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Interdiction du commerce sous l’ombre des parapluies : Une mesure qui n’a pas fait l’unanimité

Il y a environ une année que la Mairie de Bujumbura a interdit le commerce sous l’ombre des parapluies. Malgré l’interdiction de ce commerce au centre-ville, il y  a encore des récalcitrants qui n’obtempèrent pas à cette injonction. Quand cette interdiction sera-t-elle suivie d’effet ? L’avenir nous en dira long

Au centre-ville de Bujumbura, sous un soleil accablant, les vendeurs de cartes de recharge arborant gilets Lumicash ou Ecocash attendent les clients. Ils portent des gilets Lumicash  parce que la Mairie de Bujumbura leur a refusé  le droit de vendre les cartes de recharge Econet Wireless ou Lumitel sous l’ombre des parapluies.

On se dirige vers le parking des bus de Musaga passant par l’avenue dit. « Avenue de la beauté ». Là, il y a encore des commerçants qui s’abritent sous les parapluies. Les vendeurs utilisent les parapluies interdits par la Mairie non pas pour vendre des cartes de recharge ou faire le transfert d’argent via Ecocash ou Lumicash, mais pour faire le commerce d’autres articles.

Les parapluies ne sont pas visibles dans cette localité seulement, mais aussi dans d’autres coins  de la ville de Bujumbura. A l’avenue de  Grèce, il y a des commerçants qui utilisent les parapluies alors que ces derniers sont interdits par la Mairie. Les vendeurs de cartes de recharge et d’autres commerçants qui ont utilisé les parapluies dans leurs activités ont indiqué que certains commerçants utilisent encore les parapluies pour protéger leurs produits contre le soleil. Pourtant, ils passent outre la mesure qui avait été prise par la Mairie de Bujumbura depuis le 7 octobre 2019.

Quand cette mesure  sera-t-elle suivie  d’effet?

A l’origine,  la mesure d’interdiction de l’utilisation des parapluies dans le commerce avait été prise par la Mairie de Bujumbura dans le but de préserver la sécurité nationale. Au départ, cette mesure a été mal accueillie par bon nombre de commerçants qui avaient l’habitude de s’abriter sous les parapluies au bord de la route. Petit à petit, certains ont fini par obtempérer à cette injonction, mais d’autres n’ont pas pu le faire, précise  Claude Bizimana, vendeur des cartes de recharge à l’ex-marché central de Bujumbura.

Le commerce sous l’ombre des parapluies existe encore au bord des routes.

Ce dernier a indiqué que certains commerçants n’ont pas obtempéré à l’injonction de la Mairie de Bujumbura. Claude Bizimana a ajouté  qu’il y a des commerçants qui se trouvent çà et là au bord de certaines rues de la ville de Bujumbura qui utilisent encore des parapluies.  Et il se demande pourquoi les policiers ne traquent  pas tout le monde.

Selon Claude Bizimana, les récalcitrants ne sont pas nombreux, mais ils existent quand même. Il a témoigné qu’il était lui aussi un des usagers du parapluie qui vendait les cartes de recharge et les cartes SIM devant l’ex-marché central de Bujumbura. Il était là depuis trois ans. Il a indiqué que cette mesure a fait  basculer leurs activités. « Nous vendeurs de cartes de recharge travaillons actuellement dans un environnement malsains et nous sommes exposés au soleil accablant ainsi qu’à la pluie. Ce qui handicape quelquefois nos activités», rassure-t-il.

Un commerce qui, selon ses propos, lui permet de vivre, mais aussi  de payer le loyer. Depuis la mesure d’interdiction des activités commerciales le long des rues de Bujumbura sous les parapluies, lui et ses collègues font le commerce ambulant, a-t-il souligné avant d’indiquer qu’ils ont préféré faire le commerce ambulant faute d’argent pour louer les kiosques. Il ne décolère pas de la discrimination  qui est fait à l’encontre de certains commerçants et il ne comprend pas pourquoi cette injonction ne concerne pas tous.

« La police malmène tout individu exerçant le commerce au bord des routes dans les quartiers. Un commerçant s’est plaint d’une mesure unilatérale prise sans tenir compte des  réalités du pays. On ne gagne presque plus rien à cause de la crise économique qui frappe de plein fouet le Burundi. Je ne peux plus exercer mon métier tranquillement. Lorsqu’on faisait le commerce au bord de la route, je parvenais à avoir beaucoup de clients, car les voyageurs et d’autres passants savaient déjà où nous trouver. Nous avions une place pour assurer notre visibilité mais, aujourd’hui, je suis obligé de circuler pour avoir beaucoup de clients.  Nous jouons au   chat et à la souris avec la police. Avec mon modique capital, je ne peux pas non plus louer un kiosque pour continuer mon travail », confie-t-il avec désolation.

Une décision catastrophique privant des milliers de jeunes de leur gagne-pain

Pour  rappel,  le maire de la ville de Bujumbura a également interdit le commerce ambulant dans la commune de Mukaza qui abrite la quasi-totalité de l’administration, des ambassades, des commerces et des industries, et la vente des unités de recharge sous les parapluies  sur toute l’étendue de la mairie de Bujumbura. « C’est une décision catastrophique qui a privé des milliers de jeunes de leur gagne-pain, mais personne ne proteste par peur de  représailles », a fait Claude Bizimana.

Signalons que les policiers circulent en tenue civile pour traquer les commerçants qui s’abritent encore sous les parapluies ou les commerçants ambulants. Quelques secondes suffisent pour constater ce qui se passe. Les policiers traquent avec véhémence les quelques vendeuses et vendeurs encore présentes aux alentours de l’ex-marché central de Bujumbura.

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