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Jeux Olympiques de Paris 2024 : la natation burundaise confrontée à de nombreux défis

Le Burundi a été représenté par deux nageurs, un homme et une jeune fille, aux JO de Paris 2024. Tous les deux ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour porter haut les couleurs nationales, mais leurs performances n’ont pas été à la hauteur de celles de leurs concurrents. C’est probablement parce que la natation burundaise est encore en développement et fait face à de nombreux défis.

 Cassien Basogomba, président de la Fédération des Sports Aquatiques du Burundi est satisfait de la performance des nageurs qui ont représenté le Burundi aux Jeux Olympiques de Paris 2024.

Belly Crésus Ganira et Loïs Eliora Irishura ont représenté le Burundi dans le sport de natation en 50 m nage libre. M. Ganira a réalisé un chrono de 23,80 secondes, tandis que Mlle Irishura, âgée de 14 ans, a enregistré un chrono de 29,63 secondes. Malgré ces performances, ils ont tous deux été éliminés dès le premier tour.

« Je suis satisfait de la performance de nos deux nageurs. Ils ont battu le record du Burundi », indique Cassien Basogomba, président de la Fédération des Sports Aquatiques du Burundi. Il ajoute que dans la natation, il est plus difficile pour un sportif de maîtriser sa performance comparée à l’athlétisme ou à d’autres sports. Malgré tout, M. Ganira a battu son record personnel de 24,01 secondes, ce qui est un exploit en soi, surtout en s’entraînant au Burundi. Heureusement, M. Ganira évolue en France. Bien qu’il ait été éliminé dès le premier tour, son niveau reste relativement élevé.

Quant à Mlle Irishura, M. Basogomba souligne qu’elle mérite des félicitations pour sa participation aux Jeux Olympiques à un si jeune âge. Elle a réalisé un chrono inférieur à 30 secondes, un résultat meilleur que celui des nageuses burundaises des années 2000, ce qui constitue une amélioration notable. Selon Célestin Mvutsebanka, enseignant à l’Institut d’Éducation Physique et des Sports (IEPS) de l’Université du Burundi, la performance des nageurs burundais n’est pas médiocre compte tenu des conditions d’entraînement. Leurs performances sont prometteuses, et ils pourraient s’améliorer dans l’avenir mais avec un suivi adéquat, et peut-être décrocher des médailles.

La natation burundaise encore à la traîne

Malgré les efforts des nageurs pour honorer le Burundi, leurs performances restent faibles à l’échelle mondiale. La natation burundaise n’a pas encore atteint un niveau compétitif. Selon M. Basogomba, le principal problème n’est pas le manque d’infrastructures, mais plutôt la culture sportive. Les enfants ne sont pas assez motivés pour rejoindre des clubs de natation, et cette discipline nécessite des moyens financiers pour accéder aux piscines.

Un autre défi est le manque d’entraîneurs. Actuellement, il n’y a que huit entraîneurs actifs. « Nous faisons appel aux anciens nageurs pour entraîner, mais comme la natation est encore jeune au Burundi, nous manquons d’anciens nageurs qualifiés. De plus, tous les anciens sportifs ne deviennent pas entraîneurs. Il faut aussi avoir de la passion et d’autres qualités humaines », déplore M. Basogomba. Un autre problème spécifique est que les anciens nageurs sont souvent issus de familles relativement aisées. Ils poursuivent de bonnes études et sont ensuite occupés par le travail après leur carrière sportive. Ce qui limite leur disponibilité pour participer aux entraînements. Aujourd’hui, la Fédération des Sports Aquatiques fait souvent appel à des volontaires ou à des diplômés de l’IEPS, mais leurs compétences en matière d’entraînement sont limitées.

Des défis sont plutôt multiformes

Selon M. Mvutsebanka, une fois les Jeux Olympiques terminés, la préparation pour la prochaine édition commence souvent plusieurs années à l’avance. Au Burundi, la préparation se fait souvent à la dernière minute. Ce qui constitue un défi majeur tant pour les sports individuels que collectifs. Un autre défi est le suivi sanitaire des athlètes. Par exemple, lors des Jeux Olympiques en cours, la délégation burundaise était accompagnée d’un physiothérapeute, mais lui seul ne suffit pas pour suivre les sportifs de manière adéquate. « Les athlètes ont-ils eu tous les moyens nécessaires pour s’entraîner correctement ? Les déplacements étaient-ils bien organisés ? Les entraîneurs sont-ils qualifiés et pris en charge par l’État ? Malheureusement, ce n’est pas le cas, sauf pour la Fédération de Football du Burundi », se demande M. Mvutsebanka.

Un autre défi est lié à la sélection des disciplines ou sports représentant le Burundi dans les compétitions internationales. Actuellement, seuls l’athlétisme, la natation et le judo représentent le pays. Les sports collectifs sont souvent négligés, probablement parce qu’ils sont plus coûteux que les sports individuels. Tous ces aspects réunis peuvent avoir un impact négatif sur les performances des sportifs dans les compétitions internationales.

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