Le gouvernement du Burundi et la Banque Mondiale ont tenu ce jeudi le 17 avril 2025 à Bujumbura une revue conjointe du portefeuille des projets en cours de financement. Cette rencontre a été marquée par les discours du Premier ministre burundais et du directeur des opérations de la Banque mondiale pour la région. Elle a permis d’évaluer l’état d’avancement des projets soutenus par cette institution financière internationale et de tracer des perspectives pour une coopération renforcée.
Albert G. Zeufack (à droite) a salué les avancées institutionnelles du Burundi, notamment le lancement de la stratégie nationale de coopération au développement et la mise en place d’un système automatisé de suivi des projets. (Photo : RTNB)
Le Premier ministre burundais Gervais Ndirakobuca a rappelé l’ambition nationale de faire du Burundi un pays émergent à l’horizon 2040, puis un pays développé en 2060. Cette vision repose, selon lui, sur une stratégie de développement inclusive et volontaire. Pour atteindre cet objectif, a-t-il souligné, « la conjugaison des efforts entre le gouvernement et les partenaires au développement s’avère indispensable ».
Le chef du gouvernement du Burundi a salué l’engagement historique de la Banque Mondiale au Burundi, un partenaire présent depuis 1957. « Elle est restée aux côtés du gouvernement à travers des appuis techniques et financiers multiformes », a-t-il rappelé, soulignant au passage l’impact positif des financements sur la réduction des inégalités sociales et l’amélioration des conditions de vie des populations. Néanmoins, a-t-il averti, « il reste du chemin à faire », notamment en matière de renforcement du capital humain.
Le Premier ministre Ndirakobuca a exhorté les partenaires à s’inscrire dans une logique de coopération « gagnant-gagnant » où les priorités du gouvernement seraient pleinement prises en compte. Il a insisté sur la nécessité pour toutes les parties prenantes burundaises, en particulier les coordinateurs des projets, de faire preuve de rigueur et de responsabilité dans la mise en œuvre des programmes. « Le développement du Burundi est avant tout notre devoir », a-t-il martelé, appelant à une exécution diligente et efficace des projets afin de générer des impacts concrets et durables.
Le gouvernement toujours redevable
M. Ndirakobuca a également interpellé les membres du gouvernement sur leur devoir de redevabilité envers la population. Citant le Président de la République, il a rappelé que « la redevabilité, l’efficacité et la bonne gouvernance doivent être au centre de notre action gouvernementale ».
Prenant la parole à son tour, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour le Burundi, la RDC, l’Angola et Sao Tomé-et-Principe, a salué cette revue comme une opportunité essentielle d’évaluation et de dialogue. « Elle nous permet de discuter des défis rencontrés, d’identifier les solutions appropriées et d’améliorer l’exécution des projets pour atteindre des résultats concrets », a-t-il déclaré.
Des défis persistent malgré un portefeuille en expansion
Selon lui, le portefeuille de projets financés par la Banque mondiale au Burundi a considérablement progressé ces dernières années. En 2024, de nouveaux projets et des financements additionnels d’un montant total de 703 millions de dollars ont été approuvés, portant la valeur totale du portefeuille à près de 1,97 milliard de dollars. Ces fonds soutiennent des programmes prioritaires dans les domaines de l’énergie, de l’environnement et du développement du capital humain, en cohérence avec la vision nationale 2040-2060 et le Plan national de développement.
Albert G. Zeufack a aussi salué les avancées institutionnelles du pays, notamment le lancement de la stratégie nationale de coopération au développement et la mise en place d’un système automatisé de suivi des projets. « Ce dispositif permettra une meilleure visibilité sur les programmes prioritaires et leur exécution dans le temps », a-t-il estimé.
Cependant, tout n’est pas au beau fixe. M. Zeufack a souligné des retards significatifs dans l’exécution budgétaire. À moins de trois mois de la fin de l’année budgétaire 2024-2025, seuls 13,3 % des fonds prévus ont été décaissés alors que les prévisions tablaient sur un taux de 25 %. « Il est impératif de prendre des mesures urgentes pour accélérer le rythme de décaissement », a-t-il insisté.
Malgré ces défis, les deux parties se sont félicitées de leur collaboration fructueuse. Zeufack a notamment salué les facilités accordées récemment pour l’importation du carburant destiné à l’exécution des activités de certains projets. Ce qui a permis de lever certains obstacles à leur mise en œuvre.
Cette revue conjointe a donc constitué une étape importante dans la consolidation du partenariat entre le Burundi et la Banque Mondiale. A travers un dialogue franc et constructif, les deux parties ont affiché leur volonté de renforcer leur coopération pour faire du développement durable une réalité tangible pour les populations burundaises.