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Journée internationale du travail : Les employeurs burundais appelés à anticiper les défis sociaux et économiques

Le 1er mai 2025, à l’occasion de la Journée internationale du travail célébrée au stade Intwari de Bujumbura, le président de l’Association des Employeurs du Burundi (AEB), Bernard Selemani, a présenté le bilan des actions menées par l’organisation au cours de l’année écoulée. Il a également profité de cette occasion pour formuler plusieurs recommandations à l’endroit des pouvoirs publics, des employeurs et des travailleurs.

Le président de l’Association des Employeurs du Burundi (AEB), Bernard Selemani a rappelé que la pénurie du carburant et les coupures intempestives de l’électricité font chuter la production des entreprises. (Photo : Ntare House)

 

Au cours de l’exercice 2024-2025, l’Association des Employeurs du Burundi s’est principalement consacrée à la sensibilisation des employeurs et à la vulgarisation des textes d’application du nouveau Code du travail. Ces actions ont été concentrées sur la prévention des accidents et des maladies liées au travail. Afin de rendre cette législation accessible à un large public, deux brochures ont été rédigées avec le concours de spécialistes. La première identifie les agents chimiques, biologiques et physiques présents dans les lieux de travail, expose les maladies qu’ils peuvent causer et les moyens de les prévenir. La seconde présente les normes de protection à adopter afin d’assurer la sécurité et la santé des travailleurs. Ces documents sont en cours de diffusion dans les entreprises et les usines du pays via des moyens électroniques.

La promotion de l’égalité entre les sexes en milieu professionnel a également constitué une priorité pour l’AEB. Selon les données issues de recherches menées par l’Organisation internationale du travail, les entreprises qui emploient des femmes et des hommes de manière équitable affichent des performances supérieures à celles qui pratiquent une forme d’exclusion ou de discrimination. Consciente de cet enjeu, l’AEB a organisé plusieurs conférences dans les principales villes du pays, notamment à Bujumbura, Gitega et Ngozi, afin de sensibiliser les employeurs à l’intérêt stratégique d’intégrer les femmes dans le marché du travail. Par ailleurs, une autre publication a été produite pour aider les chefs d’entreprise à adopter des comportements visant à prévenir les discriminations et les cas de harcèlement fondés sur le genre. Ce guide pratique a été distribué à tous les membres de l’association par voie numérique.

Résilience des employeurs et maintien de l’activité économique et de la cohésion sociale

Dans son allocution, Bernard Selemani a salué l’état d’avancement des travaux de rénovation du stade Intwari, soulignant l’implication des différents contributeurs qui ont permis à ce projet d’être réalisé. Il a exprimé sa reconnaissance pour le climat de paix et de sécurité qui prévaut dans le pays, soulignant qu’aucune activité économique, même modeste, ne saurait prospérer sans cette stabilité fondamentale. Il s’est également réjoui des bonnes récoltes de maïs enregistrées récemment, tout en félicitant les employeurs qui ont réussi à préserver les emplois malgré les nombreuses difficultés économiques rencontrées.

Bien que le pays ait connu une forte diminution de ses réserves en devises étrangères, une pénurie prolongée du carburant et des coupures fréquentes d’électricité, certains employeurs ont été contraints de réduire leur personnel. Néanmoins, beaucoup d’entre eux ont fait preuve de résilience en maintenant les travailleurs dans leurs postes, démontrant un engagement fort à maintenir l’activité et la cohésion sociale. Le président de l’AEB a insisté sur l’importance de la solidarité entre employeurs et employés, rappelant que « le travailleur et l’employeur partagent un même destin : ils doivent faire front commun en toute circonstance ».

Il a également rendu hommage aux travailleurs qui, malgré des conditions de transport de plus en plus difficiles, notamment en raison de la pénurie de carburant, continuent à faire preuve d’assiduité et de ponctualité. Certains doivent parcourir de longues distances pour rejoindre leur lieu de travail en raison de la raréfaction des véhicules assurant le transport collectif. Cet effort, a-t-il souligné, mérite une reconnaissance particulière. « L’alternative pour beaucoup, aujourd’hui, c’est de marcher et ils le font sans tergiverser », a-t-il déclaré, saluant leur courage.

Une stratégie pour sortir de la crise et renforcer la protection sociale

Concernant la protection sociale, le président de l’AEB a relevé que, bien qu’aucune réforme d’envergure n’ait encore été réalisée, l’Etat a multiplié les initiatives en organisant des ateliers et des consultations visant à renforcer les mécanismes de sécurité sociale. Il a néanmoins insisté sur la nécessité de structurer ce domaine à travers la mise en place de trois mutuelles de santé couvrant respectivement les fonctionnaires, les salariés du secteur privé et les travailleurs du secteur informel. « Nous devons anticiper : tôt ou tard, ces mutuelles verront le jour. Les employeurs doivent s’y préparer dès maintenant », a-t-il prévenu.

S’agissant des difficultés économiques liées à la pénurie de devises, Bernard Selemani a plaidé pour un recours accru aux partenaires internationaux, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale. Il a affirmé que la pauvreté n’est pas une spécificité burundaise, mais que ces institutions peuvent jouer un rôle de levier à condition que le Burundi respecte certains principes fondamentaux. Parmi ceux-ci figurent la lutte contre la violation des droits de l’homme, la lutte contre la corruption, la limitation des détournements de fonds publics et la stimulation des exportations. « Si le pays n’a pas d’autres moyens pour générer des devises, il faut respecter ces conditions et le faire avec responsabilité », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, le président de l’AEB a abordé les conséquences de la crise énergétique sur le tissu économique national. De nombreuses entreprises, notamment dans le secteur des télécommunications et de l’industrie…, ne peuvent pas fonctionner sans électricité ou carburant pour alimenter leurs groupes électrogènes. Il arrive fréquemment que les deux sources d’énergie soient indisponibles simultanément. Ce qui impacte lourdement la production et les résultats financiers des entreprises. Dans ce contexte, certaines entreprises s’attendaient à des mesures de soutien, mais elles se sont retrouvées confrontées à des charges fiscales accrues. Bernard Selemani a ainsi appelé à renforcer le dialogue entre les décideurs politiques et les entrepreneurs, estimant qu’« il est temps que les discussions franchissent le cap des mots et se traduisent par des actes concrets, concertés et efficaces ».

Clôturant son propos, le président de l’AEB a rappelé aux employeurs l’importance de respecter les obligations liées à la protection sociale de leurs employés, ajoutant que celle-ci constitue un pilier fondamental de la stabilité du monde du travail et du développement économique du pays.

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