Le fait de jeter les déchets dans des endroits inadaptés constitue un défi à relever pour assurer une gestion adéquate des déchets ménagers. En ce sens, Burundi Eco a effectué un reportage dans divers quartiers de la capitale économique pour se rendre compte de l’état de l’assainissement de cette agglomération urbaine. Les détails dans ce numéro.
Dans le but de garantir un environnement propre, sain et durable pour tous les Burundais, la Première dame Angeline Ndayishimye a récemment lancé officiellement le mouvement « Zéro Déchet » lors des cérémonies qui ont eu lieu mardi le 19 mars 2024 à la mairie de Bujumbura. Ce mouvement vise à résoudre le problème de la pollution des espaces publics, des lieux de travail et des foyers
Cependant, selon les informations recueillies sur place auprès des habitants des différents quartiers de la capitale économique, principalement dans les communes urbaines de Mukaza et de Ntahangwa, la gestion des déchets ménagers ne s’effectue pas de manière adéquate. Que ce soit pour les sociétés chargées de la collecte des déchets ou pour les habitants qui paient ce service, des défis existent de chaque côté.
Quid du contrat entre les sociétés et les ménages ?
Anick Ndayishimiye, mère de deux enfants et résidant dans la zone Nyakabiga (Kigwati) dans la commune de Mukaza en Mairie de Bujumbura, nous a fait savoir qu’auparavant elle payait 3000 FBu par mois et les collecteurs ramassaient les déchets deux fois par mois. Mais actuellement, elle paie de 5 000 FBu par mois et ils ne viennent collecter les déchets qu’une seule fois par mois. De plus, ces sociétés sont parfois en retard dans la collecte des ordures. Elle indique également que dans son ménage, n’a signé aucun contrat avec les sociétés chargées de la collecte des déchets ménagers. Lorsque le camion passe pour collecter les ordures, elle doit payer les frais de collecte.
Par ailleurs, Léa Ndayizeye, une trentenaire de la zone Kamenge, précisément à Mirango I, a déclaré qu’elle paie 2000 FBu par mois pour la collecte des déchets. « Même si nous payons ce montant, il peut se passer deux mois sans que les sociétés de collecte des déchets ne viennent les prendre. Cela nous inquiète, car nous sommes exposés aux maladies aux maladies des mains sales dues aux tas d’ordures déposés près de nos maisons », se lamente-t-elle. Mme Ndayizeye affirme également qu’elle n’a jamais signé de contrat avec l’une des sociétés chargées de la collecte des déchets ménagers.
Un résident de la localité dite Matafari située dans la commune de Ntahangwa qui a préféré garder l’anonymat a témoigné qu’il n’a jamais vu un camion collecter les déchets ménagers. Les déchets sont jetés dans un ruisseau appelé Nyakabugu situé à proximité de cette localité.
Les habitants ne paient pas le même montant
Dans la zone de Bwiza, commune Mukaza en Mairie de Bujumbura, Jean Marie Ndayiragije, vendeur d’unités et utilisateur de services de transfert d’argent tels que Lumicash, Ecocash, Bancobu eNoti, etc., nous a fait savoir qu’il paie 4000 FBu par mois pour la collecte des déchets ménagers.
Cependant, selon lui, ce montant est élevé. « Je loue une chambrette avec deux autres célibataires. Nous payons bien sûr cette somme, mais nous ne comprenons pas pourquoi nous payons le même montant que d’autres ménages qui comptent plus de dix personnes et qui cuisinent jour et nuit alors que nous quittons la maison le matin pour y retourner la nuit. Ce secteur devrait être règlementé pour plus de transparence et d’équité », souligne-t-il.
En outre, à Gasenyi, dans la zone Gihosha en commune urbaine de Ntahangwa, les habitants déclarent qu’ils paient 10 000 FBu par mois pour la collecte des déchets ménagers. Cependant, il peut se passer plus d’un mois sans que ces sociétés ne viennent collecter les déchets. Ils estiment donc qu’il est nécessaire de respecter les délais de collecte des déchets.
Les ramasseurs des déchets, exposés à tous les risques
La collecte des déchets est une activité dangereuse pour les ramasseurs des déchets qui sillonnent les ménages, les restaurants, les usines, les entreprises, etc. Ils se plaignent de travailler sans protection et d’être exposés à des risques. Jean Bosco Bigirimana, employé de la société Alufa Solution de collecte des déchets ménagers que nous avons rencontré à Mubone où divers déchets ménagers sont jetés, nous a fait part de son insatisfaction concernant son travail quotidien.
« Si j’avais une autre opportunité, j’abandonnerais immédiatement ce métier. Imaginez, lorsque nous trouvons des beignets, des samboussas, des arachides, nous les mangeons immédiatement sans nous laver les mains. Cela nous expose aux maladies diarrhéiques. De plus, regardez, nous travaillons sans aucune protection corporelle. Nous n’avons ni bottes, ni gants, ni casques, ni masques… C’est une activité très risquée. Les habitants mélangent tous les types de déchets, qu’il s’agisse de déchets alimentaires, de tasses ou de bouteilles cassées, d’aiguilles, de lames de rasoirs, etc. », se lamente-t-il -il.
La collecte des déchets doit être effectuée au moins trois fois par mois
Après avoir visité différents quartiers des communes urbaines de Mukaza et Ntahangwa, nous avons constaté que les sociétés de collecte des déchets ne respectent pas les délais de collecte des déchets ménagers. Cela, au moment où Jimmy Hatungimana, maire de la ville de Bujumbura, a mis en garde les responsables des sociétés de collecte des déchets ménagers qui n’accomplisse pas leur devoir convenablement.
Il a recommandé aux sociétés ayant conclu un contrat avec les habitants des différents quartiers de la ville de Bujumbura d’effectuer au moins trois passages par mois pour collecter les déchets. De plus, les sociétés de collecte des déchets qui ne respectent pas les contrats signés avec les responsables des ménages seront sanctionnées et remplacées par d’autres sociétés plus compétentes. Cela a été annoncé lors d’une réunion qui s’est tenue lundi le 4 mars 2024 à laquelle participaient les autorités administratives de la mairie de Bujumbura, les responsables des sociétés chargées de collecter les déchets ménagers, les agents de sécurité et les commissaires des marchés pour arrêter des stratégies de travailler ensemble afin de maintenir la ville propre.
Etant donné que certaines sociétés de collecte des déchets ont évoqué le problème de manque de carburant, le maire de la ville a convenu qu’il devait chercher une station-service disponible pour assurer la livraison du carburant à ces camions. Il a également recommandé à tous ceux qui ont signé un contrat avec les sociétés de collecte des déchets de payer régulièrement les frais convenus. Il a demandé aux chefs de quartiers de suivre de près les activités des sociétés chargées de la collecte des déchets ménagers afin qu’elles évacuent régulièrement les déchets.
Il convient de rappeler qu’il a accordé un délai de 45 jours à tous les administratifs de la mairie de Bujumbura pour se mobiliser en faveur de la propreté de la ville et cela à partir du 4 mars 2024.