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Kayanza : La spéculation sur le prix du carburant bat son plein

La pénurie du carburant n’est plus un secret au Burundi, que ce soit dans la capitale économique comme à l’intérieur du pays. Dans le centre urbain de Kayanza, depuis jeudi le 14 octobre 2021, la situation s’est aggravée et, en conséquence, la spéculation sur le prix de ce produit s’enracine   

Nous sommes lundi le 18 octobre 2021. Il est 13h passé de quelques minutes au chef-lieu de la province de Kayanza. Ce jour-là, le climat est assez frais : des rayons solaires doux et un peu de vent qui souffle dans tous les sens. Ce qui rend cette journée agréable. La circulation y est intense. Il s’y manifeste des va-et-vient des piétons, des véhicules, des motocyclettes voire des bicyclettes. Jusque-là, tout va bien, car les automobiles entrent et sortent du centre urbain de Kayanza comme à l’accoutumée. Pour des raisons de travail, le reporter de Burundi Eco prend une moto pour se rendre sur une colline environnante qui se trouve à plus ou moins trois kilomètres de ce centre urbain.

Le motard qui assure ce transport n’est pas sûr de la quantité de carburant dont il dispose dans le réservoir. Il passe sur une station-service pour s’approvisionner. Hélas ! A cet endroit, aucune automobile n’est sur place en attente d’être servi. Pire encore, il n’y a pas de pompistes. La réalité est que la station-service est quasi sèche. Elle semble ne pas avoir de carburant depuis plusieurs jours. Le motard n’est pas pressé. Il arbore une image qui montre qu’il est habitué à une situation pareille. Il ne manifeste pas l’engouement de se rendre à une autre station-service. Il descend de sa moto et appelle quelqu’un avec son téléphone portable. Au bout de trois minutes, deux jeunes gens viennent à sa rencontre avec deux bouteilles de type  « Kinju » chacun.

La pénurie du carburant influe sur la hausse du prix de transport.

Une spéculation grimpante

Compte tenu de la couleur du contenu, on devine que ce n’est autre chose que de l’essence. Ils commencent à négocier le prix de ce produit stratégique et tombent d’accord sur 7000 FBu pour une bouteille de 1,5 litres. Ledit motard paie cet argent sans hésiter comme si c’était normal. « Nous sommes habitués à la pénurie répétitive du carburant depuis longtemps. Aujourd’hui, nous sommes au cinquième jour sans que les six stations-services qui se trouvent dans le centre urbain de Kayanza aient du carburant. Si au moins une station-service parvient à avoir du carburant, cela ne durera que peu de temps. Dans de telles situations, nous sommes obligés de nous approvisionner au marché noir où les traders qui en disposent spéculent sans scrupules », lâche le motard tout en conduisant sa « deux-roues ». Cela étant, le prix officiel de l’essence est de 2400 FBu par litre.

A notre retour au parking des motocyclistes, les conséquences de la pénurie du carburant se sont faites sentir. Un passager rencontré sur place en provenance d’une des communes de la province de Kayanza a confirmé qu’il paie 7000 FBu sur un trajet qui ne lui coûtait que 5000 FBu dans les conditions normales. Ce n’est pas que les passagers qui paient cher, même les commerçants en souffrent. La prénommée Jeanine, une commerçante de denrées alimentaires affirme qu’elle paie 2000 FBu de plus par rapport aux frais de transport qu’elle payait avant (quand il n’y avait pas de pénurie de carburant) pour le transport de son bagage en provenance des zones rurales vers le marché de Kayanza.

A cause de cette pénurie du carburant, cette commerçante n’engrange pas assez de bénéfices parce qu’elle ne peut pas augmenter le prix de ses produits pour ne pas être victime de la concurrence d’autres commerçants qui vendent les mêmes produits qu’elle. Vers 16 heures de ce lundi, une station-service située près de l’agence de la banque BBCI est parvenue à être approvisionnée. En conséquence, les véhicules et les motos doivent faire la file indienne dans l’espoir d’être servis à temps.

Les dirigeants toujours vigilants

Joint au téléphone, Col. Rémy Cishahayo, gouverneur de la province de Kayanza précise que quand la pénurie de carburant, il y a certainement des contrevenants qui spéculent sur ce produit. Mais malheur à ceux qui seront attrapés en flagrant délit. Ils seront punis conformément à la loi. Il tranquillise que ce problème se résolvera petit à petit. Même ce mercredi 20 octobre 2021, le carburant était disponible dans quelques stations-services du centre urbain, et les administratifs intervenaient pour que les bénéficiaires soient servis équitablement.

Dans le numéro 475 de Burundi Eco, Léonidas Sindayigaya, porte-parole du ministère en charge de l’énergie tranquillise que le stock stratégique de carburant est suffisant. Mais il ne nie pas que des défaillances peuvent surgir au niveau des importateurs du carburant et des propriétaires des stations-services.

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