L’actualité régionale reste dominée par les échéances électorales au Kenya. Le verdict des urnes est tombé. C’est William Ruto qui sort vainqueur des élections. Sans aucune surprise, le candidat, Raila Odinga vient de rejeter les résultats du vote. Il réclame purement et simplement l’annulation des résultats auprès de la justice
Le candidat William Samoei Arap Ruto a été déclaré président élu du Kenya par la Commission électorale indépendante et des frontières (IEBC).
Le président de l’IEBC, Wafula Chebukati a fait cette annonce au Bomas of Kenya lundi le 15 août 2022 à 18h 03. Il a déclaré que M. Ruto avait satisfait aux exigences constitutionnelles après avoir obtenu 7 176 141 voix, soit 50,49% de tous les suffrages exprimés et obtenu le nombre le plus bas de 39 comtés de 25%.
« Conformément à la Constitution et à la loi, le président de l’IEBC annonce que Ruto William Samoei a été élu Président de la République du Kenya en vertu de l’article 138 de la Constitution pour l’élection présidentielle du 9 août 2022 », a-t-il déclaré.
M. Chebukati a remis le certificat de résultat présidentiel à M. Ruto sous les applaudissements de ses partisans. Il était accompagné du vice-président élu Rigathi Gachagua et de son épouse Rachel Ruto.
Raila Odinga, candidat : « Les chiffres annoncés par Chebukati sont invalides et doivent être annulés par la justice. Il n’y a pas de vainqueur ni de président élu ».
Un scrutin suivi à la loupe
L’annonce des résultats met fin à l’attente plus moins longue et au suspens à une semaine des élections. Pendant le décompte des voix, les résultats étaient très serrés. Les candidats Raila Odinga et William Ruto étaient coude à coude.
Pour les observateurs, le vote s’est déroulé dans le calme. Ils félicitent la commission électorale pour son travail plutôt bien fait. La Communauté de l’Afrique de l’Est, l’Association pour le développement intergouvernemental (Igad), le Commonwealth et la mission d’observation de l’Union africaine (UA) ou encore les membres de la délégation du Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) au Kenya ont également vanté le Service national de police pour son professionnalisme lors du vote.
L’IECB pointée du doigt
Dans une conférence de presse tenue au Centre international de conférence Kenyatta (KICC) le mardi 16 août, Raila Odinga accuse le président de la Commission électorale indépendante (IEBC), Wafula Chebukati, d’enfreindre la loi en annonçant uniquement les résultats.
Il a fait valoir que l’IEBC – lors de l’annonce du vainqueur du vote présidentiel – n’avait pas un quorum suffisant de commissaires de l’IEBC. C’est après que quatre des sept commissaires n’aient pas reconnu les résultats.
Pour lui, le superviseur de la Commission électorale indépendante a refusé aux autres commissaires d’accéder aux résultats avant de les rendre publics. Ainsi, Raila rejette les résultats du scrutin et s’en remet au tribunal pour faire annuler l’élection. « Notre opinion dans la Déclaration est claire. Les chiffres annoncés par Chebukati sont invalides et doivent être annulés par la justice. Il n’y a pas de vainqueur ni de président élu..», a déclaré M. Odinga. Toutefois, il a demandé à ses partisans de maintenir la paix et la stabilité avec leur alliance alors qu’ils suivent les moyens constitutionnels d’annuler les résultats des élections.
Un passé douloureux du pays
Depuis 2002, toutes les présidentielles kényanes ont été contestées. Sous l’impulsion de M. Odinga, la Cour suprême avait annulé les élections en 2017
Le Kenya cartonne également dans les violences post-électorales qui font parfois l’objet d’effusions sanglantes. Entre 2007 et 2008, les affrontements intercommunautaires issus des contestations ont fait plus de 1 100 morts et des centaines de milliers de déplacés.
Edgar Wabwire