De la famille des Astéracées, le « Helianthus annuus » ou le tournesol n’est pas seulement cette plante qui est réputée suivre la course du soleil. Il est de plus en plus présent dans les champs des agriculteurs, mais le manque d’usine de transformation reste un frein au développement de cette culture connue pour son huile riche en vitamines. Burundi Eco s’est entretenu avec quelques intervenants dans cette filière
Nous sommes en commune Kayogoro de la province Makamba sur la colline Butare. Un champ florissant de tournesol se démarque des autres exploitations agricoles de la localité. Cette région est surtout connue pour sa bonne récolte de maïs et de manioc. Léon Ndinzemenshi, le propriétaire de ce champ affirme que l’idée d’expérimenter la culture du tournesol lui est venue quand il a visité un ami qui habite à Rutana. « Il avait un immense champ de tournesol. Je lui ai demandé comment il s’y prenait pour le cultiver et vu que ce n’est pas une culture qui demande beaucoup d’investissement et que c’est presque le même climat qu’à Kayogoro, je lui ai demandé les semences pour tester », confie Ndinzemenshi. Le tournesol s’associe parfaitement avec d’autres plantes comme le maïs, l’arachide ou le soja. Cet agriculteur a commencé par un petit lopin de terre pour voir si le tournesol pourra mieux se développer dans cette région. « Après une année, j’ai constaté que les tiges de tournesol avaient grandi plus que le maïs que j’avais associé avec lui. Et de là j’ai semé d’autres graines. Même les voisins ont eu l’envie d’essayer et ça a marché », fait-il savoir.
Facile à cultiver, mais difficile de trouver les débouchés
Selon les cultivateurs du tournesol rencontrés à Makamba, cette culture est rentable mais, puisqu’il n’y a pas d’usine de transformation de tournesol dans toute la province, leur récolte est limitée à la consommation. « Les graines de tournesol sont riches en vitamines. Je les donne à mes enfants », témoigne Ndinzemenshi. L’usine de transformation des graines de tournesol en huile est basée à Rutana à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de Makamba. « C’est une usine de transformation qui est encore en phase primaire. Ils ne viennent pas chercher le tournesol à Makamba. Ils se contentent donc de la production de Rutana », martèle-t-il. Même son de cloche pour Michel Ngendakuriyo. Il doit se déplacer vers Rutana pour vendre ses graines. «Avec le coût du transport et aussi de la main d’œuvre pour la récolte, je vois que je ne gagne presque rien», se désole-t-il.
Ces agriculteurs demandent la mise en place d’une usine de transformation dans la province de Makamba pour qu’ils puissent en tirer profit.
Un plaidoyer est en cours pour favoriser la création des coopératives
La fixation des prix reste un enjeu de taille pour les cultivateurs de tournesol. Ces derniers affirment qu’ils ne savent pas le prix exact de ce produit, car c’est le propriétaire de l’usine de transformation qui fixe le prix à sa guise. Selon Charles Hajayandi, chef des productions végétales à la Direction Provinciale de l’Agriculture et de l’Elevage (DPAE) de Makamba, il faut qu’il y ait une mise en place des coopératives qui associeraient les producteurs de tournesol dans la fixation des prix. Ce qui aiderait à promouvoir le niveau de vie des agriculteurs en augmentant leurs revenus. «Aucune base de négociation n’est pour le moment possible. Les producteurs de tournesol acceptent sans broncher le prix de l’acheteur», souligne-t-il.
Les producteurs de tournesol demandent l’implantation d’une usine de transformation tout près de chez eux. Cela leur donnerait un coup de pousse dans l’intensification de la culture du tournesol et la commercialisation en abondance des dérivés de cette plante.