Depuis quelques temps, une nouvelle forme d’investissement a surgi au Burundi et surtout dans la capitale économique Bujumbura. Il s’agit des investissements et des transactions via la forme « Ikirimba ». Cela à travers les systèmes lumicach et ecocash. Néanmoins, après quelques temps, les adhérents à ces Ibirimba se plaignent d’avoir été arnaqués. La BRB alerte que ces pratiques sont des systèmes pyramidaux frauduleux
La Banque de la République du Burundi a été alerté sur l’existence d’activités d’investissement et de commercialisation d’argent sous des formes pyramidales frauduleuses, communément appelé «Ibirimba», lit-on dans un avis au public du lundi 11 janvier 2021. La BRB précise que ce système consiste à collecter les fonds des investisseurs en faisant miroiter des résultats élevés à court terme et en payant des résultats éphémères aux premiers souscripteurs au détriment des nouveaux adhérents.
Dans ce nouveau type de pratique frauduleuse, note la Banque centrale du Burundi, les derniers adhérents perdent tout leur capital. Ces pratiques se font également sur ecocash et lumicash. « Dans cette forme de fraude, quelques agents lumicash ou ecocash collectent les dépôts du public, en prétendant qu’ils forment des tontines alors que ce sont des systèmes pyramidaux frauduleux », précise le communiqué de la BRB.
Ces agents fixent le montant à payer pour le nouveau membre et le nombre de personnes à recruter pour être rémunéré à son tour. Et cela devient une chaine de recrutement.
Prosper Ngendanganya, directeur de la supervision, stabilité et inclusion financière : «La BRB recommande au public de faire preuve de prudence et de s’assurer que leurs opérations d’investissements sont effectuées auprès des institutions financières de dépôt officiellement autorisées».
Des victimes témoignent
Jean Mugiraneza était dans un «Ikirimba». Il raconte. Je me suis fait intégrer dans un groupe d’Ikirimba de Ecocash à la demande d’un ami. Il me disait que c’est avantageux. Il y avait des niveaux. Le niveau 1 était composé d’une seule personne. Le deuxième niveau était composé de deux personnes. Le troisième niveau devrait être de quatre personnes et enfin le quatrième niveau était composé de huit personnes. Ce sont ces quatre personnes du troisième groupe qui doivent chercher de nouveaux adhérents afin que le dernier niveau soit au complet. Comme droit d’entrée, chaque membre doit faire entrer deux nouvelles personnes. En entrant chacun devrait envoyer sur un numéro ecocach une somme de 12 mille FBu. Celui du niveau 1 est payé en premier lieu, une somme de 70 mille FBu. Si le dernier groupe n’est pas au complet, celui-ci n’est pas payé. Et s’il est payé, il quitte le système.
Le chaos survient lorsqu’il n’y a pas des nouveaux entrants. Personne ne doit être payé. « Dans ce système, ce sont les premiers entrants qui gagnent. Moi j’étais dans le niveau 2 et tout le système s’est écroulé sans que je ne gagne aucun sous », révèle M. Mugiraneza.
Gilbert Hatungimana est également victime des « Ibirimba ». Je me suis fait recruter par mon petit frère. Il m’a convaincu qu’il y a des avantages et je lui ai fait confiance. J’ai déposé 12 mille FBu à un numéro lumicash et Ils m’ont intégré dans un groupe whatsapp. Il y avait de plus 50 membres dans ce groupe. Nombre d’entre eux attendaient d’intégrer les niveaux. Après seulement deux jours, j’ai commencé à me lamenter. Des gens faisaient des réclamations de paiement. Les administrateurs de ce groupe les tranquillisaient. Mais après quelques jours, les administrateurs ont changé les paramètres du groupe interdisant ainsi aux membres du groupe d’envoyer des messages avant de supprimer définitivement le groupe. Par contre, F. I, lui, précise qu’il avait gagné 70 000 FBu, mais que les deux personnes qu’elle avait recrutées n’ont jamais reçu leurs frais.
La BRB alerte également sur le système de Ponzi
Les sociétés qualifiées de système de Ponzi qui sont des programmes d’investissement promettent aux investisseurs des taux de rendement élevés à court terme. « Ces derniers versent de l’argent à un gestionnaire de portefeuille, prétendant qu’ils recevront un paiement à une date ultérieure et croyant généralement, à tort, qu’ils investissent dans un produit ou un service durable et rentable. Le cycle se poursuit jusqu’à ce que l’organisateur s’enfuit avec l’argent, lorsqu’il n’y a pas de nouveaux investisseurs recrutés pour générer suffisamment de capital permettant le paiement des soi-disant dividendes », informe la Banque centrale. Ces pratiques se font généralement sur des plateformes en ligne, en utilisant les monnaies virtuelles ou cryptomonnaies qui sont volatiles et illégales. Ce sont entre autres les Bitcoin, l’Ether, le Litecoin, le Dogecion, l’Onecoin, le BTC, le Fahari Cash Coin, l’Ello Cash Coin et d’autres produits similaires. Dans son avis au public du 20 août 2019, la Banque de la République du Burundi indique ces moyens de paiement ne sont réglementés par aucune Autorité Monétaire.
La BRB rappelle au grand public que toutes ces pratiques se font dans l’illégalité, sans aucune autorisation des autorités compétentes et les praticiens s’exposent à des sanctions pénales, légales et réglementaires. Il est ainsi recommandé au public de faire preuve de prudence et de s’assurer que leurs opérations d’investissements sont effectuées auprès des institutions financières de dépôt officiellement autorisées par la Banque centrale.
Comme rappel, le concept de monnaie virtuelle a fait son irruption sur le marché en pleine crise financière mondiale en 2009. C’était une monnaie qui se voulait très forte et qui échappait à tout contrôle. De nombreux internautes s’intéressèrent de plus en plus à ces plateformes d’épargne et de paiement qui dérogent à toute règlementation des Etats et des institutions financières internationales. Ce qui a éveillé la crainte puis la vigilance des institutions financières et monétaires classiques du monde entier.