L’importation des sachets et sacs en plastique a été suspendu depuis le 13 août 2019 par le ministère ayant l’environnement dans ses attributions à moins de six mois de l’expiration du délai de grâce. Cela pour couper court à la multiplicité constante de ces produits nocifs à l’environnement et à la santé. Les utilisateurs déplorent la non disponibilité des sacs de substitution et craignent une probable montée des prix pour les produits concernés
Un décret N°100/099 portant interdiction de l’importation, de la fabrication, de la commercialisation et de l’utilisation des sachets et d’autres emballages en plastique a été signé par le Président de la République le 8 août 2018. Pour faciliter la mise en œuvre dudit décret, un délai de grâce de 18 mois avait été accordé pour écouler les stocks et les commandes passées pour les produits qui ne figurent pas sur la liste reprise à l’article 4 alinéa 2 dudit décret: « La liste initiale du matériel en plastique bénéficiant d’une dérogation spéciale est la suivante: les sacs et les sachets en plastique biodégradables; les matériels en plastique utilisés dans les services médicaux ; les matériels en plastique utilisés dans l’emballage industriel et pharmaceutique; les matériels en plastique utilisés dans la construction industrielle, y compris les tuyaux de canalisation; les matériels en plastiques utilisés dans la fabrication des tentes; les matériels en plastique utilisés dans les laboratoires de recherche; les matériels en plastique utilisés dans l’enseignement comme matériels didactiques. Ainsi, Déo Guide Rurema, ministre ayant l’environnement dans ses attributions a indiqué qu’une réunion à l’intention des importateurs de sachets en plastique a été organisée après la signature de ce décret pour leur en informer le contenu. C’était aussi pour les inciter à demander des autorisations pour les commandes déjà passées dans un délai n’excédant pas un mois. Selon lui, toutes ces autorisations ont été accordées tout en espérant que toutes les importations allaient se terminer dans un mois. Malheureusement, déplore-t-il, on enregistre encore des importations une année après l’octroi de l’autorisation suite aux éventuelles spéculations.
Le décret n’a pas produit les effets escomptés
A moins de six mois de l’expiration du délai de grâce, le ministère ayant l’environnement dans ses attributions a fait une autoévaluation dudit décret. Il a constaté que les sachets en plastique sont toujours utilisés comme avant et qu’ils sont observés en grande quantité sur le marché. Il a été constaté que la majorité des sachets sont fabriqués au Burundi. Il a souligné l’existence des stocks énormes dans les dépôts des usines de fabrication des sachets et certains fabricants et importateurs qui disent qu’il reste des commandes non encore exécutés.
Ainsi, le ministère s’est référé sur les données de l’OBR. D’après l’analyse comparative des données statistiques sur les importations des sachets et sacs en plastique pendant la période de 11 mois (août 2017 à juillet 2018) d’avant la mise en place dudit décret et la période de 11 mois (août 2018 à juillet 2019) d’après sa mise en place, les importations sont très importantes et donne des résultats inquiétants :
N° |
Type de produits importés |
Colis importés avant le décret |
Colis importés avant le décret |
Différence |
Taux d’augmentation |
1 |
Sachets et sacs en plastique |
1.356.028 kg |
179.967.500 kg |
178.611.472 kg |
13.172 % |
2 |
Matière première |
944.213 kg |
2.443.581 kg |
1.499.678 kg |
159 % |
3 |
Les bouteilles en plastique |
1.328.497 kg |
1.644.057 kg |
315.560 kg |
24 % |
Déo Guide Rurema explique que si les importations des sachets et sacs en plastique ainsi que les importations de la matière première continuent à cette allure, il sera très difficile d’écouler les stocks avant l’expiration du délai de grâce. Ainsi, son ministère a décidé qu’à partir de jeudi le 22 août 2019, toutes les importations des sacs et sachets en polymère d’éthylène (non biodégradable) et de la matière première servant à fabriquer ces derniers sont interdites et toutes les autorisations déjà octroyées annulées à cet effet.
Le Ministre du @BMineagrie @DRurema met en garde celui qui sera attrapé après ce delai en possesion d’un sachet ou sac en plastique qu’il sera puni. Il interpelle tous les importateurs de sacs en plastique de commencer à importer ou à fabriquer les produits de substitution pic.twitter.com/fVuMqsJJjG
— BURUNDI/MINEAGRIE (@BMineagrie) August 13, 2019
Les emballages de substitution font défaut
Les commerçants utilisant les sachets comme emballages des produits vendus à leurs clients déplorent la mesure d’interdiction de l’importation des sachets en plastique. Raimondo Tarcia, patron de la boucherie charcuterie ITALBU a indiqué qu’il fallait d’abord démontrer l’existence des emballages non biodégradables et de bonne qualité disponible sur le marché burundais. Selon lui, les emballages en papier qui ne présentent pas une couche glissante ne sont pas efficaces pour la viande. Ils ne sont pas aussi appréciés par les clients. Un autre problème évoqué c’est qu’une fois les emballages importés, les prix des marchandises vont flamber compte tenu de la valeur de l’emballage. L’insuffisance des devises ne va pas aussi faciliter l’activité. Il en est de même pour la boulangerie Triano où le service commercial a précisé que les emballages qu’ils utilisent sont achetés soit en Ouganda, soit en Tanzanie. Il rassure lui aussi que les emballages fabriqués au Burundi ne sont pas de bonne qualité. Les boutiquiers eux aussi ne comprennent pas le sort réservé aux marchandises qui sont importées emballées dans les sachets. Il cite à titre illustratif les spaghettis pour enfants, les papiers hygiéniques, etc. Lui aussi ne nie pas que les prix vont aussi en être conséquents.