L’augmentation des coûts des matériaux de construction entrave le développement des activités de construction. Elle engendre divers problèmes, tels que l’interruption des chantiers déjà engagés et la nécessité de réviser les devis. De plus, cette flambée tarifaire peut perturber d’autres projets en cours
Actuellement, la construction d’une maison ou d’une autre infrastructure, que ce soit dans la capitale économique ou dans sa périphérie est particulièrement difficile. La hausse des prix des matériaux de construction constitue un obstacle majeur aux développement des infrastructures. Selon Assaf Niyogushemezwa, ingénieur civil, l’augmentation des coûts des matériaux de construction perturbe les activités de construction et risque même de les ralentir, surtout qu’elle survient après l’établissement des budgets prévus en vue de leur réalisation.
Pour lui, l’un des obstacles pouvant survenir lors de la phase de construction d’une maison ou d’une infrastructure en raison de la hausse des coûts des matériaux est l’arrêt des activités. Cela pose problème lorsque le propriétaire du chantier se fie essentiellement aux devis établis par son ingénieur. En outre, s’il y a déjà un devis déjà établi, on peut se retrouver dans la nécessité de demander un supplément financier en raison de la hausse des coûts des matériaux de construction. Cela freine l’avancement des travaux et le propriétaire du chantier peut commencer à douter de la fiabilité des estimations fournies, remettant ainsi en question la compétence de l’ingénieur. De plus, le propriétaire fait également face à des difficultés financières pour continuer son projet de construction. L’augmentation des coûts des matériaux durant la phase de construction peut aussi mettre en péril d’autres projets du propriétaire d’une parcelle.
Les coûts des matériaux de construction en augmentation constante
Des informations recueillies le 7 octobre 2024 dans le quartier Asiatique connu comme un lieu de référence pour la commercialisation des matériaux de construction, le constat est que les prix ne cessent d’augmenter. Un employé du magasin Kubwimana Business a souligné que les variations des prix des matériaux de construction sont significatives. A titre d’exemple, le prix d’un fer à béton de 12mm de section produit localement a grimpé de 55 000 FBu à 60 000 FBu en trois mois. De même, le fer à béton de 10mm de section a connu une augmentation passant de 38 000 FBu à 43 000 FBu, tandis que celui de 8mm de section est passé de 26 000 FBu à 28 000 FBu.
Concernant les tôles, celles en provenance de la Tanzanie qui étaient à 42 000 FBu il y a deux mois, affichent maintenant un prix de 45 000 FBu. Quant à celles qui proviennent du Kenya, leur prix est passé de 42 000 FBu à 46 000 FBu.
Par ailleurs, Heslone Uwingabire, vendeur de carreaux et de matériaux entrant dans la fabrication des plafonds a souligné que les prix ont globalement augmenté par rapport à l’année précédente. Actuellement, les carreaux de 30 × 30 se vendent à 53 000 FBu le m² contre 34 000 FBu l’année dernière. Ceux de 60 × 60 sont proposés à 80 000 FBu contre 56 000 FBu par m² l’année précédente, tandis que les carreaux de 50 × 50 s’achètent 77 000 FBu contre 45 000 FBu par m² l’année d’avant. D’autres types de carreaux, auparavant au prix de 41 000 FBu se vendent aujourd’hui à 62 000 FBu par m², tandis que ceux qui coûtaient 28 500 FBu se vendent maintenant à 47 000 FBu par m². De plus, le triplex de 25cm qui coûtait 27 000 FBu l’année dernière est désormais vendu à 35 000 FBu et celui de 30cm qui était à 33 000 FBu s’achète aujourd’hui à 56 000 FBu.
La cherté des matériaux de construction décourage ceux qui souhaitent ériger des constructions
L’augmentation des prix des matériaux de construction constitue un véritable obstacle pour ceux qui veulent construire des maisons ou des infrastructures. « J’ai une parcelle à Maramvya dans la commune de Mutimbuzi mais, malgré les loyers très élevés de l’époque actuelle, il m’est également difficile de rassembler les fonds nécessaires pour construire une bicoque sur cette parcelle », indique Dusabe, un habitant du quartier Bwiza en mairie de Bujumbura.
« J’envisageais de solliciter un crédit bancaire pour réaliser mon projet de construction d’une maison, mais le fait que la banque exige la présentation d’un actif non déplaçable telle qu’une maison ou une parcelle comme hypothèque ou garantie, cela m’empêche d’accéder à ce financement », souligne M. Dusabe. Il révèle que posséder une parcelle aujourd’hui est loin d’être facile et que le coût de la construction d’une maison est mille fois supérieur à celui de son acquisition. S’offrir un toit dans la capitale économique devient chaque jour plus complexe et la situation continue de se détériorer, conclut-il.
Pénurie du ciment BUCECO sur le marché
Récemment, le prix du ciment BUCECO a connu une hausse significative. Un sac de ciment de 50 kg de type 32.5R est passé de 38 000 FBu à 45 000 FBu, tandis que celui du ciment de type 42.5R a augmenté de 48 000 FBu à 55 000 FBu. Malgré cette hausse, ce type de ciment est devenu rare dans le quartier Asiatique. Lors de nos visites dans différents magasins, nous avons constaté l’absence de ce produit.
Pour expliquer cette pénurie, certains vendeurs ont indiqué qu’il est difficile de se procurer ce type de ciment. « Si on ne figure pas sur la liste, on n’a pas accès à ce ciment », ont-ils indiqué. De plus, même ceux qui en détiennent ont tendance à le vendre à des prix supérieurs à ceux fixés officiellement.
En revanche, les ciments de Dangote et GLC sont bien disponibles dans ce quartier. Un sac de de ciment de 50 kg de type Dangote se vend actuellement à 74 000 FBu contre 78 000 FBu il y a deux mois. Quant au ciment GLC importé de la RDC, il se vend à 60 000 FBu le sac de 50 kg alors qu’il coûtait 72 000 FBu il y a deux mois.
Selon le rapport de l’INSBU sur l’Indice du Coût de Construction des Logements neufs au Burundi (ICCLB) du mois de décembre 2023, la variation en moyenne annuelle du Coût de Construction était en hausse de +9,6 % contre une hausse de 9,0 % pour l’année 2022. En raison de la persistance de la cherté des matériaux de construction, il pourrait en résulter que même les logements sociaux prévus pour être construits affichent des loyers élevés.