La problématique de gestion des déchets ménagers se pose avec acuité. Les ménages essaient de s’en débarrasser à tout prix. D’où la prolifération des dépotoirs sauvages au niveau des quartiers périphériques. Les camions collecteurs acheminent les déchets vers la zone Buterere. Jusqu’à présent, la capitale économique ne dispose d’aucun espace aménagé pour accueillir les déchets. Tout se fait dans un désordre parfait. Reportage
D ans la zone périurbaine de Buterere, les camions arpentent les rues presqu’impraticables pour déposer les déchets. A tour de rôle, ils déchargent les déchets solides collectés ici et là dans les quartiers résidentiels de la capitale économique. La pseudo-décharge publique de Mubone n’est plus opérationnelle. Elle est fermée. Les passants escaladent un tas de déchets pour rejoindre l’autre bout de la route.
Les déchets se s’entassaient sur tout le périmètre. Après la fermeture de cet endroit, les herbes poussent progressivement au-dessus des déchets. L’endroit se transforme en prairie. A notre passage, les chèvres broutaient dans les alentours des rizeries jouxtant le site de Mubone. D’autres déchets s’amoncellent devant les maisons d’habitations. Pour le moment, il s’observe une montagne d’immondices laissées à l’abandon au grand dam des populations riveraines. Les déchets de tout genre pullulent dans cet endroit. Les restes de verres, les plastiques, les déchets ménagers, les serviettes hygiéniques usagées, les restes de tissus, les feuilles mortes en décomposition présentent un décor agaçant. Les eaux brunâtres s’y observent. Il s’agit des liquides chargés de matières polluantes qui s’échappent des tas de déchets. Le risque de contamination de la nappe phréatique est imminent.
La mauvaise gestion des déchets en Mairie de Bujumbura menace la santé des populations et l’environnement.
Un site de décharge de déchets inapproprié
Le site Nyarumanga est à quelques centaines de mètres de notre position. On s’aperçoit les camions en stationnement. Plus on s’approche, plus on constate qu’il s’agit des collecteurs de déchets qui manipulent les déchets sans aucun kit de protection. Ils transportent des déchets nauséabonds et dangereux avec les moyens de bord. Quelle naïveté !
Le site de Mubone a cédé de la place au site de Nyarumanga délimitée par une zone marécageuse qui, malheureusement, risque lui aussi de fermer. En réalité, ce n’est pas une décharge publique mais un lieu transformé en dépotoir sauvage. Un quadragénaire rencontré sur place fait savoir que le site de Mubone a été fermé pour cause de saturation. Cela alimente de nouveau les débats sur la gestion efficace des déchets en mairie de Bujumbura.
Un cadeau empoisonné
Les populations vulnérables vivant autour du dépotoir de Nyarumanga comptent sur les déchets pour avoir de l’énergie. Les riverains remuent les déchets en dépit du danger que présentent ces derniers. Les enfants et les femmes vulnérables effectuent un travail de fourmi pour trouver le moindre objet qu’ils peuvent revendre. Ils mènent une vie misérable. Une femme allaitante assise en plein cœur des déchets se confie. « On n’a pas d’autres choix. On fréquente ce lieu tous les jours pour chercher des particules de charbon qui auraient évacués été avec les déchets. On vit grâce à cette décharge publique. ». Les porcs errants cherchent désespérément des restes de nourriture. C’est un désastre écologique. Sur le long terme, les populations riveraines craignent de développer des maladies respiratoires et/ou hygiéniques. L’urgence serait de protéger les populations vivant aux alentours de la décharge.
Des solutions qui se font attendre !
Les autorités rassurent qu’en plus des initiatives entreprises, les investisseurs ambitionnent de transformer les déchets en d’autres sous-produits. Dans une interview exclusive avec CP Jimmy Hatungimana, Maire de la ville de Bujumbura mardi le 30 mars 2021, ce dernier parle de certaines de ces initiatives. « Pour mener à bon port cette activité, chaque commune urbaine a été dotée de trois véhicules chargés de transporter les déchets solides. Au total, neuf véhicules ont été accordés aux communes Muha, Mukaza et Ntahangwa de la Mairie de Bujumbura pour faciliter la collecte des déchets solides », détaille CP Hatungimana.
Avec la saison sèche qui s’annonce, il y aura la réhabilitation des infrastructures routières l’aménagement de la décharge publique. En cas de besoin, un autre site a été ciblé à Bubanza avec une possibilité de recycler les déchets. La Mairie est déjà en contact avec une association de la diaspora burundaise qui souhaite investir dans le recyclage des déchets. Le Plan National de Développement a prévu la construction d’une centrale électrique fonctionnant à base des déchets municipaux d’une capacité de 30 MW.
Un projet ambitieux, mais…
En 2013, un projet ambitieux dénommé « Clean and Waste Free Bujumbura » était sous étude pour une bonne gestion des déchets. Il visait entre autres l’aménagement d’un espace de décharge des déchets, la construction d’un système de gestion des déchets ainsi que la conception d’une infrastructure pour la collecte, le transport et la mise en décharge des déchets. Le coût des travaux est de 11,8 millions d’Euros.
L’étude d’impact environnemental dudit projet précise qu’il était prévu l’aménagement de trois stations de transfert en mairie de Bujumbura au niveau des sites de Buterere, Mpimba et Nyabaranda. C’est là où les déchets devraient transiter avant d’atterrir au site de Ntahangwa pour une valorisation éventuelle. Avec les sanctions imposées au gouvernement du Burundi en 2015, les bailleurs de ce projet se sont désistés.