Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque de la République du Burundi (BRB) s’est réuni pour analyser les récentes évolutions macroéconomiques aux niveaux international, régional et national. Face à une inflation persistante et à des perspectives économiques contrastées, l’institution a décidé de maintenir une politique monétaire restrictive afin de stabiliser l’économie burundaise. Les conclusions de cette réunion ont été rendues publiques par le gouverneur de la BRB, Edouard Normand Bigendako, jeudi le 14 mars 2025.
Edouard Normand Bigendako, gouverneur de la Banque centrale, réaffirme l’engagement de cette institution à ramener l’inflation à 8 % à moyen terme.
Au Burundi, la croissance économique reste modérée, tandis que l’inflation demeure une préoccupation majeure. Le Comité de Politique Monétaire (CPM) note une hausse de 87,2 % de la production de café vert au quatrième trimestre 2024, tandis que celle du thé sec a chuté de 22,4 % en raison de perturbations dans la collecte et l’usinage. La croissance économique burundaise est estimée à 3,9 % en 2024 contre 3,3 % en 2023, portée principalement par le secteur tertiaire (banques, assurances, administration publique, télécommunications). En 2025, elle devrait atteindre 4,6 %, stimulée par la reprise de l’agriculture vivrière et la dynamique du secteur extractif.
Sur le plan extérieur, la balance des paiements affiche une réduction du déficit du compte des transactions courantes, grâce à une contraction du déficit commercial et à une amélioration des revenus secondaires. Cependant, la dette publique a augmenté de 15,1 % en 2024, atteignant 50,4 % du PIB, en grande partie à cause de la hausse de la dette intérieure (+20,5 %).
Malgré une politique monétaire restrictive, l’inflation reste préoccupante. L’indice des prix à la consommation a bondi de 30,0 % au quatrième trimestre 2024, contre 20,1 % au trimestre précédent. Cette flambée s’explique par plusieurs facteurs, notamment la hausse des prix alimentaires (+29,0 %), de l’inflation sous-jacente (+31,2 %) et des coûts énergétiques (+34,0 %). Les projections pour le premier trimestre 2025 indiquent que ces tensions pourraient perdurer, alimentées par des risques géopolitiques régionaux et des perturbations dans le transport.
Une inflation mieux maîtrisée dans la région
Dans la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), la croissance économique est attendue à 5,4 % en 2024 et 5,9 % en 2025. Cependant, des incertitudes persistent, notamment en raison de l’instabilité politique et des conditions de financement resserrées. L’inflation régionale, en revanche, a fortement diminué, atteignant en moyenne 3,1 % dans les principales économies (Kenya, Ouganda, Tanzanie et Rwanda).
Selon les perspectives économiques du Fonds Monétaire International (FMI) publiées en janvier 2025, la croissance mondiale devrait atteindre 3,2 % en 2024 et 3,3 % en 2025, un niveau inférieur à la moyenne historique de 3,7 % observée entre 2000 et 2019. L’inflation mondiale suit une tendance baissière, passant de 5,9 % au quatrième trimestre 2023 à 4,6 % sur la même période en 2024 dans la zone de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette diminution est attribuée au resserrement monétaire et à l’amélioration des chaînes d’approvisionnement. Cependant, des incertitudes demeurent, notamment en raison des tensions commerciales impliquant les États-Unis.
Quelles mesures pour inverser la tendance ?
Face à ces défis susmentionnés, la BRB maintient une politique monétaire restrictive et adopte plusieurs mesures pour stabiliser l’économie. Premièrement, la Banque centrale maintient le taux directeur à 12 %. En plus, elle va renforcer la coordination entre les politiques monétaire et budgétaire. En troisième position, la BRB accélère des réformes de modernisation des systèmes de paiement. Ce n’est pas tout, elle améliore la gestion des marchés monétaire et de change. Cinquièmement, la Banque centrale s’engage à communiquer régulièrement avec les acteurs économiques pour ancrer les anticipations inflationnistes.
Le gouverneur de la BRB, Edouard Normand Bigendako, a réaffirmé l’engagement de la banque centrale à ramener l’inflation à 8 % à moyen terme. Parmi les mesures envisagées, l’institution prévoit d’intensifier ses efforts pour assurer un approvisionnement régulier en carburant, en collaboration avec les acteurs du secteur. Grâce à ces initiatives, la BRB espère contenir les pressions inflationnistes et créer un environnement économique stable, propice à une croissance soutenue et inclusive au Burundi.