afin de ne pas polluer l’environnement.
Les déchets hyper dangereux
Selon Vedura, une société spécialisée dans l’information, l’éducation, le conseil et la formation au développement durable (https://urlz.fr/fmah), les DEEE contiennent beaucoup de substances nocives et dangereuses pour l’homme et l’environnement : le plomb, le phosphore, le mercure, le béryllium, les fluides frigorigènes, etc. Certaines substances dangereuses sont interdites, mais celles qui sont indispensables à la bonne manipulation du matériel sont cependant autorisées. Depuis 2005, les produits blancs, gris et bruns doivent être étiquetés d’un logo indiquant qu’il ne faut pas les jeter parmi les ordures ménagères. Compte tenu de la dangerosité des DEEE vis-à-vis de l’environnement, ils doivent être recyclés et valorisés.
Selon toujours Vedura, le taux de croissance des DEEE connait un bond sans précédent à cause du taux d’équipement en appareils électroménagers, en matériel audiovisuel et en matériel informatique et également en raison de leur courte durée de vie et de leur obsolescence. Pas mal de techniques de valorisation et de recyclage sont disponibles pour les déchets électroniques. On peut citer la valorisation de la matière où les constituants de l’appareil sont partiellement ou totalement utilisés. Les pièces sont reconditionnées ou remises en état. Il y a aussi le démantèlement qui consiste à retirer les composants contenant des substances dangereuses afin d’obtenir des sous-ensembles de pièces aptes à être valorisées, par exemple les tubes cathodiques, les boitiers plastiques, les cartes électroniques et différentes pièces métalliques.
Quid de la gestion des DEEE au Burundi ?
Au Burundi, la gestion des déchets biodégradables comme non biodégradables est confrontée à de très nombreuses difficultés, du point de vue tant technique, économique que méthodologique et organisationnel. La nécessité de gérer les déchets est dictée par les impératifs sanitaires et environnementaux. Ceci est d’autant plus important que les déchets générés ne cessent de se diversifier et d’augmenter en volume. Mais la gestion des DEEE est très complexe, car il n’y a pas de structures étatiques chargées de la gestion des équipements électroniques en fin de vie. Pour y remédier, certaines associations essaient de s’en occuper petit à petit. GLICE en est l’exemple.
« En 2014, avec la rencontre du ministre en charge de l’environnement, on s’est rendu compte que le Burundi a vraiment besoin d’un centre qui collecte et qui gère les déchets électroniques. Avant, les particuliers le faisaient de façon informelle et le géraient d’une manière inappropriée. Parfois, des équipements obsolètes sont jetés n’importe où dans la nature alors qu’ils contiennent des fractions toxiques », fait savoir Roger Ouedraogo, représentant de GLICE. Cette association dispose d’un centre de collecte des déchets électroniques à Carama dans la commune de Ntahangwa. Après la collecte, les ouvriers procèdent au démantèlement des équipements afin d’entreposer les fractions en catégories homogènes.
En ce qui est du recyclage, les fractions pures telles que le fer, le cuivre et l’aluminium sont recyclées localement par l’usine Iron and Steel Burundi et cela devient de la matière première secondaire (MPS). Quant aux fractions complexes (écrans plats, cartes mères, batteries, etc.), elles ne sont pas traitées au Burundi. On les exporte dans des pays (Belgique et le Pays-Bas.) qui disposent de technologies adaptées pour assurer la dépollution et le recyclage de ces fractions. Malgré tout, le plastique des équipements informatiques cause toujours problème bien qu’il soit en grande quantité. Il n’est pas recyclable, car il incorpore des produits chimiques défavorables au recyclage.