Les activités de la coopérative Vumerinka, un centre de collecte de lait dans la commune de Rugombo vont decrescendo. La production laitière a diminué progressivement. Les éleveurs et les employés sont toujours en attente de paiement. Les membres de cette coopérative souhaitent que leurs apports soient remboursés avec intérêt
Les organisations internationales ou locales injectent beaucoup d’argent dans les projets de développement. Ceux-ci donnent de bons résultats dans les premiers jours. Quelques mois plus tard, les membres des comités exécutifs de ces projets s’approprient les biens communs. Dans ce sens, on observe des défaillances ou des pertes et certains de ces projets peuvent être contraints de fermer. C’est le cas de la coopérative Vumerinka, un centre de collecte du lait provenant des collines où le Programme National pour la Sécurité Alimentaire et le Développement Rural de l’Imbo et du Moso (PNSADR-IM) a distribué des vaches dans la commune de Rugombo.
Cette coopérative compte 158 membres actionnaires avec un personnel de 15 employés. Actuellement, elle ne fonctionne pas comme à ses débuts. La quantité de lait collectée a diminué et les éleveurs ne sont pas payés régulièrement.
Décroissance de la production
La situation financière actuelle de la coopérative s’est fortement dégradée comme l’a affirmé Alexandre Harerimana, le secrétaire de ladite coopérative. « La production laitière a beaucoup diminué. Au début, la coopérative collectait 1 100 litres de lait par jour mais, aujourd’hui, ce chiffre est tombé entre 400 et 500 litres. Cette baisse entraîne des pertes pour la coopérative, car les employés et les éleveurs ne peuvent pas être régulièrement rémunérés ».
Pourquoi ce retard de paiement ?
Les éleveurs ne sont pas payés à temps. Pourtant, M. Harerimana affirme que la coopérative n’a pas manqué d’argent pour les régulariser. « Auparavant, nous n’avions pas de difficultés financières. Les éleveurs percevaient leurs frais tous les 15 jours mais en raison de la diminution de la quantité de lait, nous avons dû décider de les payer après un mois ». Le montant que cette coopérative doit aux éleveurs s’élevait à 9 millions de francs burundais pour les mois de mai et juin 2024.
Des mésententes suite à un crédit contracté
Alexandre Harerimana indique que la coopérative a contracté un crédit auprès de la Coopérative d’Epargne et de Crédit (COOPEC), un crédit qui a suscité des mésententes et doutes de la part de certains de ses membres. « Nous avons contracté un crédit de 50 millions de francs burundais pour la construction d’une usine de fabrication des aliments pour le bétail comme le Projet de Développement Agricole Intégré dans les Grands Lacs (PRDAIGL) avait promis de nous appuyer dans sa construction. Un groupe de personnes s’est levé contre nous, affirmant que la coopérative n’est pas fonctionnelle, qu’il y a eu des malversations économiques et que nous avons signé un contrat de demande de crédit sans avoir présenté le projet aux membres. Cependant, une somme de 35 millions de francs burundais, qui se trouvait sur le compte de la coopérative a rapidement été bloquée par la coopérative d’épargne et de crédit(COOPEC). En conséquence, nous n’avons pas pu payer régulièrement les éleveurs. Malheureusement, ceux qui se sont opposés à nous n’étaient pas tous des éleveurs », a -t-il expliqué
Les éleveurs désemparés
Actuellement, certains éleveurs membres de la coopérative sont désespérés et n’ont plus confiance dans la capacité du centre à reprendre ses activités normalement. Jérôme Siniremera témoigne : « Au départ, nous travaillions convenablement. Nous avions suffisamment de fonds et la production laitière était bonne. Si une vache tombait malade et que nous faisions recours à la coopérative, elle nous accordait de l’argent pour la faire soigner. Cependant, au fur et à mesure que les ressources augmentaient, cela a attiré la convoitise chez les gérants de ladite coopérative qui en ont profité pour s’approprier les biens communs. Et par voie de conséquence, les éleveurs ont commencé à ne pas être payés. Nous avons également entendu dire que la coopérative avait contracté un crédit auprès d’une coopérative d’épargne et de crédit, mais nous n’en étions pas informés et nous n’en avons pas cueilli les fruits ».
Et d’ajouter : « Si nous demandons ce que le crédit a généré, ils nous répondent qu’ils vont nous rembourser. Nous souhaitons que nos contributions soient remboursées mais avec intérêt, car il y a longtemps qu’elles ont été libéré »
Alexandre Harerimana quant à lui, demande à la commission provinciale chargée du suivi des activités des coopératives de clarifier la situation afin que le compte de la coopérative Vumerinka soit débloqué et que les éleveurs puissent être payés.
Aline Niyibigira