Le secteur agricole traverse une crise sans précèdent. Les retards enregistrés dans l’application des engrais n’augurent rien de bon. La production agricole pour la saison culturale B risque de de décevoir les agriculteurs.
Les administrais à la base tirent la sonnette d’alarme. A titre illustratif, dans la province de Kayanza, 95% de l’engrais FOMI « Imbura » ont été distribués aux agriculteurs. Il reste plus de 70 tonnes de cet engrais non encore distribués à la population. Pour les fertilisants dits « Totahaza », le taux de distribution oscille autour de 35%. « Il s’agit d’un retard énorme enregistré dans le semis pour la saison culturale B étant donné que la saison sèche approche à grands pas (habituellement mi-mai) », a déploré Col. Rémy Cishahayo, gouverneur de la province Kayanza lors d’une rencontre entre le président de l’Assemblée Nationale et les administratifs à la base et les chefs des sociétés coopératives œuvrant dans ladite province.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Cela étant, le gouvernement avait recommandé à la société FOMI de disponibiliser les quantités restantes endéans 10 jours en privilégiant surtout la distribution simultanée de ces deux types de fertilisants dans les régions à forte productivité de riz et de haricots, mais en vain. Lors d’une réunion technique en février dernier, les directeurs des bureaux provinciaux en charge de l’agriculture insistent sur le fait que dépasser ces délais serait synonyme de baisse de la production liée au retard dans le semis pour la saison culturale B.
La direction générale de FOMI a évoqué des commandes de fertilisants en nette augmentation. Elles sont passées de 27 mille tonnes pour la saison culturale B de 2021 à 37 mille tonnes pour la même saison de 2022, soit 37%. En plus de cela, des facteurs exogènes (carburant, électricité) influe sur la capacité de production de cette usine.
Dans ces conditions, le vœu du chef de l’Etat de faire de l’agriculture un pilier du développement du pays est difficile à atteindre. Pour rappel, le budget de l’Etat, exercice 2021-2022 met un accent particulier sur le financement de l’accroissement de la production agro-pastorale à travers la subvention des engrais organo-minéraux (15 milliards de FBu) et la production des semences sélectionnées en faveur de la population regroupée en coopératives agro-pastorales (3,013 milliards de FBu).
La chute de la production agricole va fragiliser le tissu socio-économique du pays. Le récent rapport du Bureau d Coordination des Affaires Humanitaires de l’Onu (OCHA) dresse un tableau synoptique. Pendant la saison culturale A, la province de Kirundo a connu un déficit hydrique. En novembre dernier, l’absence des précipitations a affecté 30 collines dans les communes de Kirundo, Bugabira et Busoni. Les pertes sont incommensurables sur la zone victime du déficit hydrique. Ainsi, plus de 90% des cultures de légumineuses (haricot, soja et arachide) ont été perdues, plus de 70% des cultures de céréales (maïs et sorgho) ont subi le même sort. Dans certaines collines, les habitants affirment avoir perdu l’intégralité des cultures de haricot.
Une cultivatrice de la colline Ceru, commune Kirundo a vu sa production céréalière chuter à cause du déficit hydrique. Elle a récolté moins d’un kilogramme de maïs contre 200 kilogrammes lorsque la pluie est abondante, lit-on dans le bulletin de l’OCHA.
Les conséquences du déficit hydrique sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont dramatiques. Ces derniers jours, la plaine de l’Imbo fait face à une perturbation des précipitations. Ainsi, «la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle s’y détériore très rapidement dans la mesure où les réserves alimentaires s’amenuisent», conclut l’OCHA.