La Gestion Intégrée de la Fertilité des Sols (GIFS) initiée par le Centre International pour la Fertilité des sols et le Développement Agricole (IFDC) dans le Projet d’Appui à une Gestion Responsable et Intégrée des Sols (PAGRIS) revêt une importance capitale pour les bénéficiaires. Son objectif étant déjà atteint, les bénéficiaires témoignent pouvoir la pérenniser même à la fin de ce projet financé par l’Ambassade du royaume des Pays-Bas au Burundi
Zacharie Nzohabonayo, agronome au sein de l’IFDC Burundi : « L’approche GIFS consiste en la bonne utilisation des bonnes pratiques agricoles intégrant l’utilisation combinée des engrais minéraux et organiques, de la dolomie… ».
« La GIFS, qui a été intégrée dans le projet PAGRIS depuis bientôt quatre ans a permis d’atteindre l’objectif d’augmenter la production et les revenus pour au moins 100 mille ménages agricoles », fait remarquer Zacharie Nzohabonayo, agronome au sein de IFDC Burundi. Et de renchérir : « Cela est ainsi au moment où l’aménagement des terrains agricoles atteint plus de 85% ».
Pour lui, l’approche GIFS consiste en la bonne utilisation des bonnes pratiques agricoles intégrant l’utilisation combinée des engrais minéraux et organiques. « Ceux-ci sont également combinés à l’utilisation de la dolomie dans les sols acides », explique M.Nzohabonayo avant de rappeler que cette approche se focalise également sur l’utilisation des semences sélectionnés.
Il indique que cette approche a commencé à être utilisée par IFDC dans les années 2007-2008. Elle cible tous les ménages agricoles et fait participer tous les membres du ménage. La zone d’intervention du projet PAGRIS incorporant l’approche GIFS couvre 7 provinces, à savoir : Bubanza, Bujumbura, Cibitoke, Gitega, Makamba, Muyinga et Rumonge.
La vision collinaire, une priorité
Rose Baranyikwa, habitant la colline Rwesero, commune Makebuko, province de Gitega témoigne que les enseignements de IFDC sur l’approche GIFS sont venus au moment opportun. Quadragénaire et mère de 6 enfants, elle explique que ce qui l’a marqué le plus est que la mise en place de la gestion intégrée de la fertilité des sols se base sur la vision collinaire.
Rose Baranyikwa, habitant la colline Rwesero, commune Makebuko, province de Gitega : « Tout commence par la planification de la vision collinaire ».
« C’est à partir de celle-ci qu’on s’est adapté aux changements climatiques par la pratique des cultures intercalaires, par le fait de faire la rotation des cultures, le paillage, le compostage, la gestion de l’eau…».
Selon Mme Baranyikwa, les membres du site se mettent ensemble. Ils identifient les défis qui hantent la colline dans le secteur agricole et mènent des activités collectives. Cela afin de faire face à ces défis.
Il n’existe plus de sol infertile
Jean Claude Kansuraheba, père de 4 enfants habitant la colline Gahororo, commune et province de Muyinga joue le rôle d’animateur relais dans le projet PAGRIS.
Trentenaire, il confirme qu’il existe des sols nus sans couverture végétale qu’il n’avait jamais vu exploiter depuis sa naissance. Cela avant l’introduction de l’approche GIFS par IFDC.
« Aujourd’hui, la donne a changé. Via GIFS, tous les sols sont fertiles. Cependant, tout commence par la protection du sol contre l’érosion. C’est dans cette optique que les habitants de la colline Gahororo sont en train de tracer des courbes de niveau sur les pentes dans des endroits qualifiés d’incultivables et tracer des routes pour y faciliter l’accès. La production nous permettra de nourrir pas mal de personnes, surtout que cette colline connait une forte densité de la population », précise-t-il.
Jean Claude Kansuraheba habitant la colline Gahororo, commune et province de Muyinga : « Tous les sols sont fertiles ».
Il signale que par la suite, ces mêmes habitants vont y planter des arbres agroforestiers dont des Calliandra, des tripsacum, des cedrela…
Et de continuer : « Ces arbres sont utilisés non seulement pour protéger les sols, mais aussi pour nourrir les animaux domestiques. Ce qui contribue dans la production du fumier organique ».
M.Kansuraheba informe que là où c’est impossible de tracer les courbes de niveau, on introduit des fascines pour protéger le sol contre les ravins.
« Le système de protection du sol par les fascines est meilleur et simple. On l’utilise avec les moyens de bord sans recourir à l’usage des matériaux produits industriellement. Par ailleurs, il permet de freiner les sédiments emportés par l’érosion, protéger contre les ravins et, partant, augmenter la production », explique Nestor Simbakwira, agriculteur-chercheur à la colline Rwesero, commune Makebuko, province de Gitega.
Quadragénaire et père de 4 enfants, il notifie que grâce aux formations bénéficiées de IFDC sur l’approche GIFS, maintenant les habitants de la colline Makebuko et ceux de la colline Rwesero protègent le sol contre les ravins qui séparent les deux collines.
« Actuellement, nous y avons planté des bananiers et des maniocs dont nous consommons les feuilles. La production est partagée par les habitants des deux collines. Ce qui renforce aussi la cohésion sociale », se réjouit-il sourire au visage.
L’augmentation de la production, la pure réalité
« Auparavant, on pratiquait la culture en bande », notifie Gervais Nsengiyumva, alias Mapine agriculteur-chercheur de la colline Murambi, commune et province de Rumonge. Quadragénaire et père de 8 enfants, il avise que c’est grâce aux sensibilisations de IFDC sur la GIFS qu’il mène ses recherches sur les cultures intercalaires.
« J’ai cultivé le maïs et le manioc sur un champ de 3,5 hectares où j’avais l’habitude de cultiver du maïs et récolter 10 tonnes de maïs sec. Avec la nouvelle méthode, je projette de récolter à la fois 10 tonnes de maïs sec et 10 tonnes de manioc sec », martèle-t-il.
Pour Vianney Sibomana, trentenaire et père de 3 enfants, président du site Busoro I, colline Burambi, commune et province de Rumonge, l’approche GIFS est unique et inoubliable. A part que grâce à elle, 8 membres du comité ont reçu des formations sur les bonnes pratiques de la gestion du sol, ces derniers devaient former à leur tour 10 autres personnes.
Gervais Nsengiyumva, alisa Mapine, agriculteur-chercheur de la colline Murambi, commune et province de Rumonge : « La pratique de la culture intercalaire me permet de diversifier la production sur une même parcelle ».
De plus, avoue-t-il, c’est dans ce même cadre que ceux qui ont été formés sur l’approche ont obtenu des pioches, des râteaux, des pulvérisateurs…
« D’ailleurs, avec tout ce que j’ai appris sur l’approche GIFS, je suis confiant que même à la fin du projet, je vais la pérenniser », rassure-t-il.
Des bénéficiaires indirects touchés
Bernadette Nduwimana habite la colline Gahororo, commune et province de Muyinga. Mère de 8 enfants, la quadragénaire déplore qu’elle a perdu 6 poules à cause des inondations qui ont envahi son domicile.
Celle-ci est localisée vers le sous-bassin versant de la colline Gahororo. Elle reconnait aussi que les actions (traçage des courbes de niveau) des habitants de Gahororo ayant bénéficié des enseignements sur le GIFS ont permis de freiner l’érosion qui emportait les nutriments et dont son ménage était victime.
Les bénéficiaires du GIFS déplorent le manque d’intrants, de dolomie, de semences sélectionnées et de race moderne du bétail. Ils recommandent que la GIFS dans le PAGRIS, un projet financé par l’ambassade du royaume des Pays-Bas au Burundi soit vulgarisé dans toutes les provinces afin de subvenir aux besoins alimentaires de cette population en augmentation.