Comme le problème des inondations de Gatumba n’a pas encore trouvé une solution efficace, l’Etat burundais a décidé de délocaliser les victimes vers des endroits sûrs. Mais les habitants de cette zone ne veulent pas la quitter, car ils nés là-bas.
Le gouvernement du Burundi a décidé de délocaliser les habitants de Gatumba victimes des inondations. Mais la plupart d’entre eux ne veulent pas quitter cet endroit parce qu’ils sont nés là-bas. Plutôt, ils demandent à l’Etat de construire une digue de protection le long de la rivière Rusizi pour contrer l’eau. « Les gens de Gatumba ne veulent pas quitter cette zone sous prétexte qu’ils sont nés là-bas. Mais cela ne tient pas la route. Ils doivent être délocalisés vers un endroit sûr, hors de l’eau », a précisé Gervais Ndirakobuca, Premier ministre du Burundi devant le parlement réuni en congrès, mercredi le 24 avril 2024, lors de la présentation du rapport de mise en œuvre du Plan de Travail et Budget Annuel (PTBA) du Gouvernement, premier semestre de l’exercice 2023/2024. Le premier ministre a indiqué que l’Etat est en train de chercher des terres domaniales adéquates pour y installer les habitants de Gatumba victimes des inondations.
Plus de 2000 ménages vont être délocalisés dans un premier temps
La Plateforme Nationale de Prévention des Risques et de Gestion des Catastrophes s’est réunie au siège de la Croix Rouge le 22 avril 2024 pour trouver des solutions urgentes pour les victimes des glissements de terrain et de la montée des eaux du lac Tanganyika. Les participants se sont mis d’accord pour délocaliser dans un premier temps au moins 2000 ménages de la zone Gatumba, victimes des inondations. Cela pour mettre en application les recommandations du Conseil des ministres qui s’est réuni mercredi le 17 avril 2024 à Gitega. Les personnes qui seront évacuées, elles vont être installés dans les sites sis dans les communes Mubimbi et Kabezi de la province Bujumbura.
Désiré Nsengiyumva, gouverneur de la province de Bujumbura estime que ce ne sont pas que les habitants de Gatumba qui ont besoin d’être délocalisés. Même ceux de Rukaramu éprouvent ce besoin. Mais M. Nsengiyumva affirme qu’un bon nombre de victimes des inondations ne veulent pas quitter Gatumba soi-disant que l’Etat veut les chasser de chez eux pour les installer dans d’autres endroits auxquels elles ne sont pas habituées. Pour eux, Kabezi et Mubimbi sont des zones montagnardes qui connaissent les phénomènes d’éboulements et de glissements de terrain qui pourraient leur être fatales.
« Idéalement, chaque mesure que l’Etat prend doit répondre aux préoccupations de la population. Malheureusement, la plupart des habitants de Gatumba ne sont pas prêts à quitter cette zone. Pourquoi ? Parce que certains d’entre eux sont habitués à y vivre où à y exercer des activités génératrices de revenus grâce à la proximité de la frontière avec la République Démocratique du Congo (RDC) », estime Sébastien Misago, président de l’Association pour la Solidarité patriotique, l’Autodéveloppement et la Protection de l’Environnement (ASAPE).
Pour M. Misago, si l’Etat estime que la délocalisation des habitants de Gatumba est nécessaire, tant mieux, mais il faut le faire systématiquement dans la dignité. Que l’Etat leur construise un village acceptable nanti de structures de soins, d’écoles, de terrains de jeux, d’eau, de d’électricité, de routes, de marché, etc. Donc, ce village doit être meilleur que Gatumba. Le village en question doit être différent d’un site de déplacés. Qu’à cela ne tienne, l’Etat doit venir en aide aux victimes de la montée des eaux du lac Tanganyika.
Après tout, c’est une recommandation du conseil des ministres
Le Conseil des ministres qui s’est réuni mercredi le 17 avril 2024 à Gitega a analysé différents points dont celui sur les effets du changement climatique au Burundi.
« Aujourd’hui, le phénomène El Nino observé en 2014 refait surface avec une montée progressive des eaux du lac Tanganyika depuis l’an 2018 et qui est en train d’atteindre le paroxysme cette année, dépassant le plus haut niveau qui avait été atteint en 1964. Ce phénomène est à l’origine des fortes précipitations qu’on observe ces jours-ci et affecte beaucoup de personnes, tandis que d’autres sont aujourd’hui des déplacés internes surtout à Gatumba. Par ailleurs, la population est menacée par les animaux aquatiques comme les hippopotames et les crocodiles », lit-on dans le communiqué sanctionnant la réunion du Conseil des ministres.
Le travail le plus urgent est de délocaliser les personnes affectées et de leur porter secours en vivres et non vivres ainsi que d’envisager d’autres actions à court, moyen et long termes. Le Conseil des ministres a conclu que la délocalisation immédiate de la population affectée, surtout celle de Gatumba et trouver où l’installer définitivement en dehors de la plaine s’avèrent nécessaire. Ensuite, il faut disponibiliser les moyens pour aménager les sites de délocalisation. Il faut lancer un appel à la solidarité nationale pour collecter les vivres en faveur des victimes. Le Conseil des ministres a recommandé que les infrastructures publiques comme les écoles et les hôpitaux… soient délocalisées également.