Site icon Burundi Eco

Hausse du prix du Mukeke : Une conséquence de l’impraticabilité de la RN3

La RN3 est impraticable à cause de l’affaissement du pont situé au niveau de la rivière Kirasa. En conséquence, le commerce entre la ville de Bujumbura et le Sud du pays est perturbé alors que les habitants de la capitale économique sont les grands clients des pêcheurs de Rumonge qui leur fournissent le poisson du Mukeke. Actuellement, cette denrée est difficilement acheminée sur le marché de Bujumbura. Ce qui a des répercussions sur son prix

S’il y a des plats préférés par les citadins de Bujumbura, le Mukeke en fait partie. Bien que cette capitale économique soit situé au bord du lac Tanganyika, le gros du poisson que sa population consomme vient d’ailleurs parce que son littoral est de moins en moins productif à cause notamment de la pollution des eaux. Ce qui est défavorable à la multiplication des espèces lacustres. Les grands fournisseurs du poisson sont probablement connus de tous. Ils proviennent des provinces du Sud du pays, particulièrement à Rumonge. Et la RN3 est la voie de communication la plus utilisée pour relier la ville de Bujumbura à la province de Rumonge.

Cette route n’est pas en bon état, mais le transport des biens et des personnes entre la capitale économique et cette province se fait généralement à travers ce tronçon. Dans les conditions normales, les usagers de cette voie s’adaptent et tout va bien. Pourtant, depuis le 6 mai 2021, tout a basculé. Ce jour-là, sur cette même route, au niveau de la rivière Kirasa séparant les provinces de Bujumbura et Rumonge, un pont qui y était érigé s’est affaissé à cause des pluies diluviennes. Ce qui handicape le commerce entre la capitale économique et le Sud du Burundi. A cause de cette situation, des effets négatifs commencent à se faire sentir sur le marché. On citerait notamment le prix élevé des poissons par rapport aux périodes plus ou moins récentes.

Le poisson du lac Tanganyika est apprécié à Bujumbura comme ailleurs. Mais, actuellement, cette ville n’est pas suffisamment servie à cause de l’impraticabilité de la RN3.

Le prix du Mukeke en hausse

Au cours d’une descente qu’un reporter de Burundi-Eco a faite au marché Ngagara II (dit Cotebu) le 17 mai 2021, on a constaté que le prix des poissons Mukeke vendus au détail est compris entre 15 000 FBu et 60 000 FBu compte tenu de la grandeur et de la qualité de ces espèces aquatiques. Ce prix est valable pour une quantité comprise entre 5 et 10 poissons. « Nous sommes actuellement dans une période de pêche où le prix du poisson est censé être revu à la baisse grâce à une grande production qui doit inonder les marchés. Entre 5 000 FBu et 10 000 FBu ou encore moins que cela, on pourrait s’offrir dans un passé récent une certaine quantité de poissons. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », se lamente une femme rencontrée dans la partie du marché de Cotebu réservée à la vente du poisson. David Habimana, trésorier de la Coopérative des Pêcheurs pour le Développement du Commerce au Burundi (COOPEDECOBU) ne nie pas la cherté du poisson constaté ces derniers jours.

Pour lui, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse du prix du poisson. Premièrement, le Burundi n’a pas une quantité suffisante de poissons pour satisfaire les consommateurs, car l’offre est toujours inférieure à la demande. Pour y remédier, on doit faire recours à l’importation du poisson depuis la Tanzanie ou ailleurs. La quantité du poisson (généralement le Mukeke) dont dispose le Burundi vient des provinces de Rumonge et Makamba et arrive à Bujumbura via la RN3 qui est actuellement impraticable au niveau du pont de la rivière Kirasa récemment effondré.

Actuellement, en ce qui est du transport du poisson depuis le Sud du pays vers la capitale économique, les voitures qui assurent cette activité, notamment celles de marque Probox, une fois arrivées à ladite rivière, déchargent leurs cargaisons pour charger les véhicules qui se trouvent de l’autre côté en vue de faire parvenir enfin les marchandises à destination. Cette opération de déchargement-chargement n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire, car elle est très coûteuse. Ce qui doit avoir évidemment des répercussions sur le prix du poisson. Ce n’est pas tout. Les transporteurs de grandes quantités de marchandises ne supportent pas cette opération. Ils préfèrent contourner ce défi en passant par la province de Bururi via la RN7. Et cela n’est pas également sans conséquences sur le prix des marchandises.

Il y a espoir malgré tout

Le gouvernement est à l’œuvre pour redynamiser la circulation sur ce tronçon. Depuis lundi le 10 mai 2021, les travaux de déviation de la RN3 au niveau de la rivière Kirasa sont en cours. Cette activité est assurée par l’Agence Routière Burundaise pour rétablir le trafic le plus rapidement possible sur cette voie combien importante. Le ministère des Infrastructures, de l’Equipement et des Logements Sociaux s’est fixé un délai d’exécution d’au plus un mois. Une fois la circulation normalisée, les échanges entre la ville de Bujumbura et le Sud du pays reprendront de plus belle comme à l’accoutumé. Mais aussi longtemps que la vétusté de la RN3 et la menace des eaux du lac Tanganyika ne sont pas prises au sérieux, tôt ou tard, attendons-nous au pire.

Quitter la version mobile