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La BBD excelle dans l’utilisation des services financiers numériques

La société Burundi Business for Development (BBD) exploite les services financiers numériques. En l’espace de deux ans, une cinquantaine d’emplois directs ont été créés et plus de 3000 agents collaborent avec cette société à travers tout le pays. Le fondateur de BBD parle de son parcours et de ses ambitions de conquérir le marché régional et international

Depuis son enfance, Ferdinand Ninteretse avait le sens d’organisation. Pour preuve, il a été désigné à maintes reprises comme délégué de classe à l’école secondaire comme à l’université. L’idée d’entreprendre lui a traversé l’esprit quand il était à l’université. « J’ai constaté que la plupart des lauréats des universités étaient des candidats au chômage. La fenêtre d’opportunités sur le marché de travail se refermait au fil des années », précise M. Ferdinand Ninteretse, président fondateur et directeur général de BBD. 

Ferdinand Ninteretse, fondateur et directeur général de BBD : « Un bon entrepreneur doit exploiter toutes ses forces pour réussir dans les affaires ».

Pour lui, il fallait à tout prix trouver une alternative, créer de l’emploi pour soi et pour les autres. Comme tous les jeunes entrepreneurs en herbe, Ninteretse était à la croisée des chemins. Heureusement, un certain Rémy Havyarimana a formé un groupe d’étudiants sur à quoi ressemblerait la vie post-universitaire. Ninteretse se remémore que ce formateur leur a montré comment entreprendre à partir de zéro. L’entreprise nait de la fusion du capital humain et du capital financier, explique-t-il. Pour lui, l’argent n’est plus la bête noire des entrepreneurs débutants. Il suffit d’avoir des idées innovantes. 

La vente des cartes SIM, un bon départ 

Etudiant en 2ème candidature en langues et littérature françaises à l’Université du Burundi (UB), Ninteretse a décroché un job chez Econet Wireless qui était novice sur le marché des télécoms. Il travaillait comme agent marketing chargé de la vente ambulatoire des cartes SIM aux nouveaux abonnés. Le premier jour, il a empoché 10 000 FBu, soit l’équivalent d’un tiers de bourse mensuelle offerte par l’Etat. Pas plutôt mal pour un travail de quelques heures seulement par jour, dit-il. Néanmoins, ce n’était pas facile pour lui de travailler avec d’autres agents qui avaient à peine terminer le secondaire. Pire encore, il y avait toujours le complexe de supériorité qui me hantait, rappelle Ninteretse. Il craignait surtout d’être stigmatisé par ses pairs «ubistes» restés dans les homes universitaires. 

Alors qu’il n’avait pas encore terminé ses études universitaires, la chance lui sourit. En 2011, il est recruté pour travailler au centre d’appel. Un poste trop exigeant, car il faut être polyvalent et surtout maîtriser toutes les opérations de la boîte pour tenir ce poste. Il ne demeurera pas longtemps à ce poste car, une année après, il a été affecté au service de mobile Banking avec le produit Ecocash avant d’être propulsé au poste de chargé des ventes en mairie de Bujumbura. Il supervisait notamment les revendeurs, les distributeurs, et les vendeurs de cartes SIM. 

La fusion de Econet-leo accélère la réalisation de ses rêves 

Malgré l’avancement des grades chez Econet Ninteretse éprouvait un sentiment d’insatisfaction. Il rêve de devenir son propre patron. Il n’a pas profité de la fusion d’Econet avec Leo pour remettre sa démission de peur d’être assimilé à celui qui a été renvoyé aux yeux du public. Il devient d’ailleurs responsable des ventes pour trois provinces, à savoir : Bujumbura Mairie, Muramvya et Bujumbura. Entretemps, Econet-Leo a voulu affirmer son hégémonie dans le transfert d’argent par téléphone dont il est d’ailleurs le pionnier. Ainsi, les responsables de cette société font recours aux intermédiaires appelés super-agents pour son service Ecocash. Ces derniers assurent la liaison entre cette boîte et les agents Ecocash. Les super agents ont pour fonction d’approvisionner en argent électronique les agents, mais ils peuvent tout même faire les opérations des agents. Ninteretse ne rate pas cette chance, car en 2017, il démissionne en bonne et due forme chez Econet-leo pour devenir super agent. Le business est fonction du volume des transactions opérées. Les recettes sont déductibles des commissions des agents. C’est un business qui est sûr car chaque transaction est comptabilisée et génère une commission instantanée. 

Bright Business for Development fait ses premiers pas

Après sa démission de chez Econet Leo, Ninteretse eut l’idée de créer une entreprise spécialisée dans les services financiers numériques d’argent et le marketing. Comme il était familier des transactions électroniques, il a constaté une certaine insatisfaction de la clientèle. D’où il a voulu relever ce défi. Selon lui, un bon entrepreneur doit exploiter toutes ses forces pour réussir dans les affaires. 

Après trois mois d’activité, BBD défie toute concurrence et surpasse les autres super agents en termes de transactions électroniques et se classe au premier rang national. Dès lors, la société séduit les autres plateformes de mobile Banking dont Pesa Flash avec Finbank, Payway, Lumicash, etc. La BBD collabore actuellement avec la FINBANK pour bénéficier des crédits de court terme. C’est une société de commerce général qui s’occupe de la promotion et de la vente des produits de mobile Banking. Elle dispose de 7 agences en mairie de Bujumbura. 

Plus de trois mille agents partenaires 

La société BBD a déjà créé 30 emplois permanents et plus d’une vingtaine d’emplois temporaires. Par ailleurs, BBD dispose d’un réseau dense de 2 200 agents Ecocash, 200 agents Lumicash et 400 agents pesa flash, soit plus de 3000 agents si on ajoute les agents des autres plateformes. L’impact socio-économique de la société est perceptible. A part les personnes recrutées, il y a ceux qui ont été initiés sur les astuces du commerce électronique. De plus, les 3000 agents ont créé au moins 2000 emplois indirects. Les agents gagnent autour de 200 millions de FBu chaque mois, à raison de 250 000 FBu par agent. 

Les autres sources de revenus sont les paiements de masse dans le cadre des projets d’assistance aux groupes de personnes vulnérables pour initier des activités génératrices de revenus. A titre illustratif, BBD est partenaire du projet Merakanbandi financé par la Banque Mondiale. Le paiement s’effectue tous les deux mois via les téléphones portables des bénéficiaires. Les transactions sont gérées par la BBD. Les bénéficiaires effectuent des retraits chez BBD et un seul paiement peut atteindre 50 millions de FBu par jour. « Malheureusement la marge bénéficiaire reste dérisoire car, dans la plupart des cas, nous contractons des crédits auprès des banques commerciales », déplore Ninteretse. 

Les défis et perspectives 

L’augmentation des points de vente des indépendants a joué un grand rôle dans la décentralisation des services financiers. Mais les défis restent importants surtout à l’intérieur du pays où les agents sont peu nombreux. Le produit Ecocash offre des services similaires à ceux des banques classiques comme le dépôt et le retrait. A cela s’ajoutent le transfert de fonds, l’achat des unités, le paiement des factures auprès d’un agent marchand, etc. Pourtant, le service de paiement des factures n’est pas utilisé au même titre que celui de l’envoi et de retrait d’argent. Les opérateurs télécoms doivent redoubler d’efforts pour sensibiliser les utilisateurs à adopter ce mode de paiement fiable, rapide et sécurisé. 

Dans l’avenir, la BBD prévoit un projet d’extension de ses interventions à travers tout le pays. Ainsi, une cartographie de tous les chefs-lieux des provinces, les communes et les collines a été élaborée. L’objectif est d’implanter au moins 5 agences sur chaque colline, d’ici deux ans. Cela pour faciliter l’accès universel aux services financiers numériques n’importe où dans le pays.  Le patron de BBD est confiant que cet objectif sera atteint malgré les difficultés de financement auxquelles fait face. Et il est prêt à collaborer avec toutes les plateformes numériques qui s’intéressent au mobile Banking. Elle ambitionne conquérir les marchés régional et international. 

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