Une vingtaine de ménages d’handicapés de guerre vivant dans le site de Bugarama, commune Mpanda, province de Bubanza parviennent à pratiquer l’élevage du gros bétail, du petit bétail et à entretien un jardin potager… Cependant, un long chemin reste pour qu’ils parviennent à faire pour subvenir à tous leurs besoins
Jean Berchimans Bikara, handicapé de guerre vivant le site de Bugarama : « Depuis notre séjour dans le site, nous n’avons pas vu un bienfaiteur étranger venant à notre secours ou venant nous appuyer dans nos projets de développement ».
« Ici nous pratiquons l’élevage des vaches, des porcs, des chèvres, des moutons et des volailles. Nous entretenons également des jardins potagers dans lesquels nous cultivons les légumes », informe Gaspard Mbonyingingo, quinquagénaire et père d’un enfant habitant le site de Bugarama depuis bientôt 9 ans.
Trouvé dans une chaise roulante, il indique qu’il n’a pas la force pour chercher du fourrage pour son bétail et collecter la bouse de ses vaches.
C’est pourquoi, informe-t-il, les handicapés de guerre vivant dans ce site qui pratiquent l’élevage sont obligés d’engager un salarié qui les supplée. « Celui-ci est payé entre 30 mille FBu et 50 mille FBu par mois », précise-t-il avant de déplorer que leur élevage est menacé par des voleurs. Cela au moment où les handicapés de guerre n’ont pas la force non seulement pour se défendre, mais aussi pour protéger leurs animaux domestiques. D’où la nécessité d’implanter une position policière au niveau du site.
M.Mbonyingingo témoigne qu’à part qu’on peut vendre son bétail, son petit bétail ou ses volailles pour subvenir à ses besoins, on peut également vendre de fumier. Une bene de fumier se vend à 100 mille FBu.
Plusieurs modes de création d’emploi
Jean Berchimans Bikara habitant le site de Bugarama certifie que dans ce site on pratique la culture des légumes. Malheureusement, regrette le quadragénaire, les problèmes s’observent pendant la saison sèche. « Nous sommes obligés de faire puiser l’eau à plus d’1 km. Là aussi nous créons de l’emploi, car nous ne pouvons pas porter l’eau que nous utilisons pour arroser nos champs ou dans d’autres travaux ménagers », certifie M.Bikara.
Il témoigne que pendant la saison pluviale, on peut avoir besoin d’un bidon d’eau par jour. Mais pendant la saison sèche, on a besoin au minimum de cinq bidons d’eau par jour. Selon lui, un bidon d’eau s’achète à 50 FBu.
Par ailleurs, lorsqu’on veut se déplacer du site de Bugarama pour aller se faire soigner à Mpanda par exemple, nous sommes obligés de prendre une moto moyennant paiement de 1000 FBu, soit 2 000 FBu pour un aller-retour. Et de continuer : « Nous achetons des habits, du savon, le dentifrice, des unités pour recharger les téléphones…Les personnes à qui nous achetons tout cela paient les taxes et les impôts. Donc nous contribuons nous aussi au développement du pays ».
Besoin de plus de soutien
M.Bikara confirme que la vie n’est pas facile dans le site, mais que malgré cela, il s’efforce de s’adapter à la situation. Par exemple, révèle-t-il, les panneaux solaires installés il y a de cela 9 ans ne sont plus fonctionnels. Ce qui impacte l’éclairage du site et, partant, la sécurité des habitants de ce site.
M.Bikara qui se déplace sur deux béquilles s’inquiète également de l’état de la route qui relie le site et à la route macadamisée (RN9). Celle-ci est glissante pendant la période pluviale et devient impraticable pour les personnes vivant avec un handicap.
Il se soucie qu’ils n’ont pas de titres de propriété pour les parcelles et les maisons qu’ils occupent. Cela sans oublier la non mise en application du décret portant statut des anciens combattants.
M.Bikara reconnait qu’une partie des handicapés de guerre vivant dans le site de Bugarama touche un salaire de 30 mille FBu, un salaire perçu depuis 2005. « Celui-ci ne reflète pas la réalité si on tient compte de l’inflation », fait-il savoir.
Il existe, selon toujours lui, une autre partie de ces handicapés de guerre qui ne perçoit rien. Ce qui les divise. Et de demander d’uniformiser leur traitement. Quant à la ration, M.Bikara confirme qu’elle nécessite d’être améliorée en les approvisionnant en légumes.
Et de conclure : « Depuis notre séjour dans le site, nous n’avons pas vu un bienfaiteur étranger venant à notre secours ou venant nous appuyer dans nos projets de développement ».