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Gitaza : Quand les habitants adorent la bière de banane

La commercialisation de la bière de banane fait vivre pas mal de gens dans la zone Gitaza de la commune Muhuta en province Rumonge. Ceux qui se sont entretenus avec Burundi Eco affirment qu’ils en tirent des revenus substantiels leur permettant de prendre en charge leurs familles. Reportage 

Nous sommes  lundi le 12 juillet 2021 au site de débarquement de Gitaza situé dans la commune de Muhuta, province Rumonge.  Vers 11h 35 min, sous un soleil de plomb, cet endroit grouille de monde. Parmi ces derniers, il y a des commerçants et des consommateurs de la bière de banane.  Ils sont abrités dans des maisonnettes construites sous forme de tentes le long du lac Tanganyika.  Ils s’assoient sur des bancs fabriqués en bois. En buvant, ils échangent. La joie se lit sur leurs visages. Les clients constitués d’hommes et de femmes entrent un à un pour s’en servir afin d’étancher leur soif.  Avant d’acheter, ils commencent à déguster ces boissons pour se rassurer de leur qualité.  Pour boire, certains utilisent des petites calebasses dénommées «Inzato» quand d’autres utilisent des bouteilles Primus de la Brarudi. Selon les commerçants qui se sont entretenus avec un reporter de Burundi Eco, le commerce de la bière de banane constitue une source importante de revenus pour certains habitants.

Le commerce de la bière de banane constitue une source importante de revenus pour certains habitants à Gitaza.

La bière de banane génère des revenus

Athanase Mbonimpa, est l’un des commerçants de la bière de banane. Il a 6 enfants et fait savoir que c’est grâce au commerce de la bière de banane qu’il parvient à prendre en charge sa famille. « Parmi les boissons vendues, il y a trois catégories de bière de banane. Celle dénommée «Inziramazi» qui coûte soit 1000 FBu ou 1500 FBu la bouteille. Une bouteille d’«Insongo» qui coûte 600 FBu et celle d’«Urwarwa» qui s’achète à 300 FBu», laisse entendre Mbonimpa.  Et d’ajouter qu’il parvient à écouler entre 4 et 6 bidons de 20 l de cette bière locale par jour. Il peut engranger un bénéfice qui varie entre 3000 FBu et 5000 FBu par jour. Selon lui, cela dépend du rendement de la capture des poissons. Si la quantité de poissons capturés dans le lac Tanganyika est satisfaisante, la circulation de la monnaie s’accélère et le commerce devient florissant, renchérit-il. De même pour Candide Buzirigi, commerçante de la bière de banane à cet endroit. Elle affirme que c’est grâce à ce commerce qu’elle parvient à nourrir ses enfants.

Comment s’approvisionnent-ils ?

Ces commerçants font remarquer qu’ils s’approvisionnent en bananes à brasser au marché de Gitaza. Ils achètent surtout les bananes dénommées en Kirundi Ibiyove, Ibigomozi, Ibimaraya, Imipugusi, etc. Ce sont ces dernières qu’ils brassent et fermentent pour enfin produire de la bière de banane.

Les habitants adorent cette bière locale. «Je me sens très bien quand je la consomme. Elle me fortifie», poursuit Jean Bikorwa, portefaix au marché de Gitaza. Alberic Ciza, pêcheur, abonde dans le même sens. Non seulement que cette bière le rend fier, mais aussi il trouve que son coût est abordable par rapport à celui des produits de la Brarudi.  Avec 600 FBu, il peut s’acheter deux bouteilles de cette bière et rentrer satisfait.     

Quid des défis ?

Parmi les défis rencontrés, ces commerçants de la bière de banane évoquent l’échec enregistré lors de la fermentation. Selon eux, la mauvaise fermentation produit une bière de banane de mauvais goût dénommée (Intundwe) qui finira par être versée par terre.  De plus, la cherté des bananes causée par les maladies qui attaquent les bananeraies est un défi de taille pour les commerçants et les consommateurs de la bière de banane.

Notons que la bière de banane communément appelée Urwarwa est une boisson alcoolisée appréciée par beaucoup de Burundais. Selon Value Chain Analysis for Developpement, un outil financé par la commission européenne en partenariat avec Agrinatura, elle contribue à garantir une certaine stabilité à l’économie familiale et au développement local par le biais des produits générés qui sont autoconsommés ou échangés au niveau de la colline. La bière de banane rythme la vie sociale du burundais moyen. On la partage volontiers sous forme d’amabilités et de bon voisinage (‘’gusangira urukanywa’’). Elle est présente dans toutes les fêtes traditionnelles (dots, mariages, levers de deuils, etc.) et non traditionnelles (fêtes religieuses et scolaires). Elle est également offerte aux notables en guise de règlements de litiges «agatutu k’abagabo», en offrande de cadeaux (vache) ou en guise de remerciement pour les services rendus.

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